Un Duc nommé Taecyeon

Propulsée dans sa web-série romantique préférée, une jeune femme prend la place d’un personnage secondaire et se retrouve au cœur de l’intrigue. Elle qui se satisfaisait d’en être une simple spectatrice voit tout basculer lorsqu’une nuit d’ivresse avec le héros pousse ce dernier à vouloir l’épouser… et à réécrire l’histoire à sa façon.

Le point de départ pouvait faire sourire : l’occasion de jouer avec les codes, de confronter deux mondes et d’exploiter le comique de situation. Malheureusement, la série s’essouffle très vite.

L’intrigue, censée mêler romance, décalage temporel et enjeux de pouvoir, est mal construite. Les situations s’enchaînent sans véritable logique, les retournements tombent à plat, et les fils narratifs sont posés là au gré des épisodes, sans vision d’ensemble. Certaines scènes donnent l’impression d’avoir été ajoutées pour meubler, comme si l’on cherchait à tenir sur la durée plus qu’à raconter quelque chose. Ou alors j’ai eu comme un bug dans le cerveau. Possible.

L’arrivée de Lee Gyu (épisode 8) illustre bien ce problème : son apparition semble forcée, comme un passage obligé pour dynamiser artificiellement l’intrigue à mi-parcours. On nous balance son passé en deux phrases, on le place aussitôt en position de menace, sans montée en tension préalable. Néanmoins, les scénaristes semblent revenir de leur pause-café, car la construction devient meilleure sur la dernière partie. Mais attendre huit épisodes sur douze, c’est bien peu. Je vais fermer les yeux sur quelques détails de la fin…

J’aurais surtout aimé voir davantage de décalage entre la vie réelle et l’univers de la web-série. Ce ressort, pourtant prometteur, n’est pas exploité : une fois l’univers en place, il disparaît presque totalement, sauf pour servir de support à quelques placements de produit. Dès lors, on se demande pourquoi avoir choisi ce contexte si c’est pour ne pas s’en servir. C’est d’autant plus dommage que cela aurait pu apporter une dynamique bienvenue.

Et Taecyeon ? Présent, sexy, et surtout celui qui sauve l’affaire. Son personnage évolue, prend conscience de ses excès, et sa simple présence retient l’attention. Il donne une dimension émotionnelle très crédible, même si je l’ai vu mieux ailleurs. Son charisme donne envie de continuer même quand l’intrigue s’effondre. Certes, son rôle reste trop lisse et la série ne lui offre pas la profondeur qu’il mériterait, mais c’est bien grâce à lui que l’on s’accroche encore : il incarne, par son jeu et par son aura, la seule véritable raison de ne pas abandonner en cours de route.

Mais dans ce type de séries, le mélange des genres est souvent casse-gueule. Ici, le potentiel était pourtant là : Seohyun aurait pu incarner un personnage double, partagé entre deux réalités, avec des allers-retours nourrissant le scénario. Or, son quotidien moderne ne sert qu’à des placements de produit, puis disparaît quasiment. On perd la fantaisie initiale pour se retrouver dans une intrigue plus convenue de palais, de trahisons et de romance royale.

Au final, First Night With The Duke n’évite pas les écueils du mélange des genres et de la construction bancale, mais parvient tout de même à rattraper un peu son retard dans ses derniers épisodes. L’évolution du prince, le regain de tension et quelques scènes plus intenses offrent un souffle bienvenu qui empêche la série de sombrer totalement dans l’oubliable. Pas le drama de l’année, certes, mais un divertissement qui finit par honorer un peu tardivement sa promesse initiale.