Une tempête dans un verre d'eau

Avant propos

A défaut de bien porter son nom (Polaris), ce drama a provoqué une vraie tempête internationale: je n'évoquerai pas toutes les polémiques stériles soulevées par les troll des pays impliqués par la série, qui confondent la réalité avec une œuvre fictive. Laissons les à leurs délires et concentrons nous uniquement sur ce qui nous est vendu.

Pour Tempest, Disney a sorti le chéquier et a déboursé pas loin de 45 millions de dollar, ce qui en fait le plus gros budget investi dans un k-drama (équivalent à la vie portera ses fruits de Netflix). Mais qui dit argent ne veut pas dire forcement réussite. Parce que si on peut faire une croix sur le fait que le récit soit plausible, il aurait pu être du moins crédible. Ce fut vrai pour le début, mais malheureusement dès le 5eme épisode, le scénario va sombrer, tel un sous marin en perdition. Et ça tombe bien, il en sera question. Si vous êtes peu exigeant, êtes prêt à gober tout et n'importe quoi, Tempest peut s'apparenter à un mélange de Bodyguard avec Kevin Costner, de K2 avec JCW, auxquels on pourrait ajouter des éléments de séries et de films de séries B américaines parlant d'espionnage. Pour ma part j'en attendais bien plus, car la géostratégie et les relations internationales telles qu'elles existent actuellement ont été totalement occultées dans un amoncèlement de clichés et autres poncifs. On frise souvent le ridicule en enfonçant des portes ouvertes.

La série démarre plutôt bien et donne envie. Seo Mun-Ju(Jun Ji-hyun), ancienne ambassadrice à l'ONU, est revenue au pays pour épauler son mari, candidat et sans doute futur président de la Corée du Sud. Mais celui-ci est abattu par un activiste lors d'une allocation dans une église, et menace aussi de la tuer. Elle est sauvée par un homme mystérieux, Paik San-Ho(Gang Dong Won), un personnage au passé trouble. Voulant connaitre la vérité de la mort de son mari, elle va alors décider de reprendre le flambeau et de se présenter à la présidentielle, un vent de sympathie soufflant derrière elle. San-Ho va alors devenir son garde du corps, étant en réalité un mercenaire dont on ne sait pas grand chose. Mun-Ju devra non seulement affronter sa belle famille qui lui a toujours été hostile, mais aussi la Présidente de la Corée et surtout la mystérieuse organisation qui veut l'éliminer et qui est dirigée par l'énigmatique Stella Young. Des secrets vont alors été mis à jour, mais surtout, c'est une véritable course contre la montre qui va débuter, pour éviter une 3eme guerre mondiale qui impliquerait directement les deux Corées, la Chine et et les Etats Unis.

L'histoire n'est certes pas révolutionnaire, mais on semblait embarquer dans une aventure mêlant espionnage, thriller et action de bonne facture. Les premiers épisodes sont assez efficaces et bien menés, on va suivre les péripéties de Mun-Ju qui grâce à San-Ho, va éviter la mort à plusieurs reprises et se rapprocher de lui. Elle apprendra la vérité sur son mari et les secrets entourant sa famille chaebol et ses relations passées. Une bonne intrigue, avec pas mal de suspense, de tension, de l'action bien dosée , le récit de Tempest semble séduisant jusqu'à mi parcours. Le rythme est bon, malgré un montage un peu calamiteux. Les jeux de pouvoir entre les Etats Unis et la Corée du Sud sont intéressants, et mettent bien en avant que toute décision prise par la "Maison Bleue" et réalisée avec l'aval de la "Maison Blanche". La Corée du Sud est aux ordres des Etats Unis depuis la fin de la guerre de Corée, il ne faut jamais perdre cela à l'esprit. La Corée du Nord n'est finalement que peu évoquée dans le drama, uniquement par le biais de son dirigeant Kim Han-Sang(Um Tae-Goo apparaissant plus en cameo). Durant les 5 ou 6 premiers épisodes, nos amis ne savent pas à qui se fier, des amis de hier pourront s'avérer être des traitres ou des espions, et inversement. A défaut être palpitant, c'est assez divertissant et entrainant.

Le casting est plutôt bon. Attention ce n'est pas une série internationale, tout a été tournée en Corée et pour les décors américains ou parisiens on a utilisé des fonds verts. John Cho qui a rôle très secondaire a fait le déplacement en Corée pour tourner ses scènes en studio. Idem pour Christopher Gorham. En plus de Jun Ji-hyun qui n'avait plus rien tourné depuis 4 ans, on note le retour de Gang Dong-won dans un drama après 20 ans, lui qui ne tourne que pour le cinéma. Honnêtement le couple leader fonctionne plutôt bien, même si leur romance est artificielle et ne s'imposait pas dans le scénario. C'est juste une astuce pour ratisser large et attirer un public féminin, en général peu intéressé par le genre. Les scènes d'action sont plutôt réussies, et budget oblige, il y a beaucoup de figurants à l'écran et des scènes pyrotechniques convaincantes, ce qui n'est pas toujours le cas en ce qui concerne les FX et autres CGI. Disney vu les moyens, aurait pu faire mieux. La réalisation est correcte sans plus. Par moment on se demande ou est passé tout le pognon, car on va vite se rendre compte que 9 épisodes c'est trop peu pour proposer de la qualité jusqu'au bout. En effet dès que la romance s'installe, non seulement le soufflet va retomber, le rythme subitement ralentir avant un rebond durant le dernier épisode, mais surtout le scenario va subitement s'égarer et nous emmener vers du grand n'importe quoi.

L'enjeu est toujours présent, mais on va partir dans des élucubrations et des théories du complot plus stupides les unes que les autres, au moment où on connait l'identité de celui ou celle qui tire les ficelles. Alors partir dans un délire paranoïaque où un cinglé serait prêt à tout pour déclencher la guerre comme dans un James Bond par exemple, pourquoi pas. Mais Tempest n'est pas James Bond, l'antagoniste dispose de moyens encore plus importants que l'organisation SPECTRE par exemple, et ceci à la barbe des américains et des coréens. Du grand n'importe quoi vu que cela est justifié par des explications pompeuses. Surtout que lorsque on apprend pourquoi il ou elle veut déclencher une guerre repose uniquement sur une vengeance liée à son enfance. Alors je vous passe les inepties tels qu'un bombardier furtif américain équivalent à un Northrop B-2 Spirit abattu par un missile sol/air nord coréen, ou aussi le fait de pouvoir faire construire un sous marin nucléaire équivalent à la Classe Ohio à l'insu de tous. Non le plus risible étant de faire fabriquer 16 missiles nucléaires sous le nez des services d'espionnage et de contre espionnage américains et de leurs alliés. Je sais qu'il est bon de rire parfois, mais à condition de rester sobre quand il le faut.

Les 2 derniers épisodes s'enchainent trop vite, il n'y a plus aucune consistance, tout réussit à nos héros qui roulent sur les difficultés comme d'autres sur une autoroute déserte. Ça n'a plus aucune logique ni éléments concrets à nous proposer. On croit rêver devant tant de scènes surréalistes et sans aucune cohérence. C'est l'Agence tous risques sans risques. Alors le final est relativement sympa avec la prise d'assaut sur le navire, çà m'a rappelé une scène de "Piège en haute mer" avec le philosophe Steven Seagal. Mais on y arrive bien trop vite, tout est cousu de fil blanc, tout ce qui faisait l'intérêt de la série a disparu depuis bien longtemps. Et à la fin Mun-Ju, se prend pour une Madone qui aspire devenir une nouvelle Eva Perón. Il ne manquait plus que les violons. C'est d'un pathétique et d'un pitoyable. Tempest avait de quoi proposer du lourd, mais la seconde partie est éculée, remplie de clichés et de stupidités. Je vais être très sympa et noter large, parce que le début est quand même bien. Mais j'ai été déçu par la suite, le récit n'étant plus à la hauteur. Je suis exigeant dans ce genre de série, et j'en ai marre de voir de la daube vue et revue 100 fois.

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