"The Americans" explore un concept fascinant : deux agents du KGB contraints de former un faux couple en pleine guerre froide pour s'infiltrer en territoire américain. Cette prémisse originale donne naissance à une série ambitieuse qui oscille entre moments de grâce et longueurs pesantes.
La série excelle dans sa capacité à montrer comment les mensonges s'accumulent et se complexifient au fil des années. Philip et Elizabeth Jennings voient leur couverture devenir progressivement leur réalité, créant une tension psychologique constante. Cette escalade du faux qui devient vrai constitue le cœur battant de la série.
Elle se démarque également dans l'évolution identitaire des personnages, prouvant que personne ne peut être figé dans une essence, même un espion surentrainé depuis l'enfance. A ce titre, Phillip est le personnage dont l'évolution est la plus intéressante.
"The Americans" brille particulièrement dans le traitement de ses relations secondaires. La liaison entre Philip et Martha, secrétaire du FBI manipulée avec une subtilité glaçante, révèle toute la cruauté de l'espionnage. Cette relation, construite sur un mensonge total, développe paradoxalement une sincérité émotionnelle troublante.
Ces personnages secondaires apportent une humanité nécessaire à un récit qui pourrait sombrer dans la paranoïa pure.
Malheureusement, la série s'enlise trop souvent dans la répétition de schémas narratifs identiques : mission d'infiltration, déguisements, élimination de témoins gênants. Cette mécanique, efficace sur quelques épisodes, finit par lasser sur six saisons.
Les scénaristes noient également l'intrigue principale dans des détails insignifiants répétés - vie de voisinage, problèmes administratifs, recette de cuisine dans des moments critiques (!) - qui diluent l'intensité dramatique. Certains épisodes donnent l'impression d'un remplissage plus que d'une véritable progression narrative.
"The Americans" aurait gagné à être concentrée sur quatre saisons maximum. Cette dilution affaiblit l'impact de la série et transforme parfois le visionnage en corvée.
Au total, la série propose un regard intelligent sur l'espionnage et l'identité, porté par d'excellents moments dramatiques. Cependant, sa longueur excessive et ses répétitions nuisent à l'ensemble. Une série recommandable malgré ses défauts, à condition d'accepter ses temps morts.