Vikings
7.4
Vikings

Série Prime Video, History (2013)

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Début 2013, la chaîne History balance un trailer sur une toute nouvelle série : Vikings. Le trailer lorgne du côté de la série Game of Thrones, preuve en est cette phrase d’accroche « The Storm is coming » copiant sans scrupule le Winter is coming de Game of Thrones.

Pas de panique, Vikings ne sera pas un doublon de Game of Thrones. Le créateur de la série Michael Hirst, déjà créateur de la très bonne série Les Tudors et de la moins bonne Camelot, va nous conter une saga sur Ragnar Lothbrok et ses fils étalé sur des dizaines d’années.

Michael Hirst va faire profiter sa famille, comme à son habitude (sa fille Maude avait déjà joué Kat Ashley dans Les Tudors), en faisant jouer ses filles dans la série. C’est ainsi qu’on peut retrouver Maude dans le rôle de Helga et son autre fille Georgia dans le rôle de Torvi.

Vikings est une commande de la chaîne History, qui, pour la première fois de son histoire traite une série de fiction. Et il faut insister sur une série de fiction car plusieurs critiques se sont élevées quant aux inexactitudes de la représentation de la société viking, des dates, des personnages, de certaines architectures, etc... À propos de l'exactitude historique de la série, le créateur de la série Michael Hirst a répondu :

[…] obligé de prendre des libertés avec l'Histoire, parce que personne ne sait avec certitude ce qui s'est passé pendant les Âges Sombres. […] Un traité historique sur les Vikings aurait passionné des centaines de personnes, voire des milliers. Ici, on cible des millions de personnes.

Ambitieux de la part de Michael Hirst, mais logique et obligatoire quand on connaît toutes les zones d’ombre qui entoure le Moyen Âge à cette période de l’histoire. Quand on regarde Vikings, il ne faut pas tomber dans le piège de relever toutes les incohérences historique pour ce concentrer sur la fiction. 

Le peu d’informations que nous avons sur les vikings proviennent majoritairement des chrétiens qui en ont répandu une image de barbares sanguinaires ne craignant pas la peur, déferlant sur leurs côtes pour tout ravager. 

Dans Vikings, Michael Hirst nous dévoile sa vision de l’organisation de ce peuple, les jugements publics, les affaires de meurtres, les règles du pouvoir. Pas de débauche de sexe ou de violence. Oui les vikings ont des mœurs qui peuvent choquer, mais il faut prendre en compte qu’il s’agit d’une autre culture, et que cela n’en fait pas des monstres pour autant. Le héros principal Ragnar Lothbrok, interprété magistralement par Travis Fimmel, est un bon père de famille, et il peut compter sur l’amitié d’autres personnes. Pourtant il tue sans pitié les habitants des terres qu’il pille, y compris des hommes ou des femmes sans défense, et peut se montrer d’une effroyable cruauté. Une ambiguïté qui concourt à rendre le personnage très charismatique. 

Lors d’un de ces raids en Angleterre, Ragnar, sa femme Lagertha, son frère Rollo et d’autres reviennent avec de nombreuses richesses, la promesse de vastes terres peu défendues, et des esclaves capturés. Parmi eux, Athelstan, moine chrétien interprété par George Blagden (premier acteur à avoir rejoint le projet). Athelstan découvre avec un mélange d’admiration et d’effroi cet autre monde. Il faut dire qu’entre le moine chrétien et les vikings, c’est un vrai choc des cultures. Le moine doute de sa foi mais sans totalement adhérer à celle des hommes du nord, tandis que Ragnar se montre intéressé par la sienne. Le personnage ouvre ainsi une réflexion sur la religion, de l’intérêt de dépasser les limites de ses propres croyances pour s’ouvrir à d’autres horizons.

Des intrigues beaucoup plus classique, dites de série, jalonnent Vikings. Elles sont personnifiées par Katheryn Winnick et Clive Standen, soit Lagertha la première femme de Ragnar et Rollo le frère de Ragnar. De la trahison, des triangles amoureux, des classiques en sommes.

Le créateur, Michael Hirst, gomme tous les défauts et amplifie tous les points forts au fur et à mesure de l’avancement du show, offrant un spectacle épique et grandiose. Les combats gagnent en intensité, la barbarie fusant de chaque camp, mais sans verser dans la boucherie gratuite. Les rites vikings apparaissent d’avantage, les paysages sont plus magnifiques, les personnages ont également gagné en intérêt. Le poing d’orgue se situant en fin de saison 3, une fin de saison parfaite.

En 2016, Travis Fimmel veut mettre un terme aux aventures du héros qu’il incarne et qui aurait dû mourir à la fin de la première saison ! Fimmel n’est pas de ces acteurs qui s’enferme dans un seul rôle. De plus, l’incarnation de Ragnar était difficile pour lui car il trouvait son personnage trop héroïque. Il suppliait le créateur Michael Hirst pour que Ragnar devienne moins manichéen, ce qui value quelques rixes entre les deux hommes. Le départ de Travis Fimmel de la série est une demande du principal intéressé.

De ce fait, la saison 4 (la première en 20 épisodes) est une saison de transition. Ragnar régnait en maître et en stratège durant les saisons précédentes, ici, il est bien question de sa chute et de sa succession. 

La première partie de la saison se focalise sur la descente aux enfers de Ragnar. Son statut de leader est définitivement contesté lorsqu’il mène ses troupes à la mort à deux reprises. Trahi par Rollo, ses rapports avec Floki se détériorent tout comme son mariage avec Aslaug. Entre ses blessures dont il a du mal à guérir et son addiction aux psychotropes, Ragnar devient instable, violent et irréfléchi. Affaibli et vieillissant, il perd le respect de son peuple, et même de ses fils. L’intrigue, qui piétine, nous montre la déchéance d’un mythe.

Avec la seconde partie, on retrouve un Ragnar qui n’est plus que l’ombre de lui-même. Obsédé par désir de vengeance, il tente une ultime fois de rallier des amis à sa cause pour tuer son vieil ennemi, le Roi Ecbert. Un tournant intéressant s’opère puisque Ragnar passe le flambeau et la relève s’organise : il écrit l’histoire une dernière fois, comme s’il signait un testament, et remet le destin de son royaume entre les mains de ses héritiers, allant jusqu’à se sacrifier. A partir de cet instant, on bascule dans une autre ère et les héros de jadis disparaissent au profit d’une jeune génération : Bjorn Ironside, qui était déjà présent les saisons auparavant, mais Alexander Ludwig va prendre beaucoup plus d’ampleur. Et les quatre fils de Ragnar, dans l’ordre : Ubbe l’aventurier interprété par Jordan Patrick Smith qui ressemble physiquement à Ragnar. Vient ensuite Hvitserk qui hérite de la folie de Ragnar, le choix de Marco Ilsø est discutable. Pour la forme je cite Sigurd Oeil de Serpent. Et enfin Alex Høgh Anderson dans le rôle de Ivar the Boneless dont la rage et la folie meurtrières vont redonner un second souffle à l’histoire. 

La seconde partie de saison (qu’ils appellent la 4B) sera bien plus intéressante que la 4A notamment grâce à la vengeance des fils de Ragnar. C’est le problème que va essuyer Vikings durant ses deux prochaines saison. Elles sont trop longues. Il y a beaucoup d’arc narratif qui vont être sans incidence sur la grande histoire des vikings. Je pense à l’arc de Floki, celui de Ketill ou encore celui de Ivar qui se croit en Dieu.

Le découpage des saisons en deux parties (5A + 5B et 6A + 6B) avec une pause de quelques mois entre les deux ne cachera pas le trop plein d’histoires insipides qui étale le récit sur la longueur. 

Si les dernières saisons accusent des longueurs, la fin de Vikings semble presque précipitée. Force est de constater que malgré une absence de tension, le show excelle à se conclure et à conclure les arcs de ses personnages. Une mort digne d’un Dieu, les adieux fraternels et plein d’émotion montrent des enfants apeurés mais fiers d’entrer enfin au Valhalla, des explorateurs qui s’émerveillent du chemin parcouru, etc…

Les personnages essayent au maximum d’accéder à une forme d’immortalité, récompenses qu’ils obtiendront de l’autre côté de l’écran grâce à la narration de Michael Hirst. Je ne pourrais pas oublier Ragnar, Bjorn, Ivar ou encore Lagherta. La fin de Vikings résonne la fin d’une époque, celle des grands vikings, dont les noms retentissent encore aujourd’hui, et retentiront à jamais.

StevenBen
9
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le 9 août 2022

Critique lue 114 fois

Steven Benard

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