Les meilleurs films de 2012 selon Julien Lada

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Oh, je vous vois venir : le vilain manque d'originalité! Il a repris le film de l'année de la rédac' de Première, de l'Express, d'Aurélien Ferenczi de Télérama, de l'International Online Film Critics' Poll... Espèce de vil suiveur, mouton cinéphilique! Et pourtant, il y en a des raisons de mettre La Taupe au top du top! Premièrement, avouez que vous auriez pu difficilement vous passer de cet hilarant jeu de mots. Ensuite, parce que c'est à mes yeux le film qui en 2012 se rapproche le plus de l'idée de chef-d'oeuvre dans toutes les composantes qui font le cinéma. L'esthétique, par la reconstitution minutieuse et classieuse des bureaux de l'Intelligence britannique des années 70, avec ses murs capitonnés, ses costumes grisâtres et ses lunettes épaisses du dandy austère George Smiley. La technique, par la mise en scène calibrée au millimètre d'Alfredson, la précision du montage de Dino Jonsäter et la splendide photo de Hoyte von Hoytema, sans oublier les compositions d'Alberto Iglesias. Le scénario, par le dosage astucieux, ni trop abscons, ni trop simplificateur, dans l'adaptation du roman réputé très difficile de John le Carré. L'émotion, à travers le parcours de ces hommes qui découvrent les trahisons venant de leur propre camp et voyant l'édifice qu'ils ont construit s'écrouler sous leurs yeux, culminant dans la plus belle séquence finale de l'année au son d'une reprise improbable de La Mer par Julio Iglesias. Et plus que tout, par le bonheur de voir un casting de Rolls Royce (Gary Oldman, Colin Firth, Benedict Cumberbatch, Tom Hardy, John Hurt, Ciaran Hinds, Mark Strong, et ça continue!) vrombissant toutes à l'unisson. Oui, définitivement, cette Taupe-là a un petit goût du divin.

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Comment mettre des mots sur ce qui ressemble au sublime? Difficile exercice, tant le charme des Enfants Loups se joue sur quelque chose d'indicible, qui ne tient qu'à des petites tranches de vie, des moments d'émotions grâcieux qui nous font nous lover dans notre fauteuil avec l'impression de se sentir bien. Car Les Enfants Loups est un film profondément chaleureux, une ode salutaire à la famille et à la maternité, portrait d'une mère courage qui dédie sa vie à protéger ses enfants non seulement du monde qui les entoure, mais aussi d'eux-même. Ca aurait pu être un médiocre téléfilm allemand du mercredi après-midi sur TF1, c'est au final le film le plus émouvant et le plus sincère de 2012.

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Si cette sélection ne se fondait que sur des critères esthétiques, Moonrise Kingdom l'aurait emporté haut-la-main, et ce top 15 aurait été bien plus facile à construire. Mais même s'il n'est “que” troisième, on ne pourra que s'incliner devant la dernière oeuvre de Wes Anderson. Si elle n'égale pas à mes yeux le sommet de sensibilité que constitue Rushmore, on peut sans tomber dans le verbe facile qualifier ce film de “film-somme” de l'art andersonien. D'une totale perfection formelle (voire formaliste), les aventures de ces Roméo & Juliette version scout sont non seulement touchantes, mais teintées d'un léger érotisme estival qu'on n'avait que trop peu entrevu chez Anderson, et avec lequel il se débrouille à merveille. D'un casting phénoménal (Bill Murray est toujours Dieu sur Terre, ne l'oubliez pas), on retiendra surtout les deux petits nouveaux, Jared Gilman et Kara Hayward, dont on relira très certainement les noms dans les colonnes de nos magazines ciné préférés dans quelques années. Moonrise Kingdom, c'est à la fois le beau et le bien fait, et on en redemande!

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La sensation indé de 2012 est arrivée précédée de critiques tellement élogieuses qu'on pouvait légitimement craindre la désillusion. Ce ne fut nul le cas, bien au contraire. Les Bêtes du Sud Sauvage tient toutes ses promesses et s'avère être une merveille de cinéma, un de ces petits trésors débordant d'humanité et d'émotion. A travers l'histoire de la petite Hushpuppy, Benh Zeitlin charrie une iconographie, une presque-mythologie édifiante et somptueuse, portée par la charge poétique de majestueux aurochs dans les décors sublimes du bayou. En collant au plus près à l'imaginaire onirique de la petite fille, Zeitlin offre un premier film absolument bouleversant, porté sur ses frêles épaules par la jeune Kuvenzhané Wallis, renversante d'innocence et de candeur. Pari réussi : dans des dizaines d'années, on se souviendra qu'un jour, une petite Hushpuppy vivait dans une Baignoire avec son papa.

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Poursuivons dans la veine des films bizarres avec le film qui, de l'avis de votre serviteur, aurait dû concurrencer Amour dans la course à la palme, bien plus que le bien faiblard Reality. N'ayant aucun atome crochu particulier avec Carax, c'est avec l'oeil du profane que je me suis laissé trimballé dans ce film étrange, réflexion grandeur nature sur la force évocatrice du cinéma, et surtout sur la toute-puissance de l'acteur, ce qui ne fait jamais de mal à préciser. Et quel acteur ici! Protéiforme mais toujours génial, Denis Lavant erre à travers chaque segment comme une marionnette de pâte à modeler façonnée par Carax et emporte tout sur son passage. Alors oui, le film est imparfait et se plombe parfois à coups à trop jouer les poseurs, mais certaines de ses géniales fulgurances resteront parmi les plus beaux moments de cinéma de l'année.

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L'an dernier, la Palme n'avait pas eu l'honneur de mon top 15 du fait de l'abondance de bons films. Cette année, elle trône en bonne place, bien que je me garderais de comparer les deux lauréats. Que dire sur Amour qui n'a pas déjà été dit, sur les interprétations bouleversantes d'Emmanuelle Riva et Jean-Louis Trintignant, sur la manière dont Haneke a réussi à capter la sourde douleur de l'homme qui voit la femme qu'il aime se décomposer sous ses yeux, sur le choc que l'impudeur du traitement de la fin de vie suscite sur quiconque verra ce film. Un film simplement magnifique et essentiel.

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Nos vieux réalisateurs se sont pour certains offerts une cure de jouvence en cette année 2012, et tout comme Coppola, William Friedkin a choisi l'option régressive. Avec double dose de méchanceté. Car plus que mal élevé, Killer Joe est un film méchant, qui vous mord le mollet, vous crache sa salive poisseuse à la figure et vous fait ressortir de la salle lessivé jusqu'à l'os comme une vulgaire cuisse de poulet frit. Jubilatoire comme le sont les films qui professent leur amoralité avec une telle effronterie, Killer Joe est aussi le film d'une rédemption et d'une révélation. Les tablettes de chocolat exposées éhontément comme cache-misère sur des pubs Dolce & Gabbana se sont enfin rompues et la chrysalide vient d'éclore : Matthew McConaughey est un putain d'acteur, et il a trouvé le rôle de sa vie.

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On peut le dire maintenant avec le recul nécessaire : la sélection cannoise ne fut sans doute pas au niveau de l'exceptionnelle édition 2011, mais elle fut bien plus déglinguée. Beaucoup d'objets cinématographiques non-identifiés, parmi lesquels on retrouve ce Cosmopolis. Adapté du roman de Don DeLillo, voilà un film d'anticipation radical, qui ne se laisse pas aborder facilement mais qui, une fois apprivoisé, se révèle être une oeuvre de destruction massive brillante des idéaux du capitalisme le plus vorace. On rendra grâce également à la prestation épatante de Robert Pattinson, qui avec quasiment autant d'expressions faciales que dans Twilight parvient à donner corps à ce héros-serpent de mer qui nous échappe sans cesse. L'un des oubliés du palmarès.

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Un peu l'anti-Skyfall : fauché (30 fois moins de budget!), bancal et mal fagoté, Twixt, c'est le geste d'un artiste qui retrouve l'espièglerie des films de jeunesse après avoir signé quelques monuments du septième art. Plus de pose arty, de métaphysique de comptoir, juste un trip assumé au beau milieu des genres bâtards du cinéma. Envoûtant et captivant malgré ses faiblesses, ce film fait partie de ceux qui ne laissent pas insensibles, qui se veulent libres, impulsifs et génialement foutraques.

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Un James Bond dans ma liste de fin d'année, je suis le premier à me pincer. Après avoir vu défiler les 22 premiers épisodes avec une relative indifférence, ce nouvel opus, sombre, racé et élégant, reprend la formule du héros crépusculaire qui a fait le succès des blockbusters d'action ces dernières années, avec une réelle habileté. Si on y ajoute la prestation impeccable de Javier Bardem, la beauté de la photo de Roger Deakins et de la mise en scène de Mendes, le générique le plus envoûtant de l'année avec celui de Millénium et une envie salutaire de faire un peu varier les codes immuables de la série, on obtient le blockbuster le plus cool et le plus classe de 2012.

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Le trip le plus fucké, barré, déjanté que le cinéma d'animation nous aura offert cette année. Un déluge de couleurs carnavalesque, des gags en cascade, une 3D pour une fois un peu euphorisante, et le délicieux accent français plus vrai que nature de Frances McDormand font de cet opus de loin le meilleur de la série, et le plaisir coupable de l'année! Et même ma conscience hipster est sauve puisque le scénario est signé par Sa Majesté Noah Baumbach!

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Les connaisseurs du cinéma britannique contemporain connaissent forcément Paddy Considine pour être le tête de ce type dont se souvient pas le nom et qu'on a vu traîner dans à peu près tout ce que le cinéma de ce pays a produit de mieux cette dernière décennie (Meadows, Winterbottom, Edgar Wright, l'excellent Submarine...). On découvre ici le réalisateur, tout aussi fascinant que l'acteur. On est dans la tradition du cinéma social nord-européen, ce n'est donc pas forcément toujours d'une grande délicatesse, mais la violence qui se dégage de ces deux destins qui s'entrechoquent, magnifiée par l'interprétation édifiante de Peter Mullan et Olivia Colman, est un choc qui ne laisse pas indifférent.

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Le réalisateur du surcoté Un prophète renconte l'actrice la plus surcotée du cinéma français et le mec qui joue dans le seul film que tout le monde a adoré en 2012 et que j'ai pas vu. Sur le papier, ça valait 3 sur SensCritique. Au final, une longue hésitation pour savoir si ce film aurait mérité ou non la Palme. Mélancolique mais pas larmoyant, touchant et pudique, ce mélo qui procède par petites touches m'a réconcilié avec celui qui avait signé l'excellent De battre mon coeur s'est arrêté, m'a confirmé après Minuit à Paris qu'il y a bien une actice française qui s'appelle Cotillard, et me fait rager plus encore de ne pas avoir Bullhead.

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Une parodie de slasher un brin méta, mais avant tout très finement écrite, jouant avec les codes du genre sans jouer au petit malin. L'archétype du petit film qu'on va voir sans grandes attentes et dont on ressort ravi. Et avec la certitude d'y avoir vu le tandem de potes le plus attachant de 2012, Tyler Labine et Alan Tudyk. Le divin booty de Katrina Bowden a certainement joué son rôle également.

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L'histoire d'un mec qui voit des orages et des tempêtes avec autant d'acuité qu'un bulletin de Météo France. Sauf que Michael Shannon jouerait Louis Bodin, il resterait formidable. Jessica Chastain, des plans oniriques sur des beaux paysages, un rythme lent et contemplatif. Ce Jeff Nicholls a un peu de Malick en lui. Sauf qu'il sait conclure ses films, lui.