C'était une bonne idée à la base de critiquer la fabrique à informations, de proposer une solution alternative,de divertir intelligemment et évidemment de maintenir de bonnes audiences pour la série. Le réel problème lorsqu'on a d'aussi bonnes et louables intentions est d'éviter la caricature.
The Newsroom est un divertissement agréable mais qui laisse un goût d'amertume : il ne se donne pas les moyens de ces ambitions. Les débats importants qui (à mon avis) auraient dû être le plus mis en avant sont survolés, leurs traitements sont bâclés et recouverts de bons sentiments , dont le manichéisme et l'absence de subtilité donnent envie de se crever les yeux. Dès le premier épisode, on avait un parti pris celui d'une idyllique période où les Etats-Unis étaient le plus grand pays du monde, période dans laquelle on pourrait revenir si "we do the news", les bonnes news. Et c'est là que se pose un problème, je ne suis pas sûre que cette période ait existé, et y retourner me parait alors difficile. Que nous propose Sorkin pour retourner in the good past : tout un épisode coulant de nationalisme et d'héroïsme américain sur la mort de Ben Laden, on est "choqué" par une opération militaire clandestine
(qui s'avère fausse, merci pour le téléspectateur, ouf !),
on nous sort une intrigue à la Snowden en plus cheap, est-il utile de mentionner que tout ce qui se passe dans la série est à des millions de kilomètres en dessous de la réalité, même en s'appuyant en partie sur des faits réels ? La série donne l'impression de critiquer mais la voix la plus progressiste du show est celle d'un "républicain modéré", cela donne une idée de là où on se situe la conversation : à droite et à droite. Libérale et conservatrice. Il n'y aurait pas de problèmes si c'était assumé, ce qui n'est pas le cas. On préfère balancer des lieux communs, nous asséner de grands discours moralisateurs, sans jamais se mouiller : les intrigues sont lisses, les personnages inexistants (aucun n'est vraiment crédible), on fait des héros de personnes méprisables (quelqu'un peut m'expliquer comment Reese Lansing (ou même Leona) est devenu quelqu'un de "bien" et pourquoi ?) et surtout, je me suis sentie étouffée d'intrigues amoureuses dégueulasses et de discours affligeants. J'en ai même conclu que Sorkin ne devait pas avoir une haute estime des femmes car, pendant toute la série, elles n'ont d'existence qu'à travers les hommes et au travers de leurs relations avec eux.
Cela semble une critique très négative pour une note qui n'est pas si mauvaise. Pour cause, bien que le discours et l'idéologie de la série ne me plaisent pas, cela reste divertissant, certaines scènes et certains dialogues sont remarquables et rehaussent quelque peu le tout et disons que même si c'est raté, Sorkin a au moins eu le mérite d'essayer.