Yellowjackets est une série géniale. À première vue, on croit plonger dans du fantastique : un crash d’avion, une forêt mystérieuse, des symboles étranges… tout laisse penser qu’il y a une force surnaturelle à l’œuvre. Mais peu à peu, on comprend que le vrai monstre, c’est la folie collective. Ce n’est pas le fantastique qui domine, c’est la psychologie humaine poussée à ses limites.
Le développement des personnages est l’un des gros points forts de la série. Chaque membre du groupe a son propre arc, ses failles, ses obsessions. On les découvre adolescentes, puis adultes, et la narration éclatée entre passé et présent montre comment le trauma continue de les façonner.
Le retournement est magistral : le spectateur comprend peu à peu que ce qui semblait surnaturel n’est en réalité que le produit d’un mécanisme de survie. Dans la forêt, les filles doivent s’organiser pour vivre, et pour ne pas sombrer dans le chaos total, elles inventent des rituels, une forme de sacré. Ce sacré devient une justification, un outil de cohésion, mais aussi une arme de pouvoir.
À mesure que les règles habituelles s’effondrent, de nouvelles lois émergent : la survie prime sur tout, et la hiérarchie se redéfinit en fonction de la force, de la peur et des croyances qu’elles nourrissent elles-mêmes. Plus le groupe s’auto-alimente dans ses mythes, plus il s’éloigne du monde rationnel qu'elles avaient au point que certaines refusent de revenir.
Et même adulte, elles sont gardés ces codes, car c'est le seul moyen de vivre avec. Elles continuent. Les deux qui n'acceptent pas finissent droguée et alcoolique.
Ce n'est une série sur la survie, de type survivor, mais sur sur la construction du pouvoir et du sacré dans des conditions extrêmes. On n'est pas dans "que ferais-je pour survivre" mais dans comment on construit nos mythes pour survivre.