Westworld
7.6
Westworld

Série HBO (2016)

Mon avis sur cette série qui a fait couler pas mal d'encre et éveiller beaucoup d'enthousiasme :
tout d'abord on peut parler d'une série très travaillé sur l'image. On sent tout de suite une série avec un budget impressionnant, tant au niveau casting, décors, réalisation et image/lumière.


Aparté N°1 : nous avons le droit à un nième générique ultra léché et long et finalement qui se ressemblent tous (ex: "The night of", Penny Dreadful, Daredevil, ...) alors que je trouve que la diminuation du temps du générique devrait aller de soi, comme pour Mister Robot ou bien être porté par une musique vraiment au dessus du lot (ma référence Game of thrones).


Aparté N°2 : la réalisation, pour moi n'a rien de formidable. Une vraie belle réalisation (et je parle de série évidemment ce qui reste toujours plus timoré que dans un film) c'est soit quelque chose de précis et réaliser avec un savant camouflage marque des très grands et qui vient servir le propos. Ou bien des montages, angles, propositions qui sont peut être plus tape à l'œil mais audacieux, inventif et qui pose une relation aux héros, ou une situation. Vous l'aurez compris, mon avis est que cette réalisation fait son job et pas plus.


Donc reprenons il a été fait un gros travail sur l'image/lumières et en étalonnage. On sent bien une différences de teintes entre le désert, monde des robots, et les laboratoires, monde des humains. Bref, un gros travail technique, donc bravo aux techniciens et chef op. Mais aussi, merci au budget encore :D .


L'univers aux premiers abords est intéressant, le contexte est bien planté et intéressant. Le far-west d'un côté (où tout sera permis) et les laboratoires aseptisés, sortes de coulisses des décors du parc d'attraction où les robots sont traités comme des veaux menés à l'abattoir.


Le propos : les auteurs montrent les robots dans les laboratoires nu sans pudeur et traiter comme du bétail. En gros, ils ne sont personnes. Et l'on va suivre donc le chemin vers l'indépendance que vont traverser plusieurs robots (les héros), jouets de riches dans ce parc d'attraction monstrueux.


Aparté sur la nudité : je trouve qu'elle est exposé de façon un peu racoleuse. Mention spéciale pour les sexes d'homme (pour les figurants) sauf d'ailleurs pour un des personnages secondaires, étonnant non ? Et prix spéciale pour Maeve qui a le droit à exposition qui devient gratuite de son anatomie (Est ce que le traitement pour les femmes est différent même pour les rôles principaux ?)


Ici nous sommes dans une allégorie sur la population : les classes pauvres et moyennes n'ont aucun pouvoir et sont à la merci des riches. Mais si cette populace était conscient de son pouvoir, elle pourrait se débarrasser des riches, thématique simple et efficace si bien traitée.


Ce lieu est ici plus qu'une aventure dont vous êtes le héros, c'est surtout la possibilité d'exprimer sa part animale la plus sauvage, pour une minorité fortunée, par un passage à l'acte de toutes ses envies et taboos de la société (meurtres, viol,...).


On trouve aussi une thématique symptomatique des américains je trouve : le Far West, où tout est possible, mais surtout tuer et baiser en toute impunité. Ils traitent du désir profond américain, une sorte de scénario inconscient. Donc cela pourrait être une belle idée de base et un beau matériau de la part des auteurs. Ils reprennent ce désir à peine refoulé du retour à une vie sauvage, une loi du Talion mais sans les conséquences ni les responsabilités. Tout bénéf pour les invités du parc, les puissants quoi ! Donc une vie décomplexée, tout à leur profit et sur le dos des petits.


Nous sommes donc dans ces histoires conçues et écrites de toutes pièces par un autre être humain pour des être humains et joués par des robots. Les humains se prennent rapidement au jeu et prétexte leur excès par le fait de l'inhumanité des jouets.


On retrouve un élément intéressant de la problématique américaine : une forme de schizophrénie, c'est à dire une forme de clivage. On est à la fois un humain respectable à l'extérieur et en même temps une bête sauvage dans ce parc de jeux pour mauvais enfants.


Ok pour cela, l'homme n'est jamais très loin de la bête, mais en pire car sans déontologie, seul outil qu'il ne partage pas avec les animaux. Ok....


D'un autre côté, les auteurs montrent des robots qui sont programmés mais seraient naïfs et candides et sans perversion. Et, si ils le sont c'est parce qu'ils ont été programmés pour cela. Les enfants de l'homme seront naïfs et propres.


Les auteurs prennent le partie que les héros robots vont obtenir leur autonomie mais parce que finalement ils vont devenir également violent et pervers et pire encore que leur créateur afin de se libérer d'eux... mais parce qu'ils ont été encore une fois programmé et pas qu'ils l'ont décidé seuls.... (ex: de Maeve même si finalement elle revient chercher une fille qui ne sont que les fragments d'un souvenir, et Dolorès qui finira par aller tuer son professeur Frankenstein).


Donc la thèse serait pas d'autonomie véritable de ces enfants de l'Homme. Mais ce n'est pas ce qui est vraiment dit par les actes ou bien ce que veulent démontrer les auteurs. J'ai comme l'impression d'un serpent qui se mord la queue ou bien comme s'ils voulaient démontrer quelque chose et prouve finalement l'inverse... en tout cas je n'ai pas l'impression de maîtrise du sujet.


Autre problème du point de vue scénaristique qui vient me gêner et perturber mon visionnage au fil des épisodes :
L'équilibre des forces en présence. Le grand méchant incarné par un Anthony Hopkins qui joue superbement (mais on reconnait presque Hannibal Lecter), et bien il n'est jamais mis en danger!
Il a pratiquement toujours raison à part lorsqu'il évoque Bernard qui a appris quelque chose dans le passé ! Donc ok conflit avec les héros sur sa logique/foi/croyances/objectifs. Mais il est ici le Deus Ex Machina. Je m'explique : Il l'annonce son plan, il le fait et personne ne se met réellement au milieu de sa route ou va l'en empêcher (ou bien tenter de le faire). Il manipule un Bernard Lowe (à noter mon acteur préféré), il manipule William, Dolorès... et peut être même Maeve.
Il est alors dans une impunité totale. Le vague élément du conseil qui vient se mettre sur son chemin n'est nullement un obstacle à la réussite de son objectif puisqu'il l'a déjà prévu. On va vite s'ennuyer à le voir venir faire ses interruptions magnifiques et raconter une partie du scénario parce que les auteurs n'ont pas trouvé d'autres éléments pour l'exprimer,... cela va bien avec le jeu d'Anthony Hopkins mais à force de le réutiliser cela sent la facilité.


Aparté savante et péremptoire :D : Hors une trame d'histoire réussite c'est que le héros et l'antagoniste ont le même objectif. Ou bien l'antagoniste va s'opposer complètement à celui du / des héros.


Ici c'est sans surprise que le personnage du Dr Robert Ford a toujours un coup d'avance et vient expliquer toute l'histoire. Il détient toutes les clés, il est aussi le conteur, il a un plan qui déploie sans vraiment d'obstacle... on est face à un démiurge qui apporte la lumière, la retire, fait le mal, fait le bien (en apportant un semblant de liberté aux robots...) bref où est l'intérêt.
Si l'on faisait une comparaison scientifique on dirait que c'est d'un déterminisme complet où le chaos de la vie n'a pas sa place. Hors c'est aussi ce chaos qui rend crédible l'histoire et où l'on s'attache aux héros, aux méchants... .


Enfin, la partie émotion :
je n'ai pas eu d'émotion pour les personnages, mon empathie est restée en 1er et n'a jamais décollée. De la curiosité oui, mais elle s'épuise si il n'y a pas le piquant du frisson et de l'angoisse pour les héros.


Ici, c'est de la mécanique bien huilée. Le mot qui me vient alors est dans le cérébrale, que je trouve une facette bien connue des films des Nolan. On voit une démonstration intellectuelle qui me laisse loin... très loin.
Je n'accroche pas à suivre Maeve. Dolorès va t elle arriver au centre du labyrinthe ? William va t il trouver la rédemption où réponse à ses questions ? Donc on dépeint une forme de tragique mais l'émotion n'est pas là pour moi.


Alors c'est très ingénieux, brillant... mais de loin surtout car une fois sur place... y a plus personne. Il y a plein de pistes d'idées incroyables... mais... émotionnellement... franchement.... j''accroche pas.
Les meilleurs idées ne sont rien sans empathie, ou alors tu prends le parti de rester à distance et on a un point de vue critique mais ici, c'est pas le cas: on est avec les héros.


Bref : C'est ultra cérébrale, de la beauté plastique, des grands décors et un grand casting, car je trouve que les acteurs jouent très bien, mais ce n'est pas ça qui fait une grande série.
Je dirais que cela manque franchement d'humanité, d'erreurs, c'est lisse et plat. Un exemple les deux laborantins qui sont aux ordres de Maeve mais pourquoi, ... il manque une réel piste sur la fascination et/ou la terreur.... enfin je pourrais citer pas mal d'exemple.


Un détail mais qui fait décrocher : Le capitaine de la sécurité disparait et personne ne se pose des questions... . Le personnage du scénariste boit et est vilain et puis... c'est tout... .


William à la suite de l'échec de sa quête pour s'élever ou je ne sais quoi apprend la vérité et là rien... il ne devient pas fou, ou autres chose... non il boit un verre à la dernière soirée... et retombe dans une passivité qui n'a rien à voir avec ce que devient le personnage au contact du parc et de Dolorès il y a des années de cela... .


C'est l'impression d'être devant une thèse de physique quantique mais sans la beauté des résolutions des équations qui sont propres à ce domaine.


La série est à l'image de son générique: beau, ingénieux et FROID.


Ah oui ! Un point positif à mes yeux, ouf j'en ai trouvé un ! :) : la réorchestration de morceaux connus et utiliser en contre point des situations. C'est pour moi un vrai point fort. Mais peut être l'un des seuls.

ERICEGE
5
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Créée

le 27 janv. 2017

Critique lue 645 fois

Eric ÉGÉ

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