Les meilleurs films de 2015 selon Venceslas F.

Annotation :

Critique : https://www.senscritique.com/film/Birdman/critique/129090035

Annotation :

Au-delà d'être une belle claque technique, qui n'est finalement que pure prouesse et une recherche de démesure de la part de son réalisateur, Victoria reste tout de même intéressant dans la manière qu'il a d'utiliser le plan-séquence : celui-ci apporte un aspect fiévreux au film (dans la performance des acteurs et dans la technique) qui s'insère à merveille dans la dramaturgie et la narration, rendant une intensité émotionnelle rarement vue sur les écrans et qui se retrouve accentuée par l'absence de coupe ainsi que le scénario simplifié au maximum par soucis de limpidité. Au début, on est traversé par un doux sentiment de quotidien – qui n'est pas le fait du plan-séquence à lui seul, les dialogues et les comédiens y sont également pour beaucoup –, on ne sait pas où Victoria veut nous emmener pendant au moins trois bons quart d'heure, il prend son temps pour se dévoiler. Puis tout se dessine – peut-être un peu trop vite il est vrai – la tension, l'urgence, le stress rendu d'autant plus marquants que la caméra nous colle à chaque instant aux personnages sans jamais les lâcher. Et enfin une violence, aussi soudaine que brutale, dont la puissance est accentuée par le plan-séquence et ce sentiment de quotidien que le film avait instauré devient alors pure horreur. Vaniteux ? Victoria l'est certainement. Brillant ? Assurément. Mais c'est surtout une œuvre dont la nervosité a rarement été égalée et qui se drape de l'amère mélancolie d'une belle histoire jamais commencée qui est peut-être, au fond, ce qu'il reste du film à l'arrivée : l'impression d'avoir assisté à une tragédie dont les personnages connaissaient déjà eux-mêmes la fin, ce qui rend leur impulsion à vivre que plus belle.

Annotation :

poème, image, instant, visuel, cinéma,
lyrisme, pensée, abstrait, rêve, contemplation, nature, grâce,
terre, sol, ciel, soleil, plage, nuit, beauté,
musique, mélodie, harmonie, son, murmure, bruit,
luxure, excès, folie, foule, vide,
parenthèse, intermittence, éphémère, fragile, délicat,
famille, regret, fuite, fracas, chaos, silence,
pérégrinations, touriste, vagabond, pèlerin, homme,
conversations, réponses, muet, caméléons,
personne, nuage, eux, frères, messagers, union,
elle, amour, mariage, toujours,
jeunesse, vieillesse, richesse, pauvreté, sublimation, renaissance,
voyage, mystique, spirituelle, incorporel, introspection,
perdu, cacher, effacer, révéler, trouver, se retrouver, vérité,
tristesse, souffrance, abandons, retrouvailles, joie, félicité,
âme, foi, perle, Lui.

Tu vois Terrence, que c'est parfois chiant un récit cohérent mais non structuré.

Plus sérieusement, je suis assez surpris d’avoir autant apprécié ce Malick alors qu’il est celui le plus proche de Song to Song, qui avait été une véritable torture. On est toujours face au héros malickien, c’est-à-dire un homme éprouvant un soudain choc spirituel, et souvent émotionnel, qui cherche alors des réponses, notamment par l’introspection, et qui trouve sa rédemption dans Dieu, ou quelque chose de très similaire. Je caricature à peine. Peut-être que je m’habitue au cinéma de Malick, et accepte lentement qu’il fait ses films pour lui et personne d’autre. Néanmoins, je trouve toujours que le manque de structure dans ses films leurs font défauts. C’est comme si le film était un corps sans squelette. C’est en même temps tout le charme des films de Malick mais aussi ce qui fait leur plus grande faiblesse.

Annotation :

Mustang, sans être prévisible, ou du moins sans créer des sentiments négatifs inhérent aux films prévisibles, est assez académique pour un film portant sur le sujet qu’il aborde. Il remplit le cahier des charges du bon petit film indépendant sans pour autant donner quelque chose de plus à son spectateur, contrairement à des films comme Virgin Suicides, Canine ou Room – qui sont trois films que j’ai eu presque immédiatement en tête pendant mon visionnage. Chaque péripéties se déroulent comme on l’attend et on n’est peu surpris, pour autant qu’on soit habitué à ce type de cinéma. En somme, Mustang fait exactement ce qu’on attend de lui, ce qui est fort plaisant mais qui laisse un goût amer d’incomplétude à la fin du visionnage. On s’attend à être révolté par ce que l’on voit, et on l’est, mais on reste toujours dans un déroulé convenu, ce qui est bien dommage.

Le film bénéficie d’un style naturel et réaliste, le rapprochant donc esthétiquement du documentaire, ce qui renforce l’immersion du spectateur dans l’histoire. Mais à part ça, et quelques belles images, la mise en scène reste assez académique. J’aime cependant le fait que le film ne baigne jamais dans le pathos. Ça aurait été très simple et pourtant à chaque instant la douleur est silencieuse, ce qui la rend d’autant plus forte. On oscille entre un moment de malaise insoutenable et une scène plus intimiste, plus douce, ce qui nous met, nous spectateur, dans la peau de ces cinq sœurs car on partage tous les moments de leurs vies, les bons comme les mauvais. Et, au sujet des sœurs, il faut évidemment saluer le jeu des actrices. Beaucoup de films sont gâchés par des mauvais acteurs enfants, ou une mauvaise direction d’acteur, mais heureusement ce n’est pas le cas de Mustang. Ici, les actrices sont pleines de justesse et totalement bluffantes pour leur jeune âge, particulièrement Güneş Nezihe Şensoy – Ah, la Turquie !

En résumé, Mustang ne propose rien d’exceptionnel en matière de cinéma pur mais son propos engagé et les émotions qu’il créer chez le spectateur en font, si ce n’est un bon film, un film captivant et marquant.

Annotation :

Annotation : https://www.senscritique.com/activity/177989005

Annotation :

Savoir qu’Eskil Vogt a coécrit les quatre films de Joachim Trier permet de se donner une bonne idée de ce à quoi ressemble Blind. Avec une tendresse, et paradoxalement une froideur, typiquement norvégienne, Eskil Vog livre un film sensoriel grâce à une mise en scène des détails, aussi bien visuels que sonores. Blind vogue à la frontière de la réalité et de l’imaginaire, faisant toujours s’interroger le spectateur sur la véracité de ce qu’il voit à l’écran. Commençant par un récit assez éclaté, où l’on s’y perd très facilement, le mystère qui entoure Blind s’éclaircit peu à peu, ce qui n’empêche pas le film de continuer croissant dans sa bizarrerie, qui peut être aussi attendrissante que glauque.

Blind reste toutefois toujours sobre dans sa dramaturgie, sans sacrifier des passages vraiment touchants ainsi que des séquences non sans humour. Dans sa dissection de la solitude de ses personnages et de l’acte de regarder, Blind n’évite pas quelques fautes de goût assez vulgaires et gratuites, qui restent néanmoins minimes devant la réalisation aussi maîtrisée que surprenante d’Eskil Vog. Blind est une psychanalyse de la solitude par l’imaginaire qui mérite probablement un deuxième visionnage pour que son sens profond soit dévoilé au spectateur, en restant, tout de même, un film déjà fort plaisant dès la première fois que nos yeux se posent sur cet objet cinématographique légèrement atypique mais surtout fort attachant.

Annotation :

Moi qui n’avait pas du tout apprécié Después de Lucía, je suis assez surpris d’avoir autant accroché à Chronic, surtout vu sa moyenne. C’est peut-être parce qu’avec ce film, Michel Franco se rapproche un peu plus du cinéma de Haneke, Chronic ayant de nombreux points communs avec Amour du réalisateur autrichien. Le style est minimaliste, frontal et froid – mais c’était à prévoir avec le sujet abordé – la réalisation optant souvent pour des plans-séquences, avec une tendance prononcée pour les plans fixes. Michel Franco choisit de traiter ses thèmes de manière authentique, en se rapprochant plus de l’intimiste que du pathos.

Franco construit son film par des oppositions. Par exemple, l’opposition entre une lumière vive et une végétation luxuriante dans les scènes d’extérieur face à des couleurs ternes, toujours entre le bleu et le gris, lors des scènes avec les patients, opposition évidente entre la vie et la mort. On peut aussi retenir de la réalisation une tendance à enfermer les personnages dans le cadre, créant donc un cadre dans le cadre, par le biais de porte ou de fenêtre notamment. Le symbole de l’enferment dans la dépendance mutuelle entre soignant et patient (un des thèmes du film).

Comme c’était le cas pour Después de Lucía, les révélations concernant les personnages se font par des bribes d’information, afin de laisser le spectateur reconstruire ce puzzle qu’est la psychologie des personnages, pour se retrouver, à la fin, avec un tout cohérent. De là à attribuer à Chronic le prix du meilleur scénario lors de l’édition 2015 du Festival de Cannes… surtout qu’il y avait The Lobster en compétition cette année là. Enfin bref, ce n’est pas le prix le plus mérité de l’histoire du festival. Un prix plus mérité aurait été celui de l'interprétation masculine pour la performance de Roth – toujours juste, autant dans la gestuelle que dans la diction – mais bon, Vincent Lindon avait déjà gagné ce prix avant même que le festival ne débute.

Annotation :

Et bien, quelle surprise. J’avais, je ne sais pourquoi, un mauvais souvenir de l’Ère d’Ultron mais force est de constater que c’est un bon film de super-héros qui arrive presque à rivaliser avec le premier Avengers, voir à le surpasser sur certains points. Comme au niveau de l’humour par exemple. Ici, il est très bon et semble vraiment être naturel. L’action est bien filmée, il suffit de voir le premier plan pour s’en rendre compte. Et, cette fois-ci, chaque personnage a le droit à son développement sans pour autant que l’idée de rassemblement soit perdue à un seul instant – là encore, le premier plan est, je trouve, un bon exemple. Les effets spéciaux, et plus généralement l’esthétique, sont dans l’ensemble plutôt bons pour un film Marvel, ce qui est dû, entre autre, à la multitude d’endroit où le film prend place.

Ensuite, certes, le méchant est assez classique, assez manichéen. Néanmoins, ce qui fait d’Ultron un bon méchant c’est le reflet qu’il renvoie sur les personnages. Iron Man notamment mais pas que. La confrontation entre le bien et le mal au sein de chaque personnage prend un peu plus forme avec Ultron, et les visions de Wanda, ce qui amènera aux événements de Civil War. Ultron peut en décontenancer certains, notamment avec son humour – qu’il hérite de Stark, donc ce n’est pas si surprenant –, mais je trouve que ça n’enlève rien à l’impact qu’il a. Ce n’est pas un méchant badass comme Thanos, ni un méchant charismatique comme Loki, mais ça reste un bon méchant dans l’ensemble. Le problème : c’est sa création, et non son développement, qui est importante dans l’histoire. Là est le défaut d’Ultron.

Mais, ce qui manque vraiment à l’Ère d’Ultron, c’est un souffle épique et une scène épique digne d’un Avengers. Il y a une impression presque de routine dans les évènements et c’est bien dommage. On ne sent pas le danger imminent comme dans Infinity War, ou même le premier Avengers. Et puis, au niveau de la scène épique, il y a bien le travelling circulaire autour des Avengers lors du dernier acte mais l’absence du thème des Avengers rend cette scène, à mes yeux, moins grandiose qu’elle aurait pu l’être. Un détail, certes, mais qui pèse dans la balance quand on parle d’un film de super-héros, et surtout d’un film Avengers. C’est ce manque de grandiose, de tension, d’enjeux, bref, de tout ce qui pourrait créer de l’engouement chez le spectateur qui m’empêche de mettre l’Ère d’Ultron au même niveau que le premier Avengers.