Au moment, où, un peu angoissé, on s'éveille chaque matin en redoutant d'apprendre l'identité de la mort célèbre du jour, soudain, on se ressaisit. On se rappelle qu'encore plus que la mort, la presse est capable d'emballement.
Ça nous revient alors, pendant 6 mois, la France ne fût plus peuplée que de prof pédophiles. Puis ce furent des volailles folles dont la grippe passait de fermes en exploitations comme les morpions sautaient en leur temps de queue de poêle et poils de queue. Avant que les suicides sur le lieu de travail ne prennent le devant de la scène, eux-même rapidement évincés par les grèves dans le service publique.


Rassurés, on fait le tri. On soupèse, on compare. Bien obligés de le reconnaitre, tous les disparus ne se valent pas. La preuve, la disparition du pauvre René lui a valu… la rediffusion d'un concert de Céline sur une obscure chaîne dont le nom ressemble à W78 ...ou TF45.


Normal.
Style, Edmonde Charles-Roux trépasse, on rediffuse un doc sur Gaston Defferre. Un guitariste des Eagles se cache pour mourir ? Mettons à l'antenne un reportage sur la fauconnerie dans le Gers.


Et ainsi donc, le concert le la donzelle, à Vegas.
L'endroit, sans doute, où monsieur négociait les cachets spectaculaires de madame, qu'il aimait dilapider le soir même dans les salles de jeu où sa calvitie turgescente faisait office de carte de visite, dorée sur tranche.


Show sur lequel je suis tombé d'en revenant de mon film du soir.
Prostré, alors, pendant de (bien trop) longues secondes.
Médusé.


C'est pas Dion possible !


Cette grande escalope pas (bien) née se trémousse sur une scène aux dimensions pharaoniques avec un manque de naturel et de grâce que seul Johnny peut lui envier. Si peu d'intégrité et d'identité dans un seul corps force le respect, en même temps que les portes de la décence.
Imaginez votre ado complexée qui se lâche maladroitement devant son miroir, soudain propulsée au milieu de 30 ou 40000 fans en délire.
Une fille dont on se rappelle soudain que le point culminant de sa carrière artistique a été une collaboration avec JJ Goldman, ce qui donne une soudaine notion de spéléologie.
Une bête de scène qui n'a rien d'animal.


La sidération, comme les décibels, est donc survenue par vagues malsaines.


Le coup de grâce est sans doute venu de la disposition de la scène.
Tout était fait pour que chacun, dans l'assistance, puisse admirer la démarche aviaire de la diva gâtrice. Quelques corps huilés secouant leurs formes avec une synchronisation trépidante et déprimante, autour de la dinde premier choix, mais aucune trace de musiciens. Les pauvres, à y regarder de plus près, s'exprimaient tristement au fond de fosses lugubres dont seuls les sommets de leurs chevelures dépassaient le niveau du sol, sporadiquement, au rythme vide de mélodies inhabitées. Les douves débordant de gueux besogneux, la princesse-dragon pouvait inonder la foule de ses flammèches disgracieuses avec la légèreté du soldat à lance-flamme de la wehrmacht découvrant la portée de son nouveau joujou.
Une gentille prêtresse du mal nourrissant ses mignons gloutons et avides, faisant dion de son manque d'âme au diable, espèce de sous Faust aux copies, même pas tellement Canon.
S'il s'agissait d'une actrice, on parlerait de sur-jeu et de cabotinage indécent.
Comme ce n'est que du mauvais jeu de rôle, on évoque juste un jet raté sur un dé cent.


En tout cas, la mise en scène ne laissait planer aucun doute: nulle question de musique ici, seuls comptaient le show et le tapage.


Oui, mais elle a une belle voix !
… me rétorque-t-on souvent quand la légitimité artistique de la québécoise devient un glaçant sujet de conversation. Non seulement sujette à caution, cette remarque rappelle simplement que si certaines personnes aimaient vraiment la musique, ils sauraient que la planète est peuplée de virtuoses en tout genre qui n'ont absolument rien à offrir au plaisir des oreilles de leurs contemporains.


Je ne dis pas que les fans de Céline ont du persil dans les oreilles ou du saucisson sur les paupières. Je dis juste que les pauvres (qui sont peut-être en train de me lire et que je salue sincèrement) n'ont pas eu la chance de naitre à la bonne époque et n'ont sans doute pas dû disposer de mamans (ou papas) munis du discernement artistique nécessaire. Certains naissent en temps de guerre, d'autres pendant les 30 glorieuses, on ne choisit pas. Les traumas infantiles sont en tout cas parfois diablement bien déguisés.
Que la donzelle ait vendu 230 millions de copies dans le monde ressemble à s'y méprendre à un ode à la dématérialisation.


René et Dion. Céline et Angélil. Le dieu du ridicule, en fin de compte est miséricordieux: il aurait pu s'appeler Louis-Ferdinand, elle aurait pu se prénommer Eve.
Un peu cramée par la fin brutale de sa relation incestueuse avec son mari-manager, il serait quand même dommage que Céline prenne sa retraite de roussie. Sans leur poulette rousse, certains clients de casinos seraient obligés de s'adonner à la roulette russe. Choisir entre bandit manchot et show de bandit est sans doute trop cruel.

guyness
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le 22 janv. 2016

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