The Leftovers
7.8
The Leftovers

Série HBO (2014)

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Que feriez-vous si vos proches se volatilisaient du jour au lendemain, sans préavis, sans explication ? C’est la question que tente de résoudre The leftovers. En pesant nos mots, on peut raisonnablement affirmer que la dernière production de HBO, créée par Damon Lindelof et Tom Perrota, est la plus grande série du moment. Âmes sensibles et dépressifs s’abstenir. Les autres n’en sortiront sans doute pas indemnes, secoués par une immersion sans pitié dans un monde gouverné par le non-sens.

Le non-sens, c’est cette soudaine disparition de 2 % de la population mondiale, subtilisée au monde un fameux 14 octobre. La série s’intéresse moins aux raisons de cet évènement qu’à ses conséquences : elle situe son action trois ans après « le Grand Départ », dans une petite bourgade américaine comme celles qu’affectionne Stephen King, où l’on suit une poignée de personnages en proie à la gestion de l’Après. Nihilisme, déni, repli sectaire ou mysticisme sont autant de tentatives désespérées de survie dans une société gangrénée par la perte de sens. On l’aura compris, The Leftovers se distingue par son penchant psychologique, voire mystique : à l’instar de Lost, dont elle partage le scénariste (Damon Lindelof), mais plus terre à terre, si l’on peut dire.

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Car ici, pas de nœuds spatio-temporels, et moins de twists narratifs. Juste un penchant pour l’irrationnel, marqué par l’univers de David Lynch (dont est d’ailleurs extrait le personnage principal, interprété par l’excellent Justin Theroux). The Leftovers livre une réflexion sur l’avenir de nos sociétés en déliquescence, en usant de métaphores puissantes et énigmatiques, telle cette allusion aux nouveaux comportements des chiens, fidèles compagnons devenus bêtes féroces, machines à tuer (« They are not our dogs anymore »). Un retour à l’état de nature, en somme, à l’heure ou l’existence a perdu toute logique et peut-être un aperçu de ce qui menace l’humanité.

On ne saurait toutefois réduire cette série époustouflante à sa seule dimension spirituelle. Intelligence du scénario, puissance visuelle, musique envoutante, alternance entre récits choraux et moments intimistes sont autant d’ingrédients qui rendent ces dix épisodes captivants de bout en bout. Et le final nous laisse en état de choc, tant le basculement dans l’horreur se fait incarnation de nos pires cauchemars. Mais si la vision de certains épisodes, et plus encore du générique angoissant, relève parfois de l’épreuve, la série ne tombe jamais dans le travers du grand-guignolesque ou du sordide racoleur. Dans un paysage télévisuel bien trop confortable, cette épreuve se révèle ainsi salutaire : on vibre, on tremble, on pleure. Et on en redemande, en espérant que la deuxième saison ne tombe pas dans le travers explicatif.
cinematraque
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le 15 sept. 2014

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