"A falling star fell from your heart and landed in my eyes
I screamed aloud, as it tore through them, and now it's left me blind
The stars, the moon, they have all been blown out
You left me in the dark
No dawn, no day, I'm always in this twilight
In the shadow of your heart"


Laissez-moi vous conter une historiette, une romance très intense: elle a pour nom How Big, How Blue, How Beautiful Florence; sa phrase de promo est alléchante: Avant elle, j'ignorais tout de l'amour musical...AFTER; c'est un beau roman, c'est une belle histoire: et de fait, ma relation avec la Grande et Exquise Florence fut passionnée, embrasante, orgasmique: pendant bien longtemps, elle m'apparut comme Dieu la mère. Je lui donnai mes tripes, mon coeur, mon âme, mes oreilles, ma bouche, my lungs, en bref toute partie de mon corps apte à chanter mon amour d'elle.
Puis survint la perte de la passion, la baisse du désir; je n'aimais plus autant ses puissantes mélodies, sa voix si chaude ne m'envoûtait plus comme avant, ses textes magnifiques me laissaient désormais de marbre. La panique survint. Alors la douce Florence, tout aussi angoissée que moi, réfléchit sept jours entiers à la manière de sauver notre relation; enfin, au matin du huitième jour, elle avait trouvé la solution: elle allait partir, courir les contrées, parcourir le monde, consulter sous tous les cieux les plus grands mages, les plus illustres poètes, les plus éminents savants, et avec leur aide, produire ce que j'espérais le plus ardemment: un nouvel album. "Tout aussi bien que les deux premiers, si ce n'est mieux !" me promit-elle avant d'enfourcher son fougueux cheval noir et de galoper au loin, jusqu'à disparaître derrière le soleil couchant.
Je passai deux ans à me morfondre en haut de notre majestueuse tour, enfermée nuit et jour dans la superbe chambre qui accueillit autrefois tous les témoignages de notre tendresse mutuelle,refusant pratiquement toute nourriture; parfois, durant mes longues nuits d'insomnies, je collai mon front à la fenêtre et scrutai le paysage avec une avidité désespérée, attendant vainement son retour.
Puis, par un beau matin de juin, je distinguai à l'horizon...c'était impossible, étais-je en train de rêver? Mais non, c'était bien elle! Venant à moi sur son fier cheval!
Sentant renaître la flamme en moi, je descendis quatre à quatre l'escalier escarpé de notre haute tour et lui ouvrit toute grande la porte, plus que jamais désireuse de voir ce qu'elle me rapportait...
Mais que vis-je alors? Ce n'était plus la Florence que j'avais connue. Flétrie et fânée par les ans, la grande dame glissa au bas de son destrier fatigué et amaigri, et me tendit sans mot dire son nouvel album, avant de gravir l'escalier du donjon pour s'écrouler sur notre lit nuptial. Je pénétrai à mon tour dans la chambre et, ne sachant que dire, je mis son disque tant attendu dans le lecteur CD et écoutai le tout attentivement.


Lorsque ce fut terminé, je sanglotai de déception: cet album n'était rien comparé aux précédents: il en ressortait une tristesse, une mollesse, une fadeur qui ne pouvaient prêter qu'aux larmes. Celle qui chantait était une Florence épuisée, perdue, qui ne semblait plus savoir que faire. Presque tous les morceaux se ressemblaient; presque plus rien ne subsistait de cette ambition, de ces envolées lyriques (quoique la voix fût toujours jolie), de cette puissance musicale, de ces paroles si délicieusement mystérieuses qui m'avaient tant fait virevolter dans les deux premiers albums. Bien sûr, tous n'était pas perdu; il restait, au milieu de cet océan opaque et sombre où semblait s'être perdue mon aimée, des morceaux dont les mélodies étaient belles et touchantes, et où sa voix triste m'arracha des larmes d'émotion véritable (Long & Lost), d'autres où une certaine énergie, voire même hargne, se faisait ressentir (What Kind of Man, ou Ship to Wreck et Delilah dans une certaine mesure), d'autres encore où perçait une agilité, un rythme, des piques vocales qui me firent esquisser le plus doux des sourires (Make up Your Mind, Hiding, Witch Witch), mais même elles ne surent pas me transcender comme d'autres chansons plus vieilles avaient su le faire. Pas de tressaillement véritable, pas de ravissement.


Que lui est-t-il donc arrivé? A-t-elle traversé des épreuves si ardues, relevé des défis si pénibles, surmonté des adversités si épineuses, pour me revenir en si petite forme? Elle semblait pourtant heureuse de m'offrir son nouvel opus, persuadée que cela me plairait...
Allez, je ne lui en tiendrai pas rigueur. Je vais la laisser dormir, en espérant que de ses rêves sortira quelque chose de nouveau, de plus original et énergique...


Ceci est une histoire d'amour qui a duré, et qui, pour ce que je sais, dure toujours. J'ai été désappointée, très désappointée, mais je sais être patiente, j'attends qu'elle me revienne, j'espère que nous pourrons nous aimer comme autrefois. Mais j'ai confiance en elle sur ce point. A plus tard, douce Florence...


ci-joint, un échantillon de la Grandeur de la Dame:
https://www.youtube.com/watch?v=am6rArVPip8

DanyB
5
Écrit par

Créée

le 26 mars 2017

Critique lue 217 fois

1 j'aime

Dany Selwyn

Écrit par

Critique lue 217 fois

1

D'autres avis sur How Big, How Blue, How Beautiful

How Big, How Blue, How Beautiful
Edith_Matthey
9

Histoires de Sirènes

Comme quand on reste longtemps la tête sous l’eau. Le regard vide, un peu perdue, vous vous demandez si vous avez bien fait d’avoir tenu aussi longtemps. Ou si vous avez bien fait de remonter à la...

le 19 juin 2015

9 j'aime

4

How Big, How Blue, How Beautiful
Thibox
9

Maybe I’ve always been more comfortable in chaos.

Plus de trois ans sans album, c'est long...très long mais ce troisième opus est enfin là, Florence et sa machine sont de retour avec un album très attendu par tous. Avec ses nombreux producteurs dont...

le 5 juin 2015

5 j'aime

2

Du même critique

Assassination Nation
DanyB
7

Ecran de fumée

Cette critique ne fera d'"Assassination Nation" qu'une analyse partielle: certains aspects ne seront que peu explorés, même si tout aussi intéressants: parmi eux, on peut mentionner le côté très...

le 2 janv. 2019

24 j'aime

2

La Peste
DanyB
9

La condition pestiférée...pardon, humaine

Ce que j’aime bien avec Camus, c’est sa façon, sur un ton neutre et avec des mots simples, de nous dire la vérité. Cette vérité, on avait pu la soupçonner auparavant, mais sans forcément parvenir à...

le 2 avr. 2018

20 j'aime