Les meilleurs films de 2023 selon Valnight

Annotation :

Une claque comme j'en ai pas ressenti depuis longtemps en salle.

Damien Chazelle est un virtuose, il crée des mondes de toutes pièces, des spectacles sons et lumières, des objets immortels qui émouvront les gens encore 50 ans plus tard. J'en fait peut-être trop, mais je suis de ceux qui ont reçu une gifle monumentale par la brutalité de Whiplash, et qui ont pleuré toutes les larmes de leur corps en découvrant La La Land dans les salles obscures.
Même si son précédent film ne m'avait pas spécialement convaincu autant, je lui trouvait des qualités dans sa réalisation, mais rien ne pouvait me préparer à la tempête qu'était Babylon.

J'aime les films qui parlent de cinéma, parce qu'ils touchent au plus profond de leur être tant les spectateurs que leur créateurs, animés par la même passion commune de montrer à 24 images par seconde une idée, un spectacle, un rêve.
Et c'est ce que fait Babylon pendant 3h10, il invoque une époque, le Hollywood des années 30, et fait évoluer 5 personnages en marge dans des aventures et des travers toujours plus décadents, utilisant la nostalgie pour mieux la briser dans la minute afin de crier au monde que le cinéma a de l'avenir et que Babylon fait partie de cette révolution.

Ce n'est pas une lettre d'amour au cinéma, c'est LE cinéma, dans sa forme la plus excentrique et paradoxalement la plus pure. Dès le début on nous attire dans un univers de fête et de débauche où le carnage n'a jamais été aussi ordonné, tant qu'on est hypnotisé par ce qui se déroule sous nos yeux. Puis vient le cinéma, devant et derrière les caméras, l'instant magique, la beauté d'un plan, la simplicité d'un regard. Tout ce qui est montré est puissant, triste ou drôle et tout ce qui disparaît du cadre cesse d'exister. C'est plus que jamais le 7ème art, tant que j'étais obligé de pleurer face à cette fin si intimiste.

Je n'aurais pas la place d'épiloguer sur tout ce que j'aime dans ce film, mais Chazelle a peut-être signé sa plus grande réalisation avec ses mouvements de caméras tous évocateurs. La photographie est à tomber par terre, Margot Robbie aura son Oscar, Brad Pitt majestueux, Diego Calva la révélation de l'année. Enfin Justin Hurwitz, la force du jazz à la fois ancien et moderne, une BO qui colle comme rarement à son film.

Sortez de chez vous, découvrez ce film en salle, à toute heure, de tout temps, en VF ou en VO... Allez y, contrairement à ce que certains disent le cinéma n'est pas mort.

Annotation :

Suivre un obèse morbide, qui va bientôt mourir, faisant tout pour recoller les morceaux avec sa fille avant de s'en aller... Tu sens le film qui fait pleurer dans les chaumière ? Un critique qui ne l'aurait pas vu pourrait même titrer : "le nouveau pavé dans la marre, aussi bête qu'il est tire larme".
Et il n'aurait pas tort ce critique ! un film qui prône l'ouverture, forçant le drame jusqu'au point de non limite, complaisant au point de filmer comme un gros porc ce personnage obèse et de mettre un titre "la Baleine" à côté de son visage enflé... C'est pathétique...

Sauf que tout ce que je viens d'écrire plus haut est faux.

Tout le film est construit sur la sincérité, le fait de chercher la vérité sur soi-même au-delà de toute objectivité, car c'est comme ça que l'on évolue. Cette sincérité prônée et pourtant si crainte du personnage principal, préférant fuir le passé et se complaire dans la malbouffe plutôt que d'affronter sa condition. Seule reste cette dissertation sur le livre Moby Dick, vestige de son unique réussite.
Ce titre "The Whale" fait donc référence au livre Moby Dick, ça tout le monde l'avait compris, mais c'est ce parallèle qui est tout à fait fascinant. Car ici Charlie n'est pas la baleine, c'est Achab chassant le cachalot, pensant que s'il se dévoue dans une dernière quête, il partira en ayant accompli quelque chose. Sa vie est triste, malgré la compagnie, il est seul, il n'en a plus pour longtemps, comment pourrait-on lui promettre la guérison, la salvation, la libération, alors qu'il n'a rien d'autre que cette baleine, cette foutue baleine qui s'en fout bien du destin d'Achab.

Oui j'ai ouvert le robinet à larmes lors de ce film, plus d'une fois, parce que me raconter des choses tristes ça me touche, mais me montrer par tous les moyens que propose le 7ème art la détresse d'un homme perdu qui ne peut plus que positiver car c'est tout ce qui lui reste, ça me détruit. Je suis client de la mise en scène d'Aronofsky, son choix de cadre pour écraser son personnage, le rendant presque claustrophobe de sa propre histoire. Cette claustrophobie doublée de solitude est amplifiée par cet appartement qu'on ne quitte jamais, mais aussi et surtout par son choix d'acteur, Brendan Fraser, has been à la célébrité fanée. Une performance d’autant plus impressionnante qu’elle fonctionne, tellement bien qu’on se demanderait pourquoi on l’a appelé toute notre vie “le mec de la Momie”.