Il y a des séries dont on entend parler sans grand fracas mais qui savent soulever certaine attentes par le mystère qu'elles promettent et par la qualification de "lovecraftienne" qui en fait baver plus d'un... Surtout que ce genre de fiction est difficilement adaptable notamment à cause d'une certaine réticence des producteurs (demandez à ce cher Guillermo que l'on empêche de parler de certaines Montagnes.
The Terror semble cependant relever le défi et non sans moyens ni talents (Jared Harris <3).
19e siècle, scorbut et uniforme
Dès le pilote la série en met plein les mirettes avec une qualité de production assez agréable : vaisseaux et uniformes d'époque, le tout dans un environnement polaire dépaysant.
Le charme de la série est posé dès le début et certaines scènes marquantes sont au rendez vous ( notamment ce scaphandrier sous la glace...).
Au fur et à mesure du périple l'aura mystique n'aura que cesse de s'amplifier (brouillard, dédales de glace, horizons infinis de caillasses blanches) dans laquelle les protagonistes auront l'occasion de perdre clairement le nord (haha...pardon).
Tout semblerait donc aller pour le mieux avec un certain sérieux dans la production et avec des acteurs au rendez-vous...
Désespérante lenteur
A mon sens l'un des défaut de la série et son rythme lent et bancal qui happe les 3 premiers épisodes. Des dialogues étirés pour combler le vide entre chaque manifestation d'une étrange créature, qui n'ont pas vraiment sens la plupart du temps.
Beaucoup de pistes sont lancées au cours de la série mais n'auront malheureusement jamais de quelconque utilité, voire pour certaines ni même de réponses.
Et un personnage cristallise ce premier défaut, le monolithique Sir John, qui semble naviguer à travers les horreurs dont il est témoin avec une certaine nonchalance. Il est construit sur un ensemble de flash-back partagé avec d'autres personnages principaux mais qui ne sont d'aucune utilité avec l'intrigue actuelle ou pour comprendre leur passé, ou du moins quelques éléments plus que basiques et peu interessants.
Et je suis obligé de m'arrêter un instant sur la mort de ce dernier, heureusement à mon sens dès le 3e épisode tant ce personnage ne savait vraiment pas où il allait.
Si la série arrive à captiver par son malaise ambiant, son horreur qui surgit abruptement avec les attaques sauvages de la créature, la mort de Sir John m'a fait exploser de rire.
Sa mimique pataude, le montage haché, ce plan où on le voit s'envoler avec le sol défilant sous lui... Certes la mort grotesque de cet homme si attaché au protocole, porte étandard des officiers de la marine anglaise, glace le sang. Mais par une construction maladroite et hésitante du personnage et une scène mal dosée, l'effet ne marche pas et suscite clairement la réaction opposée à celle voulue...
Mystique et gore
Hormis l'écueil de Sir John, le reste des principaux personnages est plutôt efficace, notamment Francis Crozier et le Dr Goodsir.
Seul leur nombre important peut parfois prêter à confusion, avec certains n'apparaissant que très peu durant les premiers épisodes.
La force de la série va résider dans son ambiance à la fois très mystique, très crue dans la réalité éprouvante des explorateurs de l'arctique (vous saurez TOUT sur le scorbut et ses complications...) mais aussi sur la folie des hommes, presque plus inquiétante que la Créature...
La série va en se bonifiant à chaque épisode avec certaines fulgurances (la débauche du Carnaval, l'attaque dans les brumes), le soufflé s'effondre avec un final correct mais très convenu.
Si vous arrivez à passer la lenteur des premiers épisodes, The Terror saura vous embarquer pour quelques épisodes loin de la civilisation et livrera quelques moments de tension bien efficaces, dans un décor relativement original et bien reconstitué, par rapport aux séries actuelles.
En revanche on est clairement pas devant LA série de l'année promise ou un délire lovecraftien pure souche, dommage...