Un show exceptionnel

Cette saison 3 revient aux fondamentaux de la première:

-Une ambiance délétère au fin fond de l'Arkansas, qui, si elle n'est pas aussi malsaine que les bayoux poisseux, a un charme suranné mâtiné d'un désespoir latent inéluctable. Cette atmosphère est rendue palpable par tout un jeu de non dits, de décors naturels campagnards tristounets, une photographie sensationnelle, une bande sonore discrète mais constamment bourdonnante.
Un des points forts de la série généralement, une réussite.

• Une intrigue dont on ne comprend pas les tenants ni les aboutissants immédiatement, qui se dévoile au fur et à mesure, truffée de fausses pistes et de révélations inattendues amenant le spectateur encore plus loin dans le suspense et l'étonnement, pour atteindre son climax lors du dernier épisode.
  Sur la forme c'est beaucoup moins trash que l'exceptionnelle première saison, moins glauque sur le fond également, mais cela reste une enigme très intéressante, un mystère inavouable.




• Ce jeu d'acteur, une pure merveille. Il est evident que Pizzolatto pourrait faire cinquante saisons, on comparera toujours la performance des persos principaux au duo unique composé de McConaughey et Harrelson, tant le premier etait habité et le second son parfait miroir.
  Mais les non moins fantastiques Stephen Dorff et Mahershala Ali n'ont pas à rougir de la comparaison. C'est dire la qualité de leur acting. Si je n'avais pas doutes concernant le premier, ce Ali est une découverte pour moi, et il est tout simplement bluffant, totalement investi dans ce rôle de flic tenace.
  Rien à redire non plus sur les autres protagonistes, Carmen Ejogo, Scott McNairy et Mamie Gummer en tête. Des performances torturées, à l'aune de ce drame familial longtemps inexpliqué.




• Un montage de très haute volée. Et il fallait au moins ça pour parvenir à combiner trois périodes (plus une rarement évoquée sur la fin ne concernant pas l'intrigue directement) de cette enquête s'etalant sur 35 ans, avec des séquences propres à chaque décennie lors des 8 episodes de cette saison. On ne s'y perd jamais, grâce à une différence de coupe de cheveux chez Dorff, Ejogo et Ali qui saute aux yeux d'emblée notamment, et au grain de la photo.
  Ces allers/retours constants sont tellement bien montés qu'on a l'impression de suivre en parallèle trois histoires avec un solide lien commun. Aucun faux raccord, tout s'imbrique parfaitement. Un sacré boulot en amont, et un résultat final absolument génial.

Comme pour les deux précédents shows (la deuxième saison n'etait pas aussi catastrophique qu'on l'a souvent dit), ces 8 episodes forment un tout complexe, d'une epaisseur et d'une profondeur admirables. Offrant aux acteurs un vaste terrain de jeu où ils peuvent exprimer tout leur talent, et aux spectateurs une expérience proche d'une immersion nauséeuse dans ces coins reculés d'une Amérique profonde sale et désespérée.

J'en attendais pas autant, j'en suis d'autant plus conquis, 5 ans après les débuts fracassants du show de Pizzolatto