The fucking Boys of America

Les super-héros qui font le bien, vus et revus. Passons aux bad boys !

Nous voici alors dans une nouvelle Amérique ultra capitaliste. Vente de figurines à gogo, de films à grosse production, de produits dérivés quelconques, les super-héros sont de véritables stars ! Sauver le monde, oui, mais autant le faire devant les caméras. Et c'est ainsi que les idoles des Etats-Unis s'enfoncent dans un univers bien loin du Marvel Cinematic Universe et de son humour reconnaissable.

Véritable anti-Marvel, The Boys apporte une nouvelle vision des super-héros : stars internationales, machines à sous. Les bonnes actions ne sont qu'au profit de l'argent ! Les Sept (the Seven en vo), grands héros de l'immense entreprise Vought, ne servent qu'à augmenter les bénéfices. Ils ne sont pas en réalité les bienfaiteurs qui sauvent le monde chaque jour. Et oui, parce que toute la population ne se doute pas de la face cachée du business de Vought. Même vous et moi serez de vrais fans de ces gens au grand cœur qui apparaissent tous souriants et humbles devant les caméras.

Parce qu'en réalité, c'est bien la drogue, le sexe - et même le meurtre si je puis le dire - qui remplissent les journées des soi-disant héros d'Amérique. Plus occupés à leurs plaisirs personnels et au nombre de téléspectateurs lors de leur dernière émission, les criminels peuvent continuer ce qu'ils savent bien faire en toute tranquillité ! Cet aspect des super-héros capitalistes représentent plutôt bien notre société, ou surtout comment elle pourrait être dans un cas extrême. Très réaliste, cette critique sérieuse de l'Amérique se mêle bien à l'humour décalé tout au long de la série.

Le premier épisode nous met directement dans le bain : premier super-héros montré, premier meurtre. Le ton est donné dès lors que ce rapide A-Train fonce littéralement dans la copine de notre cher Hughie et la fait exploser. Un plan très déconcertant... surtout quand on ne sait pas trop à quoi s'attendre en lançant la série. Aucune censure, aucun tabou. On commence dès les premières minutes avec cette première scène très marquante, pour finir dans le dernier épisode de la saison 2 avec un Protecteur (Homelander en vo) qui se masturbe sur le toit d'un immeuble. Oui, parce que lui aussi n'échappe pas à ces super-héros individualistes...

Et c'est ainsi que notre pauvre Annie January (la génialissime Starlight, ou Stella en vf) se retrouve dans un monde qui la dépasse totalement. Elle-même fan des Sept et ne se doutant pas de ce qu'il se trame, elle intègre cette grande équipe dans le seul but de faire le bien. Ma pauvre, elle était loin de se douter qu'elle allait être violée lors de sa première journée au sein de l'équipe - et surtout par l'Homme-Poisson (The Deep) qu'elle admirait tant... Loin d'être seulement une critique des agressions sur les femmes, elle aborde de nombreux thèmes actuels, comme le féminisme, le body-shaming. Une femme très inspirante, symbole de l'émancipation, qui se bat pour ses valeurs, la seule véritable héroïne en fait.

Comme autre super-héros, prenons le Protecteur. Déconcertant, même effrayant, il paraît comme le chef bienveillant des Sept mais qui est au final le pire de tous. Il est interprété par le superbe Anthony Starr, un acteur au talent sous-estimé. Il nous livre un personnage troublant, lui-même troublé par son passé, son désir d'être aimé et d'être le meilleur de tous. Il est maintenant populaire au sein de la pop-culture ! Anthony Starr, un talent à surveiller de près...

En opposition aux Sept, nous avons les Boys, petite équipe fondée pour se battre contre eux et l'injustice qui plane dans ce monde. Chacun a sa motivation, chacun a son histoire. D'un côté Hughie, dont la petite amie a été tuée dès les premières minutes par A-Train, et qui ne tardera pas a tomber sous le charme de Starlight. De l'autre, Karl Urban très convaincant dans le rôle de Billy Butcher qui veut venger sa femme violée par le Protecteur. S'en suit La Crème, puis le Français. Nota Bene : à regarder en vostfr pour apprécier le travail de Tomer Kapon, qui réussit pas mal à parler français ainsi qu'utiliser notre accent dans toutes ses répliques. Et pour terminer, la talentueuse Karen Fukuhara en tant que Kimiko, une fille muette, la seule Super qui va les aider dans la première saison.

N'oublions pas dans la saison deux, l'apparition de Stormfront, interprétée par Aya Cash. Un personnage mystérieux qui ne tarde pas à dévoiler ses secrets. Personnage très attachant par sa grande gueule au début, son opposition au Protecteur et le vent nouveau s'abattant sur les Sept, puis qui n'annonce perturbant...

L'univers, les critiques, les messages, c'est bien tout ça, mais qu'en est-il de la réalisation ? Rien à reprocher. Nous avons ici un bon budget pour les effets spéciaux. Ce n'est pas du cinéma Hollywoodien, mais la force des héros, leurs pouvoirs spécifiques sont bien représentés. Les scènes d'action son bien rythmées, sans que ce ne devienne aussi trop lourd. De plus, un joli travail sur la lumière met en contraste les super-héros aux costumes flashy, avec la certaine pâleur des Boys et leur univers plus sombre, moins coloré.

En bref, c'est une série qui casse les codes et qui nous envoie une grosse bouffée de nouveauté. Soit on aime ce ton utilisé, soit on ne l'aime pas. Pour ma part, c'est un gros coup de cœur !