The Gentlemen
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The Gentlemen

Série Netflix (2024)

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Guy Ritchie, c’est un réalisateur que je suis depuis ses débuts après avoir découvert son premier film Arnaques Crimes et Botaniques en vidéo-club puis, deux ans plus tard, Snatch au cinéma. Dans les années 2000, sa carrière n’est pas parfaite avec par exemple l’étron A La Dérive (2002) où il met en scène sa femme de l’époque Madonna, ou le moyen Revolver (2005). Son très RocknRolla (2008) passe malheureusement un peu inaperçu, peut-être parce qu’il ressemble au final un peu trop à ses premiers films. Il explose aux yeux du monde avec Sherlock Holmes (2009) et sa suite Sherlock Holmes : Jeu d’Ombres (2011), deux très gros succès qui lui ouvrent pas mal de portes. Dans les années 2010, c’est plus compliqué. Le sympathique Agents très Spéciaux : Code U.N.C.L.E (2015) et le moyen Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur (2017) sont des flops, arrivant péniblement à être rentable, mais le Aladdin qu’il réalisé pour le compte de Disney est un énorme succès qui dépasse le milliard de dollars de recettes. Sauf que l’expérience est douloureuse pour Ritchie qui décide de repartir sur des films plus modestes qui feront moins de bruits mais qui lui conviendront plus. Il retrouve ses premiers amours avec le très The Gentlemen (2019), re-tourne avec son acteur fétiche Jason Statham pour Un Homme en Colère (2021) et Operation Fortune (2023), puis change de direction avec l’excellent film de guerre The Covenant (2023). Mais son The Gentlemen, il l’aime beaucoup et lorsque Netflix lui propose de l’adapter en série après avoir vu le pilote, il signe tout de suite.


Bien qu’il ne réalisé que deux des huit épisodes de la série, Ritchie est content d’avoir le contrôle quasi-total de sa série. Car cette série, ça fait un moment qu’il l’a en tête, depuis le film The Gentlemen, et il a envie de continuer cet univers tout en restant fidèle au film. Et force est de constater que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas vu Guy Ritchie faire du vrai bon Guy Ritchie. Oui, Agents très Spéciaux, The Gentlemen (le film) ou encore Un Homme en Colère sont très sympathiques. Oui, The Covenant a été une jolie petite claque. Mais ces films sont loin, en termes d’ambiance, de thématiques et de style visuel des films qui ont créé la fanbase du réalisateur, à savoir Arnaques Crimes et Botaniques, Rocknrolla dans une moindre mesure, et surtout Snatch. Il avait essayé de revenir à ses premiers amours avec la série Snatch (2017-2018) le temps de deux saisons où il est simplement producteur, sans grand succès au final, mais c’est avec sa nouvelle série The Gentlemen qu’on retrouve réellement le Guy Ritchie d’antan, possiblement parce qu’il est aux commandes sur tous les aspects. Sur le film The Gentlemen, Ritchie semblait bridé par le temps qu’il avait pour raconter son histoire. Tout semblait parfois un peu précipité et malgré d’excellents personnages (un des meilleurs rôles pour Hugh Grant), il manquait clairement quelque chose. Le format série colle parfaitement à son délire de nombreux personnages, de diverses intrigues qui vont s’entrecroiser, de détails qui ne sont pas laissés là par hasard et qui auront leur importance bien plus tard, de dialogues qui prennent leur temps pour mieux développer le scénario. Pour qui aime le Guy Ritchie des débats, la série The Gentlemen est un réel kiff (oui, je suis trop vieux pour dire « banger » comme les jeunes), bien qu’elle perde un peu de sa superbe sur ses deux derniers épisodes.


Bien que, dans l’absolu, chaque épisode a ses petites intrigues qui commencent avec le générique d’introduction et se clôturent avec le générique de fin, il faut clairement prendre la série dans son ensemble afin que tout cela forme un tout bien plus homogène car toutes ces sous-intrigues s’imbriquent au final les unes dans les autres et certaines auront même une importance capitale pour la suite des évènements. Bien que certaines de ces sous-intrigues sont résolues un peu trop facilement, elles sont assez truculentes car souvent hautement improbables dans les situations qui nous sont décrites, et ce dès le premier épisode. Le concept est au final le même que celui du film, à savoir une satire des problèmes de l’aristocratie anglaise qui hérite de titres (ici « Duc ») et de propriétés et qu’elle doit improviser pour s’en occuper. La grande force de la série, un peu à la manière des premiers films du réalisateur, ce sont ses personnages tantôt haut-en-couleur, tantôt complètement barrés. C’est simple, chacun des personnages principaux pourrait avoir sa série spin-off à lui tant ils sont succulents, du frère qui ne fait que des conneries à l’homme à tout faire qui semble cacher quelque chose, en passant par la femme d’affaire impitoyable aux méthodes expéditives. Mais c’est la même chose avec les personnages secondaires qui sont tous réellement travaillés. S’ils sont si réussis, c’est grâce à plusieurs choses. Tout d’abord, les acteurs sont réellement excellents et ils semblent s’amuser comme des petits fous à interpréter ces personnages, à commencer par Vinnie Jones et Dar Salim dans des rôles à contre-emploi. Ensuite, parce qu’on leur sert des dialogues aux petits oignons, souvent exquis, très bien écrits, dans un langage typique du réalisateur mais qui détonne un peu dans le sens où, là où habituellement on a affaire à des petites frappes, ce sont ici des gens de la haute société (qu’elle soit de la noblesse ou des gens très friqués) qui parle d’herbe, de joints, de pétards. On se retrouve avec des dialogues réellement amusants.


Amusante, la série l’est clairement. Le scénario met parfois les personnages dans des situations pas possibles et il est impossible de ne pas au moins esquisser un sourire. Et bien qu’on tombe parfois dans une violence assez graphique, avec mine de rien de nombreux morts, on reste constamment dans un ton très léger qui ne quittera jamais la série. La mise en scène de manière générale est très travaillée. Rien n’est laissé au hasard et durant 8 épisodes, la photographie est soignée, tout comme les plans qu’ils soient intérieur (parfois à grand renfort de néons colorés) ou extérieur et s’appuyant sur des paysages et autres constructions typiques anglais. La construction de l’ensemble sait réellement mettre le spectateur dans l’envie d’enchainer les épisodes grâce à des twists malins ou simplement l’envie de connaitre la suite. Dommage que la série s’essouffle un peu sur la fin et il est clair que le format 6 épisodes aurait peut-être été un peu plus adapté. Néanmoins, et même s’il y a une mini ouverture à la fin du huitième épisode qui pourrait permettre s’ils le souhaitaient d’enchainer sur une saison 2, cette première saison se suffit parfaitement à elle-même et n’a pas besoin de suite. Ou alors pourquoi pas un spin-off qui se déroulerait sur un des autres domaines qui sont cités et durant lequel on pourrait croiser de temps en temps des personnages de cette première saison. Par contre, il est certain que les allergiques au cinéma de Guy Ritchie ne trouveront pas leur bonheur ici tant ce dernier répète une formule qu’il utilise depuis plus de 25 ans et si vous n’aimez pas des films tels que Snatch, RocknRolla, Arnaques Crimes et Botanique ou The Gentlemen, passez votre chemin. Mais pour les autres, ceux qui se marrent devant les frasques des gens du voyage de Snatch, ceux qui se délectent des bandits de Arnaques Crimes et Botaniques, vous trouverez certainement votre bonheur ici.


Si vous aimez le cinéma de Guy Ritchie période Snatch, Arnaques Crimes et Botaniques ainsi que son récent The Gentlemen, vous aimerez à coup sur la série du même nom dérivée de ce dernier. Humour, situations rocambolesques et personnages barrés garantis !


Critique originale avec images et anecdotes : https://www.darksidereviews.com/serie-the-gentlemen-de-guy-ritchie-saison-1-2024/

cherycok
8
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le 11 avr. 2024

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