Les mystères de West

Au lieu de se contenter de décrire avec exactitude les débuts de l'information télévisée moderne, The Hour nous sort en plus une histoire d'espionnage haletante en pleine guerre froide et un simili-triangle amoureux. Et c'est bien ça le problème. Pas sûr de son sujet, la série rajoute des artifices inutiles pour tenir en haleine. Ce n'est pas forcément mal fait mais la description des rapports sociaux, la crise de Suez, le tableau d'une Angleterre d'après-guerre ruinée, les tensions raciales, une tranche d'histoire de la toute puissante BBC et le travail de journalisme suffisaient amplement.

Mais comme c'est bien fait, que les acteurs sont doués et que le côté suspect de la semaine n'est pas aussi chiant que dans The Killing, on lui pardonne facilement. Six épisodes qui auraient pu effleurer la perfection mais qui se contente d'être un excellent moment de télévision avec un acteur de The Wire qui parle avec son accent natal.

Et ça, quoi qu'on en dise c'est toujours un plaisir de revoir Dominic West loin du costume imbibé de McNulty. (Ici c'est Ben Wishaw qui joue le jeune fou trop malin et provocateur pour rester en bonne santé et en vie). Romola Garai s'en sort pas trop mal dans son rôle un peu cliché de femme de pouvoir dans un monde masculin.

SAISON DEUX
Entre les deux saisons de The Hour, HBO a diffusé la nouvelle série d'Aaron Sorkin : The Newsroom. Dans cette dernière, les journalistes dans des scoops qui leur tendent les bras sans suer une seule seconde. Tout le monde est beau, gentil et très intelligent. C'est évidemment une grosse vautrade bourrée de clichés mais ça a permit de réévaluer The Hour.

D'autant plus que la série d'Abi Morgan a effacé les quelques défauts qui alourdissaient sa narration. Fini l'espionnage, l'affaire principale convoque tour à tour la corruption, la prostitution, le chantage, l'immigration et la menace nucléaire. Si on n'oublie pas quelques tics de cinéma et répliques beaucoup trop premier degré, on est devant du vrai travail de journalisme.

Le trio principal est toujours aussi charmant mais la seconde saison sert surtout à étoffer les personnages secondaires comme Marnie, la femme d'Hector, ou le duo entre Lix et le nouveau directeur des news. Le portrait de cette Angleterre continue d'être passionnant et ce serait sympa de la part de la BBC de nous filer une troisième saison.