Bienvenue au parc d'attractions Delos où vous pourrez assouvir vos instincts primitifs.Quarante-quatre ans après "Mondwest" (Westworld) réalisé par Michael Crichton en 1973, le producteur J.J.Abrams et les créateurs de la série, Lisa Joy et Jonathan Nolan décident de prendre à leur compte le récit de l'auteur de "Jurassic Park" ou du "13 ème guerrier" pour actualiser l'histoire, une histoire qui ne sera pas étriquée au sein d'un long-métrage, mais qui se décantera au travers d'une série TV. Durant 10 épisodes, Lisa Joy et Jonathan Nolan (frère de Christopher) à qui l'on doit le scénario d'"Interstellar" vont s'approprier l'ouest américain comme unique décorum (dans le "Westworld" de Crichton, le Moyen-Âge et l'Antiquité étaient aussi représentés). Le désert à perte de vue, Delos est un gigantesque jeu de rôles grandeur nature où l'être humain côtoie l'intelligence artificielle. La soif d'aventure, mais surtout l'immoralité et le vice sont le letmotiv des richissimes clients des lieux. Tout ce qui est interdit sur terre, Delos vous l'autorise. Sans spolier, certains humains y vivent même à demeure. Le Dr Robert Ford (Anthony Hopkins), généticien et informaticien de génie est à la tête de cette immensité factice. Grâce à un procédé high-tech, synthétisant la 3D et l' ingénierie informatique, ce véritable Dr Frankenstein et son équipe de chercheurs fabriquent des centaines d'êtres cybernétiques aussi humains que les humains eux-mêmes. Ces têtes de bétail, comme les nomme froidement Ford (véritable antithèse du milliardaire John Hammond, père du "Jurassic Park") sont appelés "hôtes". Ces "hôtes" composés de fermiers, bandits, soldats, villageois lambda, prostituées etc.. servent les infinies possibilités scénaristiques proposées aux visiteurs humains appelés "invités". Les lois de la robotique d'Asimov empêchent les créatures robotiques d'attenter à la vie des concepteurs humains, mais que se passerait-il si l'intelligence de la créature supplantait celle du créateur ? Ce qui était de la pure science-fiction il y a 40 ans devient aujourd'hui une réalité que l'on touche du doigt, c'est en cela que la série en est troublante. Jonathan Nolan met l'accent sur la limite ténue entre l'humain et la machine. La série se nourrit des visions de Crichton bien évidemment, mais s'imprègne surtout de celles de Spielberg ("A.I.", "Jurassic Park"), de Cameron ("Terminator") et plus récemment d'Alex Garland ("Ex-Machina"). "Westworld", malgré une lecture parfois confuse et complexe tant les personnages et les enjeux sont nombreux, reste une excellente série sonnant comme un avertissement sur les dérives informatiques, technologiques et éthiques de notre temps. Une deuxième saison permettra certainement d'apporter des réponses.