Wormwood
6.5
Wormwood

Série Netflix (2017)

Réalisé par Errol Morris (Oscarisé en 2004 pour son documentaire The Fog Of War) et écrit par Steven Hathaway et Molly Rokosz, cette mini série de six épisodes retrace le chemin difficile vers la vérité d’Eric Olson, fils de Franck Olson docteur en chimie travaillant pour l’armée, en lien avec la CIA, qui se serait suicidé le le 28 novembre 1953 suite à une déprime sévère. Un docu-fiction qui retrace les expériences sur la manipulation mentale et les expériences que la CIA aurait mis en place dans les années 50/60.


Principalement montée par des interviews d’Eric, agrémentée d’images d’archives, la série joue également d’images fortes pour appuyer les propos et les réflexions du fils, de passages de films entrecoupée de scènes de fiction sur les dernières heures de Franck Olson. D'un bel esthétisme, minimaliste et tendue, une mise en image graphique et hybride : images de guerre, plans floutés et fantasmatiques, nous plongeront nous aussi parfois dans l'esprit embrumé de Franck et permettent ainsi d’être en phase avec son personnage. Un jeu de mise en page pour rappeler les années 60, doubles écrans, couleurs ternes, collages, et un générique perturbant où les images de chutes se retrouvent tout du long comme un moyen de chercher une réponse dans la répétition.


Les acteurs Bob Balaban, Molly Parker, Tim Blake Nelson, Christian Camargo et Scott Shepherd, sont excellents et Peter Sarsgaard proche physiquement d’Olson délivre une performance sobre et décalé toujours dans l’entre-deux, pour un homme dépassé par ses attributions, éœuré par les techniques de la politique américaine. La teneur des informations que lui-même détient sur les armes biologiques, le rendront prisonnier de l’organisation et l’homme vacille.


La série nous transporte dans ces heures sombres de paranoïa. Les techniques d’interrogatoires (Artichoke qui précède le projet MK-Ultra) et d’assassinats révélées dans leur petit manuel, la mise sous silence et les menaces, les tentatives de manipulation, la CIA est pointée du doigt constamment comme élément perturbateur et déclencheur d’une politique américaine obsédée par sa sauvegarde.


L’illégal Projet MK-Ultra est révélé en 1975. Une technique permettant de tester sur des non volontaires les effets de médicaments et de substances illicites (LSD) et de vérifier la portée des informations révélées par les candidats. Test devant servir à faire avouer aux ennemis des informations liées à la guerre froide. Les USA au début de la guerre de Corée sont persuadés que la Corée du nord utilise le lavage de cerveau sur des américains.Le projet pour la sécurité nationale est donc financé et dirigé principalement par le Dr Sidney Gottlieb , le but ultime étant le sérum de vérité. Mais c’est la manipulation qui ressort de ce travail d’investigation, le LSD aurait été mis en avant pour occulter les réelles motivations de l'organisation.


Le président en exercice Gerald Ford en 1975 sera le premier à recevoir cette famille 22 ans plus tard lorsque l’idée du suicide intervient et que la thèse de l’accident commence à s’étioler pour en arriver à l’idée du meurtre et ensuite de l’évidente exécution.
Les investigations de la Commission Rockefeller appuieront la famille. Mais là encore les soutiens politiques à la famille dans cette démarche n’est que manipulation à éviter un procès...
Malgré un chèque important pour tasser l’affaire, le fils continuera toute sa vie à tenter de faire la lumière et nous comprendrons aisément son obsession et on est admiratif de sa pugnacité. Aujourd’hui encore, cet homme reste marqué.


Eric Olson est un vrai régal. Dans son choix des mots, les liens et les rapports qu’il nous soumet et son utilisation du langage. Ayant travaillé sur la méthode de collage pour chercher par les images les réponses enfouies, Eric ne se trompe pas dans ses mots choisis et révèle ainsi toutes les erreurs et contradictions de tous les acteurs de l’époque en profitant lui aussi à faire son propre cheminement.
Quoiqu’il en soit de la vérité celle-ce ne pourra pour diverses raisons être révélée et c’est ce constat, pourtant bien connu, qui laisse un goût amer. Et à nous d’être toujours surpris de ce terme démocratique en drapeau mais qui ne trouve jamais son sens.


Une réussite et pour ceux qui apprécient les séries d’investigation, ce documentaire permet par la fiction des changements de rythme et une attention renouvelée à chaque épisode.

limma
8
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le 29 déc. 2017

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