On avait gardé dans notre mémoire le souvenir de Mondwest, film qui nous avait impressionné dans notre enfance et déjà soulevé quelques interrogations mystiques. Alors à l'annonce de l'arrivée de Westworld basé sur le même pitch on se demandait bien ce que le marketing des séries et les cohortes de scénaristes formatés allaient bien nous servir à notre menu cathodique, prêt à dégainer notre flot de colère. Et bien, les colts ne seront pas de sortie, car Westwordl ( du moins pour l'instant sa saison 1) est une vraie réussite.
Voilà en effet une série qui, dans la veine de Real human ou Robot, nous confronte au devenir possible de notre société numérique. Tous les grands thèmes philosophiques et existentiels qui surgissent face à l'évolution de notre société généré par une technologie qui tend à s'approcher au plus près de la vie y sont évoqués : l'éveil de la conscience au sein de la matière inerte qui ne manque de nous interroger sur notre propre genèse, la solitude que celle-ci génère face à l'immensité de l'univers et des interrogations qui surgissent. Bref autour d'une histoire où les scènes d'action sont distillées à bon escient pour ne pas transformer le récit en une simple boucherie animale, c'est tout un réseau de questionnement que cette série tisse au fil de son avancement. Jouant habilement de la parfaite ressemblance entre A.I. et humains tant au niveau physique que d'attitude, elle joue avec nos repères venant briser les certitudes sur lesquelles on avançait pour détruire nos référentiels et relancer tout l'intérêt de cette série qui se situe bien au-delà de son intrigue. Si les jeux de pouvoir entre les humains ou entre les humains et machine suffiront à certains pour suivre ce spectacle parfaitement réalisé, c'est le vertige intellectuel dans lequel elle nous plonge qui fait réellement le sel de cette première saison.
On ne cesse de s'interroger sur les sens de la vie, la place de la conscience, la perception de la réalité. Bref une série propre à torturer nos méninges dont on doute que les esprits américains ne collapsent pas au terme d'une seconde saison. Pour reposer son esprit (et encore), on cherchera à chaque retour du piano mécanique à deviner quelle chanson anachronique il nous joue dans le saloon du bordel. Une virgule ludique parfois un peu racoleuse, mais il faut bien céder au "main stream" pour attirer les spectateurs vers un niveau supérieur, car honnêtement aux vues de cette première saison, Westworld est une série qui pourrait parfaitement s'intégrer dans une soirée Arte le jour où la chaine aura compris qu'il ne faut pas forcement être entièrement abscons pour paraitre moins con. Ceci dit , je crains fort que, comme pour beaucoup de séries, la dimension philosophique ne se dilue dès la deuxième saison mais peut-être n'est-ce là qu'un procès d'intention. West and see.
Pour ce qui est de Monwest, évidemment dans la foulée, on a voulu revoir cette madeleine cinématographique et si l'idée de base est bonne le film n'a pas la même notion du temps que nous, est mal réalisé et sans aucun autre intérêt qu'une course poursuite filmée au ralenti. Comme quoi, aujourd'hui, la télé peut transformer le plomb en or.