The Outsider
6.7
The Outsider

Série HBO (2020)

Voir la série

Juste après avoir quitté Jason Bateman dans la première saison de "Ozark", nous le retrouvons ici en coupable offert à la vindicte publique, et, avouons-le, toujours aussi peu expressif. Est-ce sa manière intériorisée de jouer ou bien cette impassibilité est-elle inscrite dans les trames narratives de ces deux créations ? Mystère. Toujours est-il qu'au milieu des pires épreuves, l'acteur affiche un visage quasiment imperturbable. Etrange ! Ce n'est d'ailleurs pas le seul point commun entre ces deux séries, car nous avons droit ici aussi à une atmosphère particulièrement sombre, qui se traduit jusque dans le visuel, avec une photographie grisâtre, aux couleurs désaturées, et un décor lugubre qui semble ne jamais être visité par le soleil. Il faut dire que les événements sont plus que sinistres. Assassinats d'enfants, suicides, dépressions, alcoolisme, ce n'est pas la joie dans les chaumières !
De plus, dès le second épisode, le scénario nous assène un uppercut aussi violent qu'inattendu, avec la disparition soudaine d'un personnage dont on attendait beaucoup. Et ce n'est que le commencement d'une cascade de rebondissements insolites et d'une descente aux enfers d'où est exclue la plus petite trace de lumière. Mais il est un point sur lequel "The outsider" diffère fondamentalement de "Ozark", c'est celui de la conception des personnages.
Dans la série de Bill Dubuque, ceux-ci sont catalogués de manière radicale et presque figée. Entre le premier épisode et le dixième, Martin demeure un magouilleur opportuniste, les Snell demeurent des assassins odieux, Petty demeure un obsédé inquiétant, etc. Ici, c'est tout le contraire. Chaque intervenant ou presque, aussi bien par le pouvoir maléfique qui rôde que par son propre vécu traumatisant, apparaît comme un réceptacle ouvert à tous les possibles. Cette malléabilité des individualités, couplée à une base narrative d'une intelligence confondante qui sait générer une oppression constante, donne naissance à une oeuvre d'une richesse insondable.
L'une des qualités majeures qui permet au mystère de se développer de manière aussi vraisemblable que convaincante, réside dans le fait que rien n'est jamais asséné. Le récit suit les circonvolutions des événements en sachant distiller au compte goutte un fantastique discret radicalement maîtrisé. Et, cerise sur le gâteau, nombre de personnalités se révèlent profondément touchantes. Que ce soit Ralph, le rationaliste rigide bourré de doutes et de culpabilité, son épouse Jeannie, l'ambigu Claude Bolton, la malheureuse Glory, veuve honnie par la population, Jack se débattant dans une souffrance intérieure insurmontable, ou encore l'exceptionnelle Holly Gibney, toutes et tous habitent cette tragédie sombrissime avec une présence et une humanité qui donnent d'emblée au spectateur l'envie irrépressible de les suivre jusqu'au bout de cette enquête hors normes. Le paranormal, l'inconnu, les légendes fantastiques se mêlent au quotidien prosaïque de façon subtile et tout à fait convaincante.
Une réussite majeure.
bernardsellier
8
Écrit par

Créée

le 6 mai 2020

Critique lue 124 fois

1 j'aime

bernardsellier

Écrit par

Critique lue 124 fois

1

D'autres avis sur The Outsider

The Outsider
Nash_Tulsa
6

Un faux départ qui laisse sur sa faim.

Difficile de faire une adaptation réussie d'un roman de S.King, mais HBO semblait avoir trouvé la recette pour y parvenir : Tout d'abord un scénario accrocheur. Les premiers épisodes mettent très...

le 15 janv. 2020

14 j'aime

9

The Outsider
Gandalf13
7

Mieux vaut etre le leader

Alors oui je reprends le titre que j'avais apposé à ma critique du livre, parce que comme ce dernier, la série est de bonne facture, mais pas parfaite. Ce qu'on ne peut nier par contre c'est qu'elle...

le 3 avr. 2020

12 j'aime

4

The Outsider
EricDebarnot
4

Viol au dessus d'un nid de cuco...

Je ne sais pas si je peux porter un regard objectif sur cette série, vu que j'avais lu le bouquin de King peu de temps auparavant, et que j'ai donc passé les (longs, très longs) dix épisodes diffusés...

le 14 mars 2020

11 j'aime

11

Du même critique

Parasite
bernardsellier
7

Désillusions

Boon jong ho nous a déjà offert plusieurs œuvres passionnantes : "Memories of murder", "The host", "Okja"... Mais aucune de cette richesse. Est-ce un film social ? Oui ! Est-ce un drame ? Oui ! Une...

le 17 mai 2020

1 j'aime

The Outsider
bernardsellier
8

Noir, c'est noir...

Juste après avoir quitté Jason Bateman dans la première saison de "Ozark", nous le retrouvons ici en coupable offert à la vindicte publique, et, avouons-le, toujours aussi peu expressif. Est-ce sa...

le 6 mai 2020

1 j'aime

Enragé
bernardsellier
6

Vous avez dit : Bulldozer ?

Rachel (Caren Pistorius) est en plein divorce d'avec Richard. De plus, ce jour-là, elle est très en retard pour amener son fils Kyle (Gabriel Bateman) au collège. Elle klaxonne un gros véhicule qui...

le 9 janv. 2021