Très inscrite dans la lignée de Peaky Blinders (avec cependant quelques originalités), Taboo est une série plutôt bien fichue et pleine d'intentions, mais qui manque d'un supplément d'âme qui la rende véritablement incontournable.
Début XIXe siècle, James Delaney, que l'on croit mort depuis des années dans un naufrage au large du continent africain, refait brutalement surface au moment de la mort de son père, juste à temps pour réclamer son héritage, laissant dans son sillage une flopée de mécontents, dont sa soeur et le mari de celle-ci, ou encore la jeune veuve de son père, une belle-mère que James n'a pas connue avant son départ. Mais surtout, le hasard, ou peut-être les aléas des tractations commerciales ont fait de son père le propriétaire d'un titre foncier situé à un emplacement stratégique aussi bien pour les anciennes colonies que pour l'Empire britannique, Nootka Sound. C'est également un endroit essentiel pour la compagnie des Indes orientales, qui pourrait profiter grandement de ce lieu de passage pour le commerce de thé, notamment. James Delaney semble donc au coeur de nombreuses manigances. Bien conscient de tout cela, l'étrange rescapé, qui semble avoir acquis des facultés occultes en Afrique, compte bien tirer son épingle du jeu de la meilleure manière possible, ne reculant devant rien pour soumettre des ennemis qui le sous-estiment beaucoup trop...
Bon, on a un truc un peu bas-du-front, le genre qui plait pas mal pour le moment, avec ce fameux trip du "man with the plan", qui va jouer un sale tour à tous ses ennemis. Ce n'est pas forcément mal en soi, si ce n'est que le motif est largement surexploité ces derniers temps.
Tom Hardy donne beaucoup de choses, parce que c'est Tom Hardy et que ce type a un truc de fascinant, mais on est justement un peu trop souvent dans quelque chose de très complaisant, du style "regardez, c'est Tom Hardy qui fait du Tom Hardy !" C'est d'autant plus dommage qu'il n'a pas besoin de cela pour bien jouer. Il n'est d'ailleurs pas le seul à donner de belles choses, il y a notamment cet acteur qui dans ma tête ne sera jamais rien d'autre que le Grand Moineau de Game of Thrones (si je ne me trompe pas dans le titre), qui cabotine un max et est délectable à détester.
Là où la série trouve une véritable originalité, selon moi, c'est d'une part dans son rapport assez particulier au fantastique (aucune certitude de la réalité de ce que l'on voit, et en même temps on s'en fout un peu : c'est l'ambiance qui prime, et au fond pourquoi pas) et d'autre part dans son esthétique, et les grands efforts fournis pour la reconstitution d'époque. Costumes, décors, tout est fait pour nous plonger dans cet autre siècle. Taboo fait cela extrêmement bien.
Finalement, si Taboo n'est pas aussi incontournable que ce qu'on entend parfois, c'est cependant hautement plaisant à suivre.