15 Big Ones
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15 Big Ones

Album de The Beach Boys (1976)

Bubbles and ripples floating through my mind / I must have drifted away

Chronologie The Beach Boys - Part. 20 :


https://www.senscritique.com/liste/chronologie_the_beach_boys/4141338


Il s'est passé 3 ans et demi entre la sortie de "Holland" et celle de ce "15 big ones". En comparaison , c'est quasiment le même laps de temps que celui entre la sortie de "Surfin' Safari", leur premier album, et celle de "Pet Sounds" , leur onzième ...


Pourtant il s'en est passé des choses, ce groupe semble incapable de se poser et de prendre des décisions au calme, mais pour le coup l'enchainement de péripéties ressemble plus à un retour en arrière qu'autre chose. D'abord Jack Rieley, manager aux idées assez brillantes jusqu'ici, choisit de rester en Hollande et de quitter son poste, fatigué par le chaos constant qui règne autour du groupe, et Blondie Chaplin fera de même peu après après une embrouille avec le nouveau manager et frère de Mike, Stan Love. Ricky Fataar lui emboitera le pas un an après, même si il restera dans l'entourage proche du groupe dans le futur. Un peu plus tôt, c'est Murry Wilson, père de la fratrie et premier manager du groupe qui tirera sa révérence à 55 ans suite à une crise cardiaque. Ce deuil aura un effet désastreux sur le moral de Brian , qui passera les mois suivants dans sa chambre à essayer de se tuer à petit feu à coups d'alcool, de bouffe et de drogue. En parallèle le groupe a du mal à décider leur nouvelle direction musicale tant les caractères et aspirations de chacun se sont éloignés avec le temps. Il est envisagé durant un temps d'achever "SMiLE" , idée rapidement balayée, puis le groupe ira enregistrer dans le Colorado aux studios Caribou, sessions dont très peu de morceaux seront conservés... Le tout entrainera un retard conséquent et très lourd financièrement sur leur contrat avec Warner, et on sent que la fin du groupe est peut être proche...


Pourtant dans la mélasse il y a une éclaircie : le succès phénoménal de la compil "Endless Summer" , qui regroupe la plupart de leurs classiques pré - "Pet Sounds", et replacera le groupe au centre de l'attention de manière totalement inattendue. Les frères Love y voient une perche inespérée et réalisent que la seule manière de sortir le groupe de ce bourbier est de faire un album à l'ancienne, c'est à dire produit et écrit par le génie Brian Wilson. Ils le sortent de sa chambre, lui foutent trois claques pour l'arracher de sa torpeur ébouriffée, le recoiffent sommairement et lui filent une pastille à la menthe avant de le trainer au studio fissa.


Pour se remettre en jambe, Brian choisit d'enregistrer uniquement des classiques Rock'n'roll , Doo-wap et R&B afin de retrouver la sève de leurs succès pops d'il y a 8-10 ans en arrière. Le résultat est mitigé, avec des réussites très sympas ("Rock and Roll Music" de Chuck Berry, "Palisades Park" de Freddy Cannon) et d'autres efforts au mieux poussifs , au pire complètement ratés (très dur de terminer par "In the Still of the Night" avec un Dennis très mal à l'aise au chant et surtout par "Just Once in My Life" que je trouve vraiment pas bon).


Brian voulait sortir uniquement des reprises mais Mike poussait pour que ce soit un mix moitié reprises , moitié compos, et c'est bien vu de sa part parce que ce sont de loin ces dernières qui sont les plus intéressantes. "It's O.K." convoque les meilleures heures des morceaux ensoleillés co-écrits par Brian et Mike, "Back Home" (vieux morceau composé dans les 60's repêché par Brian) et "That Same Song" sont très savoureux et catchys bien comme il faut. J'aime également beaucoup les deux morceaux chantés par Al , "T M Song" ,encore un morceau sur la méditation, mais qui a le mérite d'être drôle (ils ressortent le coup de la chanson "sketch" comme ils en faisaient parfois au début) et "Susie Cincinnati" , une chute des sessions de "Sunflower". Même la compo solo de Mike sur son grand pote le Maharishi, "Everyone's in Love with You" est vraiment chouette, et de loin la meilleure ballade de l'ensemble. Il n'y a que "Had to Phone Ya" que je n'aime pas trop malgré l'alternance des voix au lead , procédé que pourtant j'adore.


Il y a de bonnes chansons sur "15 big ones". L'ensemble est sous-produit et parfois bâclé , le choix des reprises est discutable, certaines compos peuvent paraitre superficielles , la voix de Brian fait peine à entendre mais globalement l'écoute reste agréable , surtout sur la première face.


Ce qui est pénible, c'est le procédé. On sort d'une série de 4 albums incroyables de "Sunflower" à "Holland", qui existent parce que le groupe a toujours voulu survivre à la dure, en allant vers l'avant. Si on va un peu plus loin, on a même la trilogie "Lo-Fi", elle aussi incroyable et inventive, et surtout qui avait un sens à ce moment là, créativement parlant. Alors que "15 big ones" semble renier tout cela, on dirait un album sorti le couteau sous la gorge, qui ne sait pas où aller et tentant de recréer un passé qui a disparu tout en ajoutant quelques nouvelles sonorités plus synthétiques. Dennis et Carl , pourtant en pleine ascension créative, sont coupés dans leur élan et muselés pour uniquement servir la soupe préparée par leur grand frère (chose qu'ils accomplissent avec un dévouement malgré tout très touchant), parce que visiblement c'est la seule chose que le public souhaite et c'est la voie à prendre pour se refaire financièrement et populairement.


Brian dira malgré tout que c'est l'un des albums qu'il a préféré enregistrer avec le suivant , peut être que c'est ça qui l'aura sauvé à l'époque ? En tous cas de mon côté j'ai vraiment l'impression d'un réel coup d'arrêt.



VinnieJones
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