Solide minisérie Netflix qui s'inscrit dans la lignée d’Erin Brockovich ou de Dark Waters, Toxic Town met en scène le combat des mères d'une ancienne ville minière du centre de l'Angleterre, dont la contamination des sols a engendré de nombreuses malformations in utero. Comme dans la plupart de ces films à cheval entre l'enquête et le film procédural, on y retrouve l'avocat pro bono qui ne compte pas ses heures, le combat de David contre Goliath, la corruption, l'omerta et les mères courage.
L'angle spécifique de cette série tient en quelques points. Premièrement les victimes, qui sont à la fois les enfants mais véritablement les mères qui semble porter l’entière culpabilité de leur malformation et l'entière charge mentale de l'éducation de leurs enfants handicapés. Ainsi les pères sont quasiment absents de la série, qu'ils supportent ou rejettent l'action de leur femme. Ensuite ce combat n'est pas cette fois face à une grosse entreprise industrielle mais à la municipalité composée justement d'anciens mineurs qui cherchait avant tout à sauver cette ancienne ville d’un déclin très thatchérien et dont les bonnes intentions du début finirent par se confondre avec une volonté de contrôle, de copinage et de domination.
Fallait-il faire les choses dans les règles quittent à signer la mort économique de cette ville ? Ou allez vite comme ils l'ont fait au fi des réglementations mais dans un espoir de sauver encore ce qui pouvait l'être et dans une forme de logique du « moindre mal » ? La série aborde ainsi la question de la justice sociale aussi bien dans ses dimensions économiques que médicales ou encore relationnelles.
La série se repose beaucoup sur et le talent de son casting expérimenté, qui arrive à faire ressortir la complexité des situations et des défis auxquels chacun est confronté dans un combat qui dure plusieurs décennies. Aimee Lou Wood démontre encore une fois sa capacité à incarner des rôles intenses et poignant.
Mais voilà, Toxic Town a aussi des limites. C'est peut-être dommage que justement la série n'ait pas poussée plus loin ce déséquilibre entre les hommes et les femmes, alors que seules les femmes semblent étrangement concernées par le procès, soulignant encore comment la maternité et la parentalité sont peu investis par les hommes. Il est peut-être aussi un petit peu dommage que le début de la série qui est visuellement très fort, créée un effet qui se retourne un peu contre elle-même. J'ai beaucoup aimé toute cette mise en scène sur la poussière qu'on voit partout sauf que ça en fait un fusil de Tchekov un peu grossier. Ainsi, dès les premières secondes on comprends que c’est ça le problème, encore plus avec le nom de la série, et il est donc d'autant plus fastidieux de devoir attendre que les personnages comprennent d'où venait la pollution. Cela diminue malheureusement un peu la tension sur le sujet.
Donc ce n’est pas une mauvaise série mais elle suit finalement trop les codes déjà posés d'autres histoires dans la même veine. C'est difficile à quantifier pour ma part mais voilà il lui manque un petit supplément d’âme pour en faire une série vraiment marquante.