Yellowstone est une série qui doit beaucoup à Sons of Anarchy dans ses thématiques. Le drame familial qui s'y joue convoque principalement la question de la filiation, de l'héritage ainsi que de celle de l'identité sous fond de guerre de territoire brutale qui ne ménage pas les scènes ultra violentes, tout comme sa grande soeur spirituelle.
Pour autant, Yellowstone ne se limite pas à n'être qu'une série s'inspirant des plus grands. Elle trouve sa patte dans ses décors somptueux, une mise en scène élégante ainsi que dans sa capacité à émouvoir a tous les instants par son réalisme et la profondeur de ses personnages. Taylor Sheridan, son créateur, a lui-même vécu dans un ranch dans sa jeunesse, et cela se ressent dans la façon qu'il a de mettre en scène un mode de vie archaïque.
On n'est pas ici du côté d'une idéalisation naïve, mais au contraire d'une oeuvre qui regarde dans les yeux tous les défauts du mode de vie qu'elle déplie et les raisons pour lesquelles il est voué à disparaître. Là aussi, le rapport avec Sons of Anarchy paraît évident mais Yellowstone s'en distingue par la mélancolie qui accompagne sa démonstration.
Cette dernière est parfaitement incarnée par Kevin Costner, patriarche qui fait face à l'effondrement de tout ce qui a construit, autant d'un point de vue familial que de celui des possessions matérielles (les deux aspects étant indissociables symboliquement). Accompagné par toute une galerie de personnages qui se complètement parfaitement et sont tous parfaitement joués et nuancés, il lutte pour un combat perdu d'avance avec un panache a la fois admirable et pathétique. Le ton de la série est alors assez subtil pour naviguer dans cet entre-deux, pouvant autant susciter la tristesse du spectateur que sa colère ou sa joie. Alors même si certains arcs narratifs se révèlent plus faibles et convenus que d'autres, voire incohérents, l'émotion l'emporte sur le reste et on pardonne a Yellowstone au vu de tout ce qu'elle nous offre en retour.