The Crazy Ones
5.5
The Crazy Ones

Série CBS (2013)

Quand la promesse de folie s’évanouit dans la normalité


Il arrive parfois qu’une série porte en elle un potentiel presque trop beau pour être vrai : un casting de rêve, un concept accrocheur, un univers prometteur. The Crazy Ones, diffusée en 2013 sur CBS, en fait partie. Et c’est sans doute ce qui rend l’expérience si frustrante. Car malgré une ambition palpable et quelques jolies idées, le résultat final laisse un goût d’inachevé. D’où cette note de 5.5/10 : un équilibre entre ce que la série aurait pu être et ce qu’elle parvient réellement à accomplir.


Le pitch de départ avait tout pour séduire : Simon Roberts (incarné par Robin Williams), un publicitaire génial et fantasque, dirige une agence aux côtés de sa fille, Sydney (Sarah Michelle Gellar), plus rigide, rationnelle et soucieuse de maintenir l’entreprise à flot. Le duo père/fille, plein de tensions affectueuses, devait être le cœur battant de la série. À cela s’ajoutait un cadre séduisant — le monde de la publicité — qui offrait un terrain de jeu fertile pour des situations drôles, décalées, voire satiriques.


Et bien sûr, le retour de Robin Williams à la télévision, après des années de carrière au cinéma, était en soi un événement. Il injecte, sans surprise, une énergie indéniable à chaque apparition, avec son débit rapide, ses improvisations savoureuses et sa sensibilité attachante. Malheureusement, cet éclat reste isolé dans un ensemble trop sage pour le porter.


L’un des principaux problèmes de la série tient à son ton. On sent une hésitation constante entre vouloir proposer une comédie familiale bienveillante, à l’humour consensuel, et une satire plus mordante du monde publicitaire. Résultat : The Crazy Ones reste souvent coincée entre deux chaises. Les situations comiques, bien que parfois efficaces, manquent globalement de mordant. Les dialogues, eux, oscillent entre des tentatives d’humour décalé (souvent portées par Williams seul) et des échanges plus plats, presque mécaniques.


Il y a des épisodes qui fonctionnent mieux que d’autres — notamment quand l’énergie collective semble s’harmoniser — mais cette régularité fait défaut sur l’ensemble de la saison.


Si le duo principal tient globalement la route, les personnages secondaires, eux, peinent à exister. James Wolk (dans le rôle d’un golden boy charmeur), Hamish Linklater (le créatif un peu maladroit) et Amanda Setton (l’assistante délurée) apportent une présence sympathique, mais leurs arcs narratifs restent en surface. Il y avait pourtant matière à créer des dynamiques intéressantes, voire même à jouer avec les codes de l’agence publicitaire… mais la série se contente souvent de les utiliser comme faire-valoir comiques.


On en vient à regretter une écriture trop timide, qui n’ose pas approfondir, complexifier ou tout simplement surprendre. On assiste à une succession d’épisodes plaisants, mais sans tension, sans enjeu véritable, comme si le fil rouge n’était qu’un prétexte.


Le plus grand paradoxe de The Crazy Ones, c’est probablement son titre. On s’attend à une série excentrique, effervescente, un peu incontrôlable — à l’image de son personnage principal. Mais la folie reste ici une façade, un accessoire utilisé de manière ponctuelle, jamais pleinement assumée. Il y a bien quelques moments où Robin Williams laisse exploser son talent comique, mais la structure de la série — très calibrée pour une diffusion en prime-time sur CBS — bride toute véritable prise de risque.


La série aurait gagné à embrasser davantage son côté fou, à oser des arcs narratifs plus atypiques, à jouer avec les codes, plutôt que de rester dans un format classique de sitcom qui ne lui rend pas justice.


Ce qui sauve The Crazy Ones de l’indifférence totale, ce sont ses intentions. On sent une volonté sincère de proposer quelque chose de chaleureux, de tendre, de léger. La relation père/fille, bien que peu exploitée en profondeur, fonctionne dans sa dimension émotionnelle. Et puis, il y a Robin Williams, dont la seule présence apporte à elle seule une humanité que l’écriture peine parfois à transmettre.


Mais cela ne suffit pas à faire de The Crazy Ones une série marquante. Trop lisse pour être provocante, trop timide pour être originale, elle reste un divertissement modeste, qui ne va jamais au bout de ses promesses. Une série qui, en voulant être accessible à tous, finit par ne vraiment parler à personne.


Ma note de 5.5/10 reflète cette impression : The Crazy Ones est une œuvre mi-figue mi-raisin, dont le potentiel reste largement inexploité. Sympathique, oui, mais inaboutie. Elle aurait pu être brillante, audacieuse, marquante. Elle se contente d’être gentille.


Une série à voir, peut-être, pour la performance touchante de Robin Williams… mais à oublier vite une fois l’écran éteint.

CriticMaster
6
Écrit par

Créée

le 4 avr. 2025

Modifiée

le 7 avr. 2025

Critique lue 5 fois

CriticMaster

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