Le soleil se lève, ses rayons blafards filtrent au travers des saules. Lentement, la Louisiane s'éveille. Au milieu de nul part, une voiture poussiéreuse quitte la nationale et s'engage sur une petite route caillouteuse. A son bord, deux inspecteurs de la Criminelle. Le conducteur se nomme Marty Hart : père de deux enfants, mari d'une ravissante et fidèle femme au foyer et pur produit américain que, déjà, l'on voit commissaire. Son coéquipier, Rust Cohle, est lui un excentrique et un ténébreux qui a perdu fois en l'humanité à la suite de la mort de sa fille. L'ambiance est froide, les deux hommes ne se connaissent pas encore et semblent aigris par la moiteur de l'air. Bientôt, ils s'arrêtent sous les branches d'un arbre centenaire où la scène du crime les attend. Une jeune fille, nue et sauvagement lacérée, a été mise en scène. Le meurtrier a placé des bois de cerf sur sa tête, dessiné une étrange spirale sur sa nuque et dispersé ça et là d’inquiétantes petites pyramides de bois. Les deux détective vont alors tenter de résoudre une affaire qui bouleversera leur vie et les entraînera aux confins de la folie humaine.
Vous l'aurez compris, true detective est avant tout une série à ambiance. Digne héritière de la littérature policière américaine, elle fait entrevoir au spectateur une triste réalité sociale. Celle d'une Louisiane traumatisée par les derniers ouragans qui ont anéanti tout ses espoirs d'une vie meilleure. Embourbés dans les marécages de la misère, ses habitants se réfugient dans l'alcool et la religion. Si cette ambiance est si bien retranscrite c'est sans doute grâce à la photographie, sublime de justesse et de maîtrise. La lumière est très bien gérée, les plans sont précis, léchés. Les quelques plans séquences sont grandioses en particulier celui dont tout le monde parle, qui se trouve à la fin de l'épisode quatre. Mais la musique apporte également sa pierre à l'édifice en offrant des thèmes lancinants qui rappellent l'atmosphère marécageuse de la Louisiane.
Vient le moment de parler des personnages principaux dont la relation constitue la clef de voûte de la série. Sensiblement différents, nos deux héros sont coéquipiers, rivales, amis, ennemis mais restent toujours profondément liés. Alors que tout se désagrège autour d'eux, que se soit leur vie sociale, personnelle ou sentimentale, ils vouent acharnement et obsession à cette terrible affaire. Rust, interprété avec maestria par Matthew McConaughey, est un héros complexe, sombre et charismatique. Philosophe sur les bords, il est pessimiste et très critique à l'égard de l'homme. Il n'en est pas pour le moins attachant même si sa personnalité peut parfois sonner faux avec son environnement tant le clivage est important. Il m'a pour ma part fait penser à ce bon vieux Sherlock Holmes pour ses qualités de détective, l’originalité de ses méthodes, sa consommation de drogues et son obstination de limier. Son Waston, Marty (Woody Harrelson) est plus en retrait et un peu éclipsé par la performance de McConaughey. Il est intéressant pour son statut de père de famille. Le jeu de Woody Harrelson est bon mais pas mémorable, l'acteur se contentant souvent de faire des mimiques avec sa bouche.
Mais avec tout ça on en arrive à oublier l'intrigue et bien souvent je me suis surpris à oublier l’enquête à l'instar de la relation de Rust et Marty. Celle-ci ne manque pourtant pas d’intérêt malgré des péripéties prévisibles et un twist qu'on voit venir de loin. Elle mêle rites sataniques, disparitions d'enfants et drogues. Sa narration se construit sur deux temporalités, le présent, 2010, qui consiste en un long interrogatoire de nos deux héros sur l'affaire qu'ils ont menés en 95, présentée sous forme de flashbacks. L'intrigue prend peu à peu du terrain sur le background et un basculement s’opère à l'épisode six.
Le message véhiculé est puissant et donne à réfléchir mais il est trop manichéen à mon goût. Il fustige en effet sans nuances et les religieux et les policiers en prennent pour leur grade.
On peut donc dire que true detective, sans être originale (le titre en témoigne) réussit avec brio tout ce qu'elle entreprend. La série d'HBO développe une ambiance saisissante, des personnages complexes aidée par une réalisation époustouflante et des acteurs de haut niveau. Et surtout c'est ce tableau sombre et envoûtant de la Louisiane qui fait de la série un de mes coup de cœur.
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