Troublante porte magnifiquement son nom — un film aussi déroutant qu’ensorcelant, où chaque détail semble minutieusement composé, notamment ses intermèdes musicaux, qui méritent à eux seuls une mention d’excellence.
Loin d’être de simples respirations, ces passages sonores tissent un langage parallèle à l’image : tantôt discrets, presque éthérés, tantôt puissants et abrasifs, ils accompagnent les remous intérieurs des personnages avec une justesse bouleversante. C’est une narration indirecte, subtile, qui s’adresse autant à l’inconscient qu’à l’oreille.
Chaque intermède agit comme une pause sensible, un sas entre deux éclats d’émotion. On pense à du Mica Levi, à du Jóhann Jóhannsson, mais avec une audace propre : le film ose les contrastes, les silences tendus suivis de nappes sonores électrisantes. Une partition qui ne cherche pas à flatter, mais à déranger avec élégance — et c’est précisément là que réside sa force.
Dans un paysage cinématographique souvent lisse, Troublante vient rappeler que la musique peut être un cri muet, un vertige, une brûlure douce. Une œuvre sensorielle, viscérale, profondément maîtrisée.