La violence du choc est d'autant plus forte et marquante que pendant un petit moment, on est intimement convaincu d'avoir affaire à un polar américain 80s très générique, pas folichon mais qui distillerait bien son charme suranné dans les règles de l'art. Avec en prime un petit sous-texte sur la corruption policière dans le New York encore un peu sale de la fin des années 80. Mais alors pas du tout.


"Blue-Jean Cop" (aka Shakedown) est un film de gros bourrin qui avance comme un gros bourrin : le scénario est quasiment inexistant, au sens où il déroule un programme en se foutant éperdument de la cohérence et de la vraisemblance de ses péripéties. Plus c'est gros et plus ça passe, surtout agrémenté de scènes de fusillades régulières comme on mettrait de l'huile dans des roulements pour en faciliter la mécanique. Du grand n'importe quoi de cinéma de bonhomme, avec supplément nudité pour satisfaire les mâles qui se sont lancés dans ce film d'action explorant avec beaucoup d'opportunisme les milieux de la pègre — en gros, des putes et de la drogue, le tout dirigé par un mac interprété par Antonio Fargas (dont j'adore toujours autant le physique, mais passons).


Peter Weller joue un avocat en charge de la défense d'un dealer accusé d'avoir tué un flic dans ce qu'il présente comme une situation de légitime défense, et on ne doutera jamais vraiment de sa sincérité. On ne comprend pas trop pourquoi mais il assurera en même temps l'enquête avec son pote flic Sam Elliott (un acteur que j'aime beaucoup aussi, ici dans un rôle so 80s, grosse moustache, barbe mal rasée, coupe mulet, un régal), mais bon, très vite on comprend avec eux que c'est grosses magouilles et compagnie chez les flics, et que plus ils fouinent plus ils mettent leurs vies en danger. Une side story présente sa situation sentimentale, promis qu'il est à une blonde écervelée alors qu'il couche avec une femme qui se trouve être l'avocate de la partie opposée... Plus c'est gros, plus ça passe, encore. Le film s'essaie à la séduction musicale en passant les Red Hot Chili Peppers et Jimi Hendrix dans les 2 premières minutes, il y a une drôle d'allusion à Clarence Darrow (l'inspiration du personnage de Welles dans "Le Génie du mal" de Fleischer), ça essaie de caser le plus de séquences burnées que ça peut, mais c'est effroyablement con, laid, et moralement dégradant (assassinat légitime en bonne et due forme servi en dessert).

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le 23 janv. 2024

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Morrinson

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