Des débuts un peu compliqué pour moi, j'ai trouvé la construction narrative un peu mal foutue aux premiers abords. On fait beaucoup (trop) de sauts dans le temps, on jongle d'un personnage à l'autre trop rapidement, on a pas le temps de prendre nos marques durant les 2 premiers épisodes. Il faut un temps d'acclimatation qui se manifeste à partir du troisième épisode. Ensuite j'ai commencé à réellement cerner les enjeux et les questionnements soulevés par chaque entités.
Dans l’écriture on retrouve ce qui fait la force de la série The Wire et l'importance que David Simon porte envers la recherche des causes profondes et sérieuses de la situation à Baltimore : en l’occurrence ici c'est un scandale lié à "la Gun Trace Task Force" un groupe de police créé pour lutter contre cette criminalité de rue. Le groupe de Police avait de très bons résultats mais au mépris de toutes règles. Le série tisse sa toile autour de plusieurs entités pour nous montrer les maux qui gravitent autour de cette crise :
- la formation et les actions menées par la Gun Trace Task Force, des individus bas du front portés par un grand Jhon Bernthal, qui agissent et réagissent selon un principe simple : faire du chiffre, encore et toujours. Pour leur enrichissement personnel et pour répondre aux exigences de la hiérarchie. Ils se sentent intouchable, la confiance et la protection qui leur sont accordés donnent un profond sentiment de légitimé et d'impunité aux membres.
- les hauts gradés des services de police : plutôt discrets, ils s'occupent de maintenir cette omerta autour des pratiques de leurs hommes de terrain. Je n'ai pas trouvé grand intérêt à les suivre, ils sont portés nottament par l'acteur Delaney Williams.
- la justice, une machine totalement obsolète et dépassée. C'est très parlant lorsque les jurés nommés témoignent au tribunal d'une expérience vécue avec la police de Baltimore les empêchant de remplir leur rôle de juré. Il y a une totale déconnexion entre la justice et la population de Baltimore.
- la brigade criminelle portée par le personnage de Sean M. Suiter (Marlo Stanfield de l'autre côté de la force...) ; un flic intègre. il représente vis-à-vis du spectateur la prise de conscience sur les dérives de la Gun Trace Task Force. Il s'en détache et sera rattrapé par son passé, chose insupportable pour son éthique professionnelle et sa vision de la fonction de policier.
Son parcours sera conclu par une fin tragique.
L'arc narratif qui tourne autour de la brigade criminelle est intéressant et permet de voir autre chose que les interventions, les magouilles et l'inaction des autres.
- le gouvernement et les services fédéraux : ils sont extérieurs à Baltimore, s'occupent d'enquêter et de rédiger des rapports. On suit des interrogatoires informels de certains policiers suspects grâce à Nicole Steele. Cette dernière se rend compte que la puissance politique et l'administration Trump empêchera la moindre avancée en faveur des habitants de Baltimore. À quoi bon continuer ? En parrallele des flics détachés menent l'enquête sur la corruption au sein de la a Gun Trace Task Force. C'est plaisant de voir les évolutions technologiques en place depuis The Wire.
Au final les flic noirs balancent sans scrupules et coopèrent. A contrario les blancs comme Hersl décident de ne rien dire et d'aller au bout du jugement. Ils prendront les plus lourdes peines. Le distinguo est intéressant. J'ai eu le sentiment que David Simon souhaite nous montrer que les afro américain, devenus flics, ne sacralisent pas la fonction et ne se prennent pas pour des héros. Ils ont tapé dans la gamelle et ont profité de la situation comme les autres, mais à contrario de certains ils savent qu'ils ont fauté et coopèrent sans soucis. Le personnage de Jemell Rayam dira "Wayne Jenkins veut qu'on la ferme, qu'on ne dise rien. Il croit encore à ce code d'honneur et à ces conneries". Ils ont une vision réaliste de la situation, ne vivent pas dans un idéal de la police qui n'existe pas (a-t-il seulement déjà existé ?) qui se représente super héros justicier contrairement à Jenkins qui est profondément habité par ce sentiment.
Cette série permet une immersion très réaliste dans un scandale policier d'envergure à Baltimore. On cerne les enjeux et chaque partie prenante remplie son rôle pour montrer au spectateur les dérives et les dysfonctionnements de la police, de la justice et des décisions politiques aux États-Unis. Le format en 6 épisodes rend le tout moins fouillé et captivant que The Wire. Certains protagoniste manque d'envergure, comme la maire de Baltimore. C'est également un peu brouillon dans la construction à certains moments.
Dans la forme la réalisation est très basique, rien de novateur. J'ai été marqué par la scène d'ouverture du premier épisode, John Bertnhal est un véritable shérif en uniforme. C'est le shérif du comté de Baltimore. Cette scène est remarquable.