Le nom de Born to be on Air (en anglais "Waves, listen to me") tournait dans la liste des "nouveaux mangas intéressants et humoristiques" et j'étais assez hypé par la sortie au printemps 2020 de son adaptation animée. Il raconte l'histoire de Minare, une serveuse grande gueule qui découvre, un peu à l'insu de son plein grè, qu'elle a une gouaille incroyable pour la tchatche et qu'elle est très douée pour la radio.
J'étais pourtant ressortit un peu déçu du pilote : non seulement ça ne parle pas trop du monde de la radio au japon (même si j'ai appris quelque truc intéressant au fil de la série) mais surtout Minare m'apparaissait insupportable : une sorte de mégère hurlante un peu vulgos.
Et puis, rapidement, on s'attache à Minare. on découvre aussi que c'est plus une énorme gaffeuse qu'autre chose et elle a un côté "bon vivant" qui dénote avec le côté "strict et coinços" que l'on se fait de la femme japonaise. (Deux autres personnages de la série représentent en comparaisons le cliché de la "japonaise gentille et réservée" et montre à quel point ça n'a rien de rose.) Si le personnage n'est pas nouveau dans les mangas (et souvent c'est une délinquante au grand coeur à l'image d'Arisa de Fruit Basket ) c'est la première fois qu'un manga en fait le protagoniste principal.
Minare boit, Minare fume, Minare a la flemme de ranger chez elle (ce qui va amener des conséquences totalement imprévues...) mais Minare galère dans la vie, taf dans un job qui lui pait moyennement et enchaine un peu les mecs minables. Elle a fini par me rappeller une aime à moi et à me rappeler des histoires que j'ai vécu.
Born to be on air montre des trucs qu'on ne voit pas trop dans l'animation japonaise. En plus de se passer à Hokkaïdo (merci le système de comités de production qui fait que l'argent injecté par les offices de tourisme créé des intrigues se passant ailleurs qu'à Tokyo) elle met en scène des personnages rarement évoqués : des gens un peu paumés dans leur vie, des vieux mecs de 40 ou 50 ans ayant bossés toute leur vie à la radio. Ca change un peu des traditionnels lycéens ou des intrigues familiales.
Et ça fait du bien de voir des intrigues qui sortent des sentiers battus. De montrer que oui certains mecs manipulateur pourront justement se faire passer comme empoté et maladroit pour attirer par leur côté "touchant". Ou de montrer une femme que son propre frère a tellement coupée du monde qu'elle trouve que bosser en restauration et "rafraichissant" en comparaison. De montrer que les sentiments sont complexes et qu'on peut très bien être jaloux d'une personne dont on avait refusé les avances plus tôt et dont on ne se voit aucun avenir avec.
Alors, ok, Born to be On Air enquille parfois des trucs gros (l'exorcisme de la maison du voisin en direct à la radio, faire croire à ses auditeurs qu'on est en train de tabasser un ours) mais ça permet de bien faire ressortir le côté terre à terre du quotidien de Minare où rien n'est jamais simple. Et il y a des épisodes cool, comme celui où ils rendent hommage aux "bruiteurs en direct" ou celui final qui montre l'importance de la radio durant les situations de catastrophes.
Au niveau style l'anime ne révolutionne pas le genre, mais j'aime l'utilisation de la couleur, avec des applats comportant des trames sur le cheveux des personnages. Par contre les seyuus font tous un travail remarquable (notamment Riho Sugiyama qui doit aligner un débit de parole assez fou et dont l'anime est son premier rôle en tant que personnage principal d'une série) et les traducteurs ont taffés de dingue pour faire ressortir certains jeux de mots intraduisibles ou des particularités japonaises.
Bref : J'ai peur que ça soit le type d'animé qui a sciemment décidé de n'adapter que le début du manga et de n'en jamais donner suite, afin de booster les ventes d'un titre. Néanmoins les douze épisodes de Born To Be On Air s'avalent sans déplaisir et j'adorerais des titres qui font la même chose : des animés comiques d'adultes qui parlent aux adultes sans que ça ne soit violent, gore ou autre.