With The Beatles
6.9
With The Beatles

Album de The Beatles (1963)

John:


Je crois que personne ne se rendra jamais compte à quel point nos séjours allemands ont façonné notre succès actuel, assez fulgurant je dois avouer. Cela dit, il me semblerait assez sain que tout le monde s'en foute… Qui sait ce que nous ferons dans six mois ?


Paul et moi, notre rêve, au départ, c'est quand même de constituer un duo de compositeurs pour faire chanter les autres.


Hambourg, mine de rien, et avant qu'on rencontre Brian (avec qui je suis parti faire une petite virée en Espagne, d'ailleurs. Je suis sûr qu'il avait une idée derrière la tête, l'animal) c'est Astrid qui là-bas a inventé nos coupes de cheveux dont tout le monde nous rabat les oreilles (expression qui colle bien au propos, by the way) depuis des semaines, ce sont les "exis" qui ont introduit tous ces thèmes curieux dans nos chères têtes blondes rock'n'rollienne, et qui influencent de plus ne plus nos compos.


Pour en revenir au duo qui œuvre dans l'ombre, je suis persuadé que c'était une idée d'enfer en fait. Parce que l'espèce d'hystérie qui se développe partout commence un peu à me terroriser.
Heureusement que personne ne sait que je me suis marié, et encore moins que Cynthia à mis au monde Julian. Ça me donnera un point d'ancrage stable dans toute cette folie.
Si j'arrive à les voir de temps en temps.


Paul:


OK, on enchaîne les n°1. Y a eu "from me to you" et "she loves you" et on fourmille d'idées avec John pour continuer à battre le fer. On joue tous les soirs aux quatre coins de la Grande-Bretagne, on a fait plusieurs télés, on multiplie les passages radio, on enregistre des morceaux tous les mois et dans ce tourbillon je sens bien que deux ou trois trucs sont plus importants que les autres.


D'abord je sens que ce sont les albums qui prennent le pas sur les singles. C'est pour ça que j'ai voulu qu'on soigne particulièrement celui-là. Chaque disque pourrait être le dernier, je tiens à ce que notre travail soit irréprochable. Cette fois, on a eu plus de 12 heures pour le mettre en boîte et c'est bien sympa.


J'ai rencontré cette fille sensas', l'autre soir, Jane, qui appartient à la haute de Londres et le courant est vraiment passé. Elle est pas comme les autres, en tout cas. Et elle me prend pas pour un pèquenot de Liverpool, et j'ai adoré ça.


En parlant de Londres, où il se passe tant de trucs passionnants, on est allé voir ce groupe, l'autre soir, les Rolling Stones, et on leur a pondu un morceau comme ça, en une quart d'heure, à la fin de leur set, pour les aider à décoller. Ils avaient l'air sur le cul. J'ai adoré leur chanteur, Mick. Pour pas complètement gâcher (on sait jamais) on l'a aussi offert à Ringo pour qu'il la chante sur notre nouveau disque. Il avait l'air ravi.


Ringo:


Les copains ont décidé de me faire chanter au moins une chanson par disque dorénavant, tant qu'on fera des disques. Ils sont sympas. C'est fun. Putain, j'aime le tournant que prend nos vies. Les filles qui hurlent aux concerts, l'alcool et les fêtes, la gloire, mec, la gloire ! Ça y est ! C'est parti !


J'aimerais juste avoir un peu de temps pour faire de la photo. J'adore ça. La pochette de notre nouvel album, prise dans un hôtel de Bornemouth, par Robert Freeman, dans la grande salle de bal dont on avait tiré les rideaux, m'a montré comment on fait d'une seconde un moment d'éternité.


Y a juste que j'aimerais bien un jour de repos, ici ou là. On joue dans les grandes salles maintenant, on a arrêté les premières parties pour devenir la tête d'affiche. En août, on a dit bye-bye à la Cavern, et tu sais quoi ? C'est pas un mal. Un repère de midinette fan de Pete Best de toutes façons. Ailleurs, c'est mieux: les filles sont folles de moi. J'adore ça.


George:


Y a un journaliste qui a inventé le terme Beatlemania il y un ou deux mois. Je crois que ça colle bien à ce qui se passe. Ça devient un peu n'importe quoi. Je sais pas si John et Paul ne deviennent pas un peu fous eux aussi. John, quand il dit, au cours du royal variety performance, et devant la famille royale: "dans les rangées du haut applaudissez et en bas, contentez-vous de secouer vos bijoux", je suis pas sûr qu'il réalise. Je savais plus où me mettre. Brian, en coulisse, a failli en faire une attaque.


En tout cas, côté compos, je dois leur tirer mon chapeau. "All my loving", sans rire, c'est du boulot génial. Paul t'a torché ça en quelques minutes, et on l'a mis en place en à peine plus. Bluffant.
Y a un journaliste qui a comparé "not a second time" a du Mahler. Ha ! ha !


Du coup, j'essaie de m'y mettre, mais va falloir cravacher pour arriver à leur niveau. Faut dire que mine de rien, ils font ça depuis des années maintenant. Disons que sans être au niveau, mon "don't bother me" ne fait pas trop tâche, au milieu des reprises.


Il parait que Brian a eu l'idée d'un film. N'importe quoi. Ça part un peu en vrille, toute cette histoire. Plus personne ne contrôle rien !


(Retrouvez l'intégralité des chapitres de la saga ICI !)

guyness
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le 12 sept. 2013

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guyness

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