The Leftovers
7.8
The Leftovers

Série HBO (2014)

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Imaginez-vous en pleine conversation avec un ami, avec la caissière du supermarché, à votre enfant, quand soudain vous vous retrouvez seul. Comme ça, subitement et sans explication, en un petit battement de cils. Une disparition brutale, inexpliquée et inexplicable, qui défie toutes les lois de la physique et de la raison. C'est pourtant ce qui arrive lorsque 2% de la population mondiale s'évapore au même moment. The Leftovers s'en sert alors comme point de départ d'un récit dramatique suivant les "rescapés" en abordant les questions du deuil et de la croyance dans un monde ébranlé par un événement qui remet en cause tout ce que l'on connaît.



We all basically live in a world that we define by the people who have disappeared.



Tel est le constat fracassant dressé dans cette première saison. Alors que le pourcentage de disparus paraît faible, alors que certains n'ont même rien perdu, il semble toutefois que le petit monde de Mapletown s'écroule lentement. Tout le monde, même la faune, semble terriblement marqué par ce drame et peine à s'en relever trois ans après.
Ce qui m'a le plus plu dans cette première saison, c'est son efficacité. Elle est violente dans les tous les sens du terme: psychologiquement lorsque les Guilty Remnant font tout pour rappeler le drame aux familles des victimes, physiquement lors des diverses scènes de violence à l'encontre des GR (notamment l'ouverture de l'épisode 6 que j'ai trouvée particulièrement violente et qu'on ne peut que trouver glauque avec le recul), émotionnellement lorsqu'on voit que Nora, triplement "endeuillée", ne semble pas pouvoir trouver de solution pour avancer malgré toutes ses tentatives, etc.
Le deuil, sans cesse rappelé par les GR, est ainsi omniprésent tout au long de la saison et on se prend l'émotion des personnages, particulièrement celle de Kevin et Nora, en pleine gueule.
Cette première saison aborde subtilement ce qui deviendra, je pense, le thème principal de la série dans les saisons qui suivent: le besoin irrépressible de croire en quelque chose pour avancer.


Puis, alors qu'on apprend tout juste qu'une ville entière semble avoir été épargnée par cet évaporation générale, on se met à suivre une famille qui semble avoir ses propres démons. Mais on se rend compte que quelque chose d'autre cloche, et ce dès le deuxième épisode. Quelque chose de très naturel finalement, mais à laquelle je n'avais pas spécialement pensé jusque là, la peur d'une récidive. Et si ça arrivait à nouveau ? Et si la nouvelle famille que je viens de construire disparaît à son tour ? Comment vivre, comment espérer bâtir quoi que ce soit avec une telle peur ? La peur de rouvrir les cicatrices à peine refermées. Cette nouvelle disparition mystérieuse est en réalité annonciatrice du mysticisme jusque là semi-avoué de la série. S'il n'y a rien d'évident au début, le côté mystique de la série nous rattrape brusquement lorsque Kevin doit mourir pour guérir de ses maux. Kevin se croyant fou, il accepte de croire Virgil et renaît de ses cendres, manifestement guéri de ses visions... ou peut-être pas. La saison 3 nous bascule pleinement dans le thème religieux, attribuant au personnage principal un rôle clé jusqu'à l'avant dernier épisode. Et finalement, alors qu'on aurait pu le penser seul, il retrouve l'amour presque providentiel qu'il cherchait depuis tant d'années à travers l'Australie. Il n'a jamais cessé d'y croire. Alors les langues se délient, Nora raconte son périple de l'autre côté, Kevin choisit de la croire pour donner un sens à sa vie. Tout au long de cette saison, chaque personnage choisit de croire en quelque chose pour avancer.


Nora est un personnage très touchant tout au long de la série, et je ne lui aurais jamais reproché si elle n'était jamais revenue.


Si j'ai trouvé la première saison parfaite dans son mélange d'efficacité et de subtilité pour traiter les thèmes abordés, j'ai eu un peu plus de mal avec la suite. Déjà, le mysticisme qui déboule de presque nulle part dans la deuxième saison en faisant ressusciter un personnage deux fois d'affilée, comprenez que pour quelqu'un de très cartésien c'est plus difficile. En revanche, même si je n'adhère pas à 100% avec l'approche de la série, j'ai trouvé la dernière saison plus intéressante sur cette nécessité de croire en quelque chose lorsque tout a été chamboulé dans notre vie.


Après on peut toujours reprocher à la série son côté très cliché américain, entre les cultes religieux emmenés par un gourou - ce qui ne servait d'ailleurs pas à grand chose en première saison -, la religion omniprésente, l'émotion provoquée par les lectures forcées de certains passages de la Bible, etc. J'ai été un peu moins réceptif qu'au départ mais je ne suis pas d'avis que c'est complètement raté.


Saisons 1-2-3 notées respectivement 10-7-8/10

Jesustice
7
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le 1 févr. 2022

Critique lue 47 fois

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