12 hommes en galère

Je me suis laissé harponner par le concept du jury d'assises - et par les quelques bons retours entendus ici ou là (8,2 de moyenne sur SC, avant ma note). Pourtant, ce genre de polar-drama grand public, j'ai l'impression d'être arrivé à saturation depuis l'époque dorée "The Killing" - "Bron" - "Broadchurch" : les divers showrunners semblent incapables de renouveler le genre, et j'ai sans doute "passé l'âge" également, pour ce type de divertissement un peu creux.

Toujours est-il que je me suis installé devant les 10 épisodes de "The Twelve", alias "De twaalf" en version originale flamande, cette singularité constituant une certaine valeur ajoutée, en terme de langue, de décor (la ville de Gand) et même de culture (à la marge, hein, car la série ressemble énormément à n'importe quelle fiction européenne).

Les créateurs ont soigné leur atmosphère, avec une mise en scène assez oppressante, qui a tendance à isoler ses protagonistes et à privilégier une ambiance visuelle grisâtre.
Problème : les nombreux personnages apparaissent (presque) tous antipathiques et tristes à mourir, écrasés par leur nombreux problèmes…
Bon, c'est le jeu, on regarde une série TV, mais si vous saviez le nombre de tragédies qui se trament dans un jury, on ne voit pas comment la justice pourrait être rendue sereinement…

D'autre part, la série est à la fois trop lente, et trop longue pour ce qu'elle a à raconter : certains passages parviennent à capter notre intérêt, mais sont noyés dans la masse d'épisodes où il ne se passe à peu près rien, chaque juré voyant son arc narratif (archi prévisible le plus souvent) avancer à deux à l'heure.

Enfin, le plus gros défaut de "De twaalf" réside dans sa mécanique judiciaro-policière : l'étrange affaire proposée - composée de deux meurtres distincts, séparés d'une quinzaine d'année - est volontairement tarabiscotée, afin de permettre toutes les interprétations possibles, et autoriser quelques révélations ponctuelles pour relancer la machine, de sorte que personne ne peut se faire une idée sensée de ce qu'il s'est véritablement passé.
En outre, l'accusée ne donne jamais sa propre version, ce qui s'avère là aussi bien pratique.

Par ailleurs, n'espérez pas un remake du "12 Angry Men" de Sidney Lumet, les délibérations du jury n'intervenant que dans l'ultime épisode, et se limitant à quelques échanges assez convenus.

J'aurais surtout mis en évidence ses nombreux défauts, mais sachez toutefois que "De twaalf" n'est pas une purge infâme. Outre l'atmosphère dépressive soignée, il faut souligner la qualité de l'interprétation des comédiens flamands.

L'ensemble se laisse suivre, et le show aurait même pu être sympa en le ramenant à 6 épisodes, en supprimant les sous-intrigues les moins intéressantes, et en choisissant un cas judiciaire moins tordu, qui aurait permis à chaque spectateur de se faire une intime conviction, et ainsi de jouer chez lui le rôle du treizième juré.
Cela aurait fait beaucoup de changements, et en l'état, je ne recommande donc pas cette série.