Si Murat est un maçon, c'est une entreprise de bâtiment pré-Léon Blum à lui tout seul, sans repos ni répit. Un an après Lilith, quelques mois seulement après le DVD Parfum d'acacia au jardin, le crooner du 6-3 récidive avec A Bird on a Poire, album co-réalisé avec deux alliés. Fred Jimenez, d'abord, transfuge d'AS Dragon, partenaire de Murat depuis Le Moujik et sa femme et compositeur de l'ensemble des nouveaux morceaux de ce nouvel album. "L'idée est née il y a deux ans. J'ai fait écouter mes musiques à Jean-Louis, ça lui a plus et très vite il a enchaîné avec des textes. Et il a pensé à Jennifer."Pas Lopez. Quoique, on pourrait rigoler. Non, Charles, Jennifer Charles, la voix sensuelle et suave d'Elysian Fields, que Murat avait déjà promenée sur son Mustango. A Bird on a Poire est donc bien le fruit d'un travail à trois, Murat semblant désormais définitivement préférer la compagnie à la solitude du cow-boy auvergnat. Jennifer Charles peut d'ailleurs d'ores et déjà espérer la première marche du podium de bombe sexuelle de l'année 2004. Car sa voix est un danger public : charnelle, organique, elle vaut à elle seule tous les bikinis de l'hémisphère Sud, tous les décolletés de l'hémisphère Nord. Si Murat ne fait pas la révolution dans ses textes, il laisse néanmoins un véritable bouleversement musical s'opérer dans ses nouvelles chansons. A ce jour et de loin, A Bird on a Poire est son album le plus pop : un recueil optimiste, chaud, sucré, délicieux, avec un soulèvement de chœurs mélodiques, une insurrection du Fender Rhodes, une émeute de claviers pimpants, le tout mené par Stéphane Prin, son fidèle ingénieur du son. Le Temps qu'il ferait, avec son piano et ses chœurs radieux, est sans doute la plus chic pop-song composée en France depuis des années : spontanée, libre, pétillante, comme ces singles qu'on s'est habitués à recevoir des Mamas & The Papas, Kinks et autres Lovin' Spoonful ? et dont la découverte dans l'Hexagone constitue à chaque fois une exquise surprise. Ce qui n'empêche pas Murat de continuer par ailleurs à sillonner le paysage doux-amer dont il s'est fait le baroudeur officiel, et de signer avec Petite Luge l'une de ses plus gracieuses comptines romantiques. Trois petites minutes veloutées où Murat fredonne "De mille façons, l'amour nous met le cœur en émoi, et moi " avec une douceur à faire pleurer les borgnes.(Inrocks)


Homme de parole, Jean-Louis Bergheaud a tenu sa promesse de rendement semestriel (qui pourrait d'ailleurs devenir trimestriel) faite à  la sortie de Lilith, son copieux triple album enregistré en quatre jours. Faisant suite au dvd Parfum D'Acacia Au Jardinparu en début d'année, uniquement constitué de chansons inédites, ce nouvel opus est l'oeuvre d'un triumvirat de vieille connaissance. Toujours associé au bassiste suisse Fred Jimenez, son alter ego depuis Le Moujik Et Sa Femmequi signe là  toutes les musiques - une première dans la discographie de l'Auvergnat, qui se laisse ainsi déposséder d'un domaine jusqu'alors réservé -, Murat retrouve ainsi Jennifer Charles, la muse newyorkaise de Mustangoqui prête ici sa voix suave sur les douze plages de A Bird On A Poire- titre aussi improbable que drôle, référence au A Bird On A Wire de Leonard Cohen dont il a adapté en son temps Avalanche IV. Le résultat, simple, immédiat et souvent imparable, donne à  entendre un formidable mariage à  trois, où chacun tire le meilleur de l'autre. Au point que les compositions aux accents 60's de l'ancien A.S Dragon ne pouvaient rêver pareils interprètes, et inversement. Témoignant de cette complicité artistico-relationnelle, quelques chansons sont déjà  à  verser au tableau d'honneur d'une année qui aura rarement été aussi féconde en France. Entre swings immédiats (Le Temps Qu'Il Ferait, Tu N'Auras Pas Le Temps), slows lascifs (French Kissing, Elle Était Venue De Californie), douces aubades (A Bird On A Poire, Gagner L'Aéroport) et travail chiadé sur la langue française (Mashpotétisés, dont le texte mériterait une publication in extenso), ce disque récréatif est le pont rêvé entre l'Auvergne et la Californie. Ne vous reste plus qu'à  gagner l'aéroport. (Magic)


Murat aime les femmes, on le sait. Mylène Farmer (duo désenchanté), Isabelle Huppert (amour courtois), Camille (balade au jardin d'accacia), PJ Harvey (hommage malouin). Et Jennifer Charles. La belle d'Elysian Fields a littéralement envoûté le pâtre auvergnat. Déjà présente sur "Jim" (album "Mustango"), la voluptueuse new-yorkaise partage ici le micro sur l'ensemble de l'album. Murat s'est chargé des textes et Fred Jimenez, fidèle accolyte depuis "Le Moujik et sa Femme", des délicieuses mélodies pop. Le mariage à trois fonctionne à merveille. Une sorte d'idylle pop à la "Jules et Jim". Murat, le fin lettré, et Jimenez, l'orfèvre discret, se font la courte échelle pour atteindre le balcon de la belle, qui regarde ce petit manège amoureux avec amusement. "Mon pauvre ami, vous bandez trop", sussure cette dernière, le sourire aux lèvres, sur "Monsieur craindrait les demoiselles". Les deux amants ne se découragent pas et rivalisent de passion pour séduire la "reine des prés". A Jimenez, les chœurs façon Beach Boys ("Monsieur craindrait les demoiselles", "Gagner l'aéroport"), l'entrain acidulé de "Mashpotétisés", le slow langoureux de "French Kissing". A Murat, la prose énamourée ("Elle était venue de Californie", superbe, "Petite luge"). Clins d'œil, signes de la main, souffles courts, les joues rosissent. L'amour se tisse. Au moment où Jennifer semble céder à la cour obstinée de ses deux Frenchies, l'avion de retour l'attend, comme l'illustre le dessin au dos du disque. "A Bird On A Poire" est ainsi conçu comme une histoire, un feuilleton. Une aventure d'été à mi-chemin entre l'amour et l'amitié. Des sentiments emmêlés. Quelque chose de fort et de troublant. Alors on ne parlera pas de la pochette (trop BD ou sitcom AB Production). On n'expliquera pas le titre, une fausse piste quelque part entre Leonard Cohen ("Bird on a wire") et Magritte (l'homme à la pomme). On voudrait juste que l'histoire de ces trois-là se poursuive. Qui sait si l'été prochain ne verra pas leurs retrouvailles au Mont Dore ou au Mont Sans Souci? En attendant, on ne cesse de relire leur jolie carte postale musicale. (Popnews)
On ne peut pas dire que Jean-Louis Murat nous ait beaucoup fait mijoter avant de nous offrir ce nouvel album. Ce n’est qu’un an, quasiment jour pour jour, après la sortie de son double opus Lilith que ce CD a débarqué dans les bacs de nos disquaires préférés. Sans parler du DVD qui est sorti entre temps. C’est donc avec un peu d’appréhension que j’ai découvert cet album. En effet, après Mustango, qui pour moi marque le sommet de l’œuvre artistique de l’auvergnat, Le moujik et sa femme n’a pas manqué de passer pour un album récréatif, certes plein de qualités, mais je me rappelle de commentaires visant cette sortie : « il s’est fait plaisir ». Des morceaux plaisants, mais souvent moins recherchés. Et Lilith n’a pas vraiment levé cette impression. Et voilà donc que déboule cette nouvelle galette, A bird on a wi… euh… a poire.Et là, il faut bien l’avouer, c’est une excellente surprise. Peut-être est-ce du au fait que toutes les musiques soient de Fred Jimenez, bassiste attitré de Murat depuis Le moujik. La pâte n’est pourtant pas très différente, l’esprit “muratien” est bien présent, mais il est indéniable que ces douze compositions apportent un regain de fraîcheur, finalement très appréciable. Autre particularité de cet album, notre Jean-Louis chante en duo sur pratiquement tous les titres avec Jennifer Charles (Elysian Fields). Après les apparitions de la charmante Camille sur sa dernière tournée, ou la collaboration avec Isabelle Huppert sur Madame Deshoulières, on peut dire que l’auvergnat sait bien s’entourer. La belle Jennifer chante ici en français, avec un accent plutôt marqué, qui pourra en irriter certains, mais qui finalement passe bien, en particulier sur les morceaux plus calmes.Car les titres qui se suivent sur cet album ne se ressemblent pas. D’un côté, on trouve certains morceaux rythmés, à l’image du single “Le temps qu’il ferait”, de “Mashpotétisés” ou de “Tu n’auras pas le temps”, terriblement efficaces, aux arrangements parfois endiablés, où les cuivres éclatent dans la musique comme des bulles de joie. D’un autre côté, on trouve de très jolies balades, sur fond de guitare acoustique (“A bird on a poire”), de clavier (“gagner l’aéroport”), ou sur un somptueux lit de violons (“Elle était venue de Californie”). Cette dernière chanson est d’ailleurs illustrée dans le livret par Godeleine de Rosamel ; elle raconte la rencontre de Jean-Louis et de Jen, de l’amour qui est né entre eux, et de la tristesse de la séparation, avec un étonnant manque de pudeur, qui peut laisser l’auditeur un peu gêné de se trouver entre eux deux, à l’instar de Fred Jimenez sur les illustrations du livret. Une bonne partie des autres chansons parlent de cet amour, comme la magnifique “Petite luge” ou le morceau de fin “L’anéantissement d’un cœur”.Que dire de plus sur cet album ? Que ce n’est pas avec lui que je vais arrêter d’être fan de Murat. Il se laisse écouter en boucle sans problème, et laisse un drôle de goût mélancolique entre les oreilles et dans le cœur. Vivement le prochain album… Enfin, non, pas trop, il faut nous laisser le temps de profiter encore un peu de celui-ci, avant. (liability)
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le 5 avr. 2022

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