Titre faisant référence à… oh je suis sûr que vous l’avez.


Une petite critique pour un morceau surprise qui débarque de nulle part après son album QALF. Album qui a beaucoup divisé la foule, accusant le rappeur belgo-congolais, de trop s’éloigner du rap. Si bien qu’il ne pouvait exister seul : il fallait une suite. Damso a été assez silencieux pendant cette période. Un silence qu’il va soudainement briser en lâchant ce single inédit, sans même l’avoir annoncé. Il nous lâche son morceau pour annoncer son retour le 28 du mois, mais aussi pour lui, comme on peut le comprendre avec ce titre : J’avais juste envie d’écrire. Un titre très sobre, très simple qui nous indique que c’est William Kalubi qui va s’adresser à nous et non Damso. En guise de clip, nous n’avons droit qu’à un plan en plongée zénithale sur une île, un clip très simple encore une fois, sans fioritures. C’est une Terre que Damso va petit à petit quitter pour prendre du recul sur la situation. Il n’y a pas vraiment de fil rouge dans ce morceau qui va tout simplement lui servir d’exutoire. Ainsi, il va mettre en évidence tous les maux de notre société mais également tous ses maux et ce sur une très belle instru d’Iman Beats constituée d’une mélodie, qui va se répéter durant le morceau avec quelques différences, jouées au piano aux notes mélancoliques et graves, la plupart du temps. En effet, les dernières notes sont à chaque fois plus aigües. Peut-être que l’on peut comprendre cela comme une note d’espoir. De plus, dans cette mélodie, les notes vont toujours évoluer progressivement vers les aigus, certainement pour retranscrire cette sensation d’élévation présent dans le clip. Le piano est accompagné par moments d’un son (oui je dis son, parce que je ne sais pas comment le définir). Un son constitué de trois parties bien distinctes, puisque l’on entend une sorte de rupture dans l’instru. C’est un son assez intriguant, on passe rapidement du grave aux aigus et on change rapidement de nuance. Peut-être une manière de représenter l’esprit torturé de l’artiste. Enfin, on peut également noter la présence de réverbération tant dans la prod que dans la voix. Une voix tantôt parlée et tantôt chantée mélodiquement pour des paroles, signées Dems, comme il aime le rappeler et écrites de sa plus belle plume...


J'te préfère avec une balle dans la tête au moins j't'écouterai plus raconter ta vie (ça c’est pour Donatien)
Un col blanc veut pas dire qu't'es un mec bien, des pédophiles s'cachent derrière l'eucharistie


William commence son exutoire en tapant sur ses congénères qui le dégoûtent : ceux qui font preuve d’un égo surdimensionné à raconter leur vie à tout bout de champ. La réponse du rappeur est violente et crue, une balle dans la tête, la mort. Les pédophiles seront évidemment visés dans ce morceau. Il va reprendre le célèbre adage de l’habit ne fait pas le moine. Expression qui portait déjà ce même message. Dans la seconde partie du vers, il utilise le mot Eucharistie : un Sacrement important du Christianisme. Ce serait donc la religion chrétienne en elle-même qui serait visée. Julien est décidément partout...


C'que j'aime chez la mort, c'est qu'elle ment pas
Elle voit un truc qu'elle aime bien, elle prend et elle le rend pas


Ici, William personnifie la mort en utilisant les mots ‘ment’, ‘aime’, ‘prend’ et ‘rend’. La mort pour lui, n’est pas une mauvaise chose, il lui trouve même des qualités, qualités que les humains n’ont pas. Finalement, il rend la Mort plus humaine que ses congénères...


Bave du crapaud atteignant colombe
Les politiques ont fini par faire du virus leur campagne


Dans ce premier vers, William reprend l’expression suivante : la bave du crapaud n’atteint pas la blanche colombe, qui signifie que les injures les plus méprisables d’un crapaud ne peuvent perturber une colombe qui n’a rien à se reprocher. Mais ici, l’artiste va inverser les rôles. En effet, ici, le crapaud passe pour le héros de l’histoire en dénonçant les méfaits d’une colombe, d’un politique ou même d’un mec qui porte un col blanc. D’ailleurs, la colombe est un symbole de pureté et de paix biblique du Saint-Esprit… Donc, le crapaud pourrait être Damso, mais ce dernier pourrait être lui aussi la colombe, l’artiste ayant lui aussi commis des actes aux lourdes conséquences comme il le dit dans le morceau Amnésie par exemple...


J'rêve qu'j'suis Adam, qu'j'baise Ève dans un paradis où l'seul péché est d'manger un fruit
Des millénaires plus tard, des Elon, des Bezos finissent par imposer leurs prix


Damso rêve de ce Jardin d’Eden, cet endroit merveilleux où il pourrait bénéficier d’une liberté absolue et où le seul péché serait de manger un fruit. Le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. L’insouciance, l’innocence seraient donc un remède pour William. (j’adore sur-analyser) A noter qu’il fait une fois encore référence à la religion, à sa façon, c’est-à-dire de façon très crue, voire même comique. Mais bref, des millénaires plus tard, des milliardaires contrôlent le monde. Cette liberté n’est donc plus possible, puisqu’ils finissent par ‘imposer’ leur prix.


Faites de la place pour mon rap c'est tout droit
J'ai les partitions, des gyrophares et des sirènes


Damso nous dit qu’avec son rap, il ne passe pas par quatre chemins pour s’exprimer, il va tout droit en s’inspirant de sa vie et de celle des autres en utilisant les mots ‘gyrophares’ et ‘sirènes’ qui peuvent faire référence à des arrestations musclés aboutissant parfois à des bavures policières. A noter qu’il accompagne ces mots avec ‘partitions’ dans le même vers : ces trois mots auraient donc un lien entre eux : il utilise les sirènes et les gyrophares comme notes qu’il va lire sur sa partition.


Si j'baise une pute, est-ce que j'te trompe ou pas?
Mon âme est sincère mais mon corps est infidèle


Ici, William marque une différence entre l’âme et le corps, les deux n’étant plus liés, pensent différemment et l’un arrive à prendre le dessus sur l’autre. Et là, c’est son corps qui agit machinalement, dénué d’âme et, par conséquent, dénué d’émotions. Aussi, dans ce passage, il se pose cette question : ‘si j'baise une pute, est-ce que j'te trompe ou pas?’ La pute ne serait donc qu’un corps pour le rappeur, elle aussi dénuée d’émotions. Damso se compare donc ici, à une pute…(ouh)


J'te ferai un Vie même à deux doigts d'mourir, mon avenir n'a prévu aucun décès, gang
J'suis tellement loin que même les bruits qui courent se sont arrêtés, Dems


Ici, Damso, expose sa réussite en tant qu’artiste. En effet, il fait d’abord référence à son gimmick, le ‘fais moi un Vie’. Son avenir n’a prévu aucun décès, puisqu’en tant qu’artiste, il continuera d’exister après sa mort. De plus, il a tellement réussi que les rumeurs à son sujet ne le touchent même plus et se sont même arrêter. Il dit aussi, qu’il restera le même : même à deux doigts de mourir, ces derniers lui serviront à réaliser son ultime Vie.


La voix de la sagesse est muette, elle parle en langage des signes
Je distingue un majeur qui traverse un rond fait d'un pouce et d'un index qui s'agglutinent


Dans le premier vers de ce passage, Damso, nous dit clairement que la sagesse ne peut pas être entendue et devient par conséquent futile. Mais, on pourrait y voir une autre interprétation : la sagesse n’a pas besoin d’être audible, seuls les actes importent. Et le second vers est en parfaite cohésion avec le précédent, puisqu’il est très imagé. Damso retranscrit par écrit, les signes qu’il distingue. Un signe obscène: la sagesse se jouerait-elle donc de nous ?


J'ai vu dans ton regard ce que les gens appellent "néant"
Un adieu à chaque "au revoir"
Désolé du retard, j'ai mis du temps dans les océans à noyer ton désespoir
Les narines enflées par substance faisant ressurgir ce sentiment
D'être une pute qui n'sait pas c'qu'elle fait sur le trottoir
Il n'y a pas assez d'essence dans l'réservoir pour aller jusqu'au bout de tes peines
Car elles se cachent derrière ton miroir


Certainement, mon passage préféré du morceau. Nous pouvons nous demander qui est la personne à qui il parle dans les premiers vers. La fille d’Amnésie ? Sa mère ?


« Je te dis à demain mais bon, dans tout regard il n’y a plus de résistance »


Ou peut-être quelqu’un d’autre. Dans tous les cas cette personne a le regard vide et souffre profondément. Et il le montre lors du prochain vers quand il parle de désespoir. Un désespoir qu’il essaye de détruire, de noyer dans les océans : ces derniers montrent l’immense place que prend ce désespoir et qu’il est presque impossible, par conséquent, d’y arriver. William y est parvenu, mais, en faisant ça, il a perdu du temps… Une situation complexe que le rappeur préfère oublier à l’aide de drogues, de substances. Ces dernières lui permettent de cesser de penser : il ne sait plus ce qu’il fait. En effet, il fait à nouveau référence à la pute et se compare à elle, même. Il n’a plus d’âme et n’est qu’un corps. Enfin, lors des derniers vers, il explique qu’il a essayé de noyer un désespoir en vain, puisqu’il ne peut pas atteindre ces peines les plus profondes, puisqu’elles se cachent derrière notre miroir. William fait donc allusion à notre reflet et montre que notre plus grand ennemi, notre plus grande peine, c’est nous-même et que nous sommes les seuls à pouvoir noyer notre désespoir. En effet, les autres ne peuvent pas atteindre nos souffrances et nous aider, alors que pourtant, pour nous, elles semblent si proche, mais on ne les voit pas… Elles se cachent… Donc, voilà on retrouve cette bonne ambiance si chère à Damso dans ce morceau et ça fait plaisir…


Vie
Poésie
Poésie
Poésie
Trou noir


Là, après avoir lâché son dernier Vie, il va nous rappeler que le rap est avant tout de la poésie. J’avais juste envie d’écrire, est un très bon morceau où Damso va se confier et en même temps annoncer son retour : en effet, à la fin du clip, apparaissent des points de suspensions, une ponctuation qui indique qu’il n’en a pas fini et que la suite arrive. Enfin, le morceau au couplet unique, se termine par un étrange ‘Trou noir’. C’est peut-être, selon moi, également un moyen pour lui d’annoncer son prochain album QALF Infinity et plus particulièrement sa pochette :


« Quand t’arrives au sommet, tu t’aperçois qu’en bas, c’est juste un trou noir, mais coloré »


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le 13 août 2021

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