Westworld
7.6
Westworld

Série HBO (2016)

Saison 1


Je dirai que ça commence très bien, qu’il y a un coup de mou vers le milieu, et que le dernier épisode parvient à redresser la barre (disons que, sans trop en dire, la temporalité est intéressante, et surprenante).
Par rapport au film, les machines sont plus ressemblantes à l’homme. Dans le film original, le sentiment de malaise pouvait naître des imperfections des machines. Mais dans la série, c’est le contraire : c’est justement le haut niveau de ressemblance avec l’homme qui fait naître le malaise, et c’est sur cela que la série va surtout travailler, puisque la révolte des machines (dans le film, il n’y a pas de volonté de révolte, juste un dysfonctionnement) va prendre des tournures d’émancipation de minorités opprimées. Ces machines, si ressemblantes, finiraient, par améliorations successives, à acquérir la conscience, et ainsi à vouloir se venger de toutes les oppressions qu’elles ont subies de la part d’humains venus dans le parc pour assouvir leurs plus vils désirs. Mis c’est inutilement compliqué : je n’ai pas vraiment compris si les machines avaient acquis leur libre arbitre, ou si elles n’agissaient que d’après un plan établi par le pionnier du parc : c’est assez obscur, mais très important.
Le propos, bien ancré dans notre époque, moins subtil que l’original, tout en étant plus alambiqué, risque de ne pas survivre à d’hypothétiques revirements sociétaux. Ils ont mis à la tête de la révolte des représentants de minorités du monde réel : certain(e)s ont pu prendre plaisir à voir une fille mettre une raclée à Ed Harris, sauf qu’en fait non, puisque ce n’et pas une femme, mais un robot : ils ont tenté de brosser les minorités dans le sens du poil, mais en fait, ça ne marche pas. Reste que le côté revendicatif des révoltés reste assez agaçant par moments : de la vengeance assez malsaine car constamment rappelée, et pas forcément justifiée (le robot n’ayant pas de conscience, le mal n’est pas le même que sur des robots ayant conscience).
Je suis beaucoup plus intéressé par le personnage de Ed Harris, dont les scènes ont fini par constituer la seule raison de ma poursuite de la série. Son désir de « libérer » les robots semble plus proche des questionnements posés par le film original (coller à l’original n’est pas une qualité en soi, mais ici, je trouve que ce thème est plus intéressant), son objectif étant de procurer aux touristes (avant tout à lui), une expérience vraiment réelle, à l’inverse de cette invincibilité puérile dont bénéficient les touristes avant la révolte.


Saison 2


Bien mieux que la première saison (qui était déjà sympathique), les personnages gagnent en profondeur, et on partage le plaisir qu’on dû prendre les scénaristes à renouveler les cadres, pour plus d’exotisme. L’épisode de l’indien se distingue dans l’émotion. Plus généralement, comme certains personnages humains de la série, on s’attache à certaines personnalités de robots qui au départ pouvaient paraître assez antipathiques, à cause notamment e leur volonté de revanche qui passait systématiquement au premier plan. Du coup, a contrario, le personnage de Dolores m’apparaît toujours aussi antipathique (si ce n’est plus). Je ne sais pas si c’était l’objectif… D’un côté, je pense que oui (voir l’histoire avec le cow boy), mais d’un autre point de vue, elle reste la représentante de la minorité opprimée qui souhaite se révolter. Quoi qu’il en soit, elle est toujours un peu malaisante quand elle tire au fusil depuis son cheval au galop. La relative impuissance des humains au combat est à la longue un peu agaçante : elle sent la revanche fantasmée de la minorité humiliée. Dernier défaut à mon sens : la temporalité de la narration m’a parfois perdu. Tous ces défauts restent peu de choses en comparaison des grandes qualités de cette saison 2.

Chatov
7
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le 14 oct. 2020

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Chatov

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