Il m'est arrivé un drôle de truc dernièrement : je me suis inscrit sur spotify et allez savoir pourquoi je me suis mis à fureter sur les musiques à découvrir, les playlists par genre et voilà-t-il pas que je me mets en tête de vouloir écouter de la musique hispanique, latino-américaine ou espagnole. D'où ça sort cette soudaine envie? J'en sais foutre que dalle! Quoiqu'il en soit, en suivant une playlist sur flamencos et sevillanas, je prends un coup de cœur dans les esgourdes. Parmi toutes ces belles voix qui semblent d'une autre planète et qui me fouillent tout de même le bide, j'entends celle-ci, celle de Rocio Marquez. Et là je me mets en quête de tout l'album pour savoir ce que la dame a d'autres en caisse. Boulot difficile en France, mais j'y arrive.
1/ Infancia (Jotilla de Aroche y fendangos) : D'abord uniquement la belle voix de Rocio. Ensuite la guitare et les bruissements, les percussions se radinent. C'est un peu plus gai que la plupart des morceaux suivants, un peu plus nerveux dans le rythme. Normal, une jotilla est une danse. Très joli morceau, l'écoute est très douce, agréable entrée dans l'album.
2/ Las manillas del reloj (tango): très beau, très entraînant. Reste facilement en tête et en corps. Je me demande si ce n'est pas en écoutant ce morceau sur spotify que j'ai découvert la voix de Rocio Marquez. Elle va très bien avec ce rythme, battement de cœur, que le tango parait détenir comme un secret divin. J'adore ce morceau.
3/ Claridad: rythmé. Pas autant que le précédent, mais quand même plus rythmé que les suivants. Et puis les mimines entrent en scène et dynamisent totalement le morceau qui devient très vif, percutant. Le rythme s'enflamme, la voix s'essaie à le suivre. La guitare s'affole un peu. Ce chant donne son titre à l'album.
4/ Liberacion (romance y seguirilla) : très joli solo. Volutes de voix, de rythmes, de tonalités. Je vole très haut, emporté. Peut-être le plus beau travail de voix de Rocio Marquez sur tout l'album. Je ne sais pas pourquoi je le ressens, là, comme ça. Puis la guitare et les mimines nous rappellent à leur bon souvenir. L'accompagnement est vraiment bien fait. Ça ne casse pas le charme de la voix. Très belle chanson.
5/ A mi no meterme (tango, tanguillo, guajira): style différent, bien mobile. Avec la guitare, il y a des percussions derrière, une sorte de flûte. Des mains donnant le tempo se font entendre et augmentent le rythme. Agréable.
6/ Te dire : début jazzy avec ce saxo. Ensuite, la voix, la guitare et les mains arrivent très rapidement. Le saxo reste en fond. Le tout donne un ensemble très curieux, mais dans le bon sens du terme : un mariage réussi. J'aime beaucoup. Mélancolique et sûre, la mélodie est très prenante.
7/ Antiguamente eran dulces : guitare, flûte d'abord, puis des chœurs masculins font emprunter à l'album une voie distincte. Le rythme est très enjoué, beaucoup plus percutant. Très vivant. La voix de Rocio épouse ce changement de style avec bonheur, toujours autant de grâce. Joli moment. J'aime beaucoup.
8/ Aliviando (taranta): c'est une guitare qui débute. La voix de Rocio parait chevrotante, elle cherche à rester longtemps jusqu'au dernier souffle. Tout simple : une guitare, une voix. Soudain la voix se fait cri, et chante malgré tout. Ça fouille les tripes. Ce qui m'émeut, c'est ce sentiment, cette croyance qui s'impose : la voix s'étire, et va se briser... mais elle ne se brise pas. On entend des pleurs dans ce chant. Je comprends que des gens restent insensibles au flamenco. Il y a de la souffrance, un rythme souvent très lent, proche de la lamentation. Pourtant à chaque fois, je suis touché, la voix est si belle.
9/ Nana para Rocio: très triste. Le piano appuie. Très beau mariage avec la voix de Rocio. On dirait presque qu'elle pleure. Elle renifle. Elle reprend son souffle. Très triste et puissant, beau... pour conclure sur un "Au revoir" superbe et émouvant.