Après une première saison surprenante sans toutefois être un monument de subversion, avec des personnages attachants, des enjeux bien sentis et des partis pris couillus la troisième saison achève de briser le peu d'espoir que la saison deux m'avait laissé.
Il y a des spoilers dans cette critique. Vous êtes prévenus !
D'abord on démarrait la saison 1 avec un Butcher antipathique mais charmeur, à la limite du pervers narcissique, manipulant ses "boys" par la peur, l'émotion ou la colère afin de servir ses propres intérêts. A la fin de la saison 3, on se retrouve avec un "homme déconstruit" qui s'offre une soi disant rédemption qui retombe comme un soufflet : il a compris qu'il était méchant, et du coup il essaie d'être gentil... Mais qu'est ce que c'est convenu !
Les enjeux sont toujours démontés joyeusement par des pirouettes scénaristiques dont les cordes sont épaisses à s'en faire péter la rétine. Par exemple, le personnage d'Edgar est sensé être un monstre politique corporatiste, complètement insensible au danger que représentent les "Supes", inspirant la crainte au sein de ses employés, qu'ils soient dotés de super pouvoirs ou non. Et c'est la l'enjeu d'une série comme celle ci : montrer qu'il s'agit avant tout d'êtres humains.
A la place de s'imposer comme un antagoniste redoutable, tant pour les Supes que pour les boys, il se fait trahir par sa fille adoptive... Un retournement de situation très malvenu quand on comprend le personnage.
Et c'est précisément ce qui illustre au mieux ma déception pour cette série, qui me donnait l'espoir de voir autre chose qu'une banale série de super héros. Et amener à la place de nouvelles dynamiques, des arcs narratifs moins manichéens en décrivant des "super-héros" comme des être humains normaux, avec des qualités et des défauts démultipliés par leur force surhumaine. Mais on se retrouve finalement avec un arc scénaristique identique à celui des Marvel, la violence en plus. Les héros sont des héros, les vilains sont des vilains, et le seul intérêt de la série qui demeure, c'est de savoir comment les héros vont battre les vilains.
Et toutes les promesses de la première saison ont pris cette même dynamique : les critiques des entreprises qui usent et abusent des théories woke/patriotique/religieuse pour redorer leur image avec un cynisme qui frôle le sordide a cédé la place à méchant caricatural singeant un simili Trump qui diffuse des fake-news et tue des gens en direct sous les applaudissements de fans débiles.
Même l'usage de la violence dans la série a été vidé de sa substance. La surrenchère gore "pulp" mâtinée d'images de sexe (herogasm est le pinacle du mauvais goût à cet égard) fait perdre toute la saveur d'une scène de meurtre par un super héros. Je soupçonne Seth Rogen d'être à l'origine de cette tournure lamentable que prend la DA.
Bref, tout ce qui faisait de la saison 1 de the boys une oeuvre un tant soit peu subversive et iconoclaste se transforme peu à peu en oeuvre conventionnelle (j'insiste sur le "con") et abrutissante. Un gâchis de bonnes idées. Savourez la première saison et gardez vous de regarder les deux suivantes.