True Detective
8.2
True Detective

Série HBO (2014)

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Il y a de ces séries, où dès le générique, vous êtes dans l'ambiance, vous avez l'impression d'être face à quelque chose de grandiose. On peut craindre qu'il ne s'agit là que d'un générique bien branlé, et que le reste n'est pas vraiment à la hauteur.


Or ce n'est pas le cas de True Detective, car en plus d'avoir un des meilleurs génériques de série télé, c'est tout simplement l'une des meilleures séries tout court. A mes yeux, True Detective est un miracle. Rien que ça.


Deux immenses acteurs de cinéma à l'affiche et à la production, ça ne pouvait qu'offrir quelque chose de bon. Surtout quand le scénario est mûrement réfléchi, travaillé. Bref, l'équipe qui nous a pondu True Detective avait toute les clés en main pour nous offrir une grande série.


Ils nous ont offert un chef d’œuvre. Voilà, voilà, maintenant que j'ai fait mon lèche-botte et que j'ai hissé True Detective au rang de chef d’œuvre absolu, c'est l'heure d'argumenter. Juste une petite précision, mais visiblement, c'est le cas de beaucoup de personnes, quand je parle de True Detective, je parle de la première saison, j'ai pas vu ce qui a été produit par la suite et en vérité, je m'en fiche un peu.


True Detective c'est deux flics, Rust Cohle et Marty Hale, interprétés par deux mastodontes en terme d'interprétation à savoir Matthiew McConaughey et Woody Harrelson. La première qualité qui m'était apparue face à True Detective au premier visionnage c'était sa photographie, mais dorénavant, je pense que ce qui rend cette série exquise et intense, c'est ses interprètes et les personnages qu'ils campent.


On a là un duo de flic. Rien de bien fou comme concept, mais c'est pourtant là toute la subtilité du scénario. Vous prenez donc un duo de flic, et vous travaillez au maximum leur relation. C'en sera même la base de la série. Il y aura donc deux intrigues majeures, l'enquête, et la relation.


Une particularité de True Detective, c'est que l'intrigue se déroule sur dix sept années, et qu'il faut donc faire des flash-back. Toute la première partie de la série consiste en fait par des consultations de Rust et de Marty par deux autres flics qui enquêtent sur un cas similaire au leur. L'idée c'est donc d'avoir le point de vue de Rust, et de Marty. Et ça saute aux yeux dès le premier épisode, le montage de cette série est maîtrisé, les enchaînements entre les flash-back sont toujours bien amenés, les interventions des deux flics qui interrogent Rust et Marty sont toujours bien placés, ainsi que les remarques personnelles des deux protagonistes, et le traitement de la voix off est particulièrement bien foutu.


Et malgré ce mélange des époques, qui je pense, devait être une galère à l'écriture, on découvre au fur et à mesure ces deux mecs que sont Rust et Marty. Au départ, on découvre un Rust renfermé sur lui-même, gros con qui a une vision pessimiste et extrêmement hautaine des hommes, tandis que Marty semble être le mec lambda qui a une femme et des gosses et pour qui tout roule. A chaque épisode, on découvre un truc en plus sur les personnages, un trait de leur caractère, ou un événement dans leur vie qui nous amène à les reconsidérer à chaque épisode. La fille de Rust qui a été tuée dans un accident, l’infidélité de Marty, le fait que Rust était autrefois un infiltré des stups, Marty qui a un comportement pas très correct avec les femmes malgré sa gentillesse envers d'autres (il donne de l'argent à une jeune prostituée pour qu'elle se trouve un vrai job). A chaque fois, on est surpris par ces deux mecs, et ça ne fait qu'étoffer leur relation.


On ne sait pas quelle relation ils ont, sont-ils amis, simplement collègues, est-ce qu'ils se détestent, quel avis Marty a-t-il de Rust et vice-versa ? Les personnages eux-mêmes ne le savent pas, et on le découvre avec eux. Jusqu'à la dernière scène qui se résume à une discussion entre deux mecs (mais qui bordel, relève du génie), on en découvre encore sur eux, et on finit clouer à notre siège.


Donc niveau écriture, True Detective est un millésime, c'est une histoire mûrement réfléchie, et je passerai outre l'enquête car je n'ai pas vraiment d'arguments à offrir. Elle est dense, intense, pleine de rebondissements et les méchants sont excellents.


J'avais vite fait parlé de la partie technique de True Detective avec son montage alterné avec les flash-back. Un dernier détail concernant le montage, le plan séquence de sept minutes à la fin du quatrième épisode est peut-être un des meilleurs moments de l'histoire de la télévision tellement c'est incroyablement mis en scène.


Et du coup, j'arrive à la photographie, et bon sang, quelle beauté. Les plans sont sublimes, le travail sur les couleurs est magnifique avec surtout, le vert de la nature qui entours les personnages. D'ailleurs, l'histoire a lieu en Louisiane et le cadre est merveilleusement utilisé, les forêts, les lacs, les paysages où on peut voir aux loin des bâtiments industriels. Les villes, les bars, les églises abandonnées, le centre de police, la caméra donne vie à l'univers, on explore la Louisiane, on en découvre ses lieux cachés, la mise en scène donne un aspect mystique à tout ce lieu. Ajoutez à cela le fait que Rust ait des visions, ce qui fait, que de temps en temps, y a un truc invraisemblable qui vient s'ajouter aux paysages, rendant le tout encore plus génial.


Y a de ces plans qui sont audacieux aussi. Il faudrait que je fasse une vidéo pour avoir des exemples, mais déjà, le plan-séquence de sept minute est une preuve qu'en terme de cadre et de mise en scène, True Detective est une série qui tente de choses, qui essaye d'offrir des visuels nouveaux. Et c'est totalement réussi. Ça passe par les décors, et pas qu’extérieurs, les intérieurs aussi sont fournis. Les night-club, la maison du méchant, bordel, j'ai trouvé tout le travail sur ce décors dingue !


Donc voilà ce que j'ai à dire de True Detective. Visuellement, ça envoie du pâté, c'est un pur bonheur à regarder. Et à côté de ça, l'écriture est d'une subtilité folle au même titre que The Wire (bien que The Wire étant une série bien plus longue, est par conséquent bien plus dense). True Detective, c'est une expérience de huit épisodes à vivre impérativement, c'est un chef d’œuvre qui se regarde vite, mais qu se vit intensément tant tout est d'une maîtrise absolue. Où chaque acteur te donne envie de faire un arrêt sur image tellement son jeu d'acteur est splendide, tellement chaque plan est un pur bonheur à observer, tellement chaque scène est merveilleusement bien écrite, placée, montée. Putain, rarement j'ai eu l'impression de voir une œuvre aussi maîtrisée de tout en bout qu'avec True Detective.


C'est un chef d’œuvre !

Créée

le 10 août 2016

Critique lue 301 fois

2 j'aime

James-Betaman

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