Americana
6.4
Americana

Album de Neil Young et Crazy Horse (2012)

Le vieux Neil ne débande pas ! Oubliant toute notion du temps, le vieux Loner se mêle entre 1975 et 2010 et sort des LPs (oh le bel anachronisme, déjà!) complètement délirants en ce début de siècle ! Fork in the Road ('10), Le Noise ('12), Americana ('13) et Psychedelic Pill ('13) se suivent à un rythme essoufflant, une véritable leçon d'humilité pour tous musiciens contemporains qui ont à peine le tiers de l'âge du Canadien. Aurait-il retrouver un stock de stupéfiants entre les franges d'un costume d'il y a 40 ans ? Peut-être, peut-être pas, mais en vertu de son inépuisable inspiration (et du titre de son dernier record), la piste est drôlement suspecte...

...mais peut-être aussi que Neil Young n'en a plus rien à foutre, tout simplement. Ayant tout fait, tout accompli, le vieux Neil veut peut-être juste s'amuser, sans considération de l'éventuel qu’en-dira-t-on. Cette piste aussi est sérieuse mais qu'importe, le résultat est le même : Neil Young exulte comme jamais. Inégale, sa récente discographie ose comme aucun autre de nos jours. Les quatre opus tirent à gauche, à droite, au centre et par en-dessous tout en même temps et fait mouche à de nombreuses reprises.

Au centre de la récente croisade de l'ex-CSNY, Americana propose une interprétation du folk américain début XXe, secondé dans la tâche par les Crazy Horse. La fougue de Neil ne s'étend cependant pas sur son back band. Ces derniers contrebalancent la vieillesse par un son sous stéroïde et le résultat n'est pas pour toutes les oreilles. L'auditeur averti peinera a trouver quelconque réjouissance dans ce ramassis informe de notes, de fausses notes et d'amateurisme quasi collégial. Le groupe joue sur l'album son pire rock de son histoire, sa technique proche d'un "Game Over" au jeu Rock Band en mode Easy.

L'autre auditeur par contre, moins soucieux de la virtuosité que de l'énergie, entendra une intensité peu commune, quasi héroïque d'une telle bande de grand-pères. L'ampli est à 11 d'un bout à l'autre d'Americana. Les artistes font peut-être un peu n'importe quoi de leur instrument, préférant de toute évidence remplir de fond en comble l'espace sonore que de faire du sens, mais bon sang, ils groovent à mort ! La vibe - quasi punk - ne s'aurait s'éloigner davantage des antiques chansonnettes folkloriques servant de point de départ au dérapage stylistiques.

Mais ni l'un ni l'autre des points de vue ne peuvent enlever au disque ce qui lui revient : une poignée de morceaux valant le détour, qu'importe l'emballage. Ceux-ci prouvent un Neil en pleine possession de ses moyens, quid de son groupe de studio. Clementine se démarque particulièrement, sa mélodie intemporelle et son interprétation, la plus solide de l'opus, en fait un parent proche du "single", l'un des meilleur titre des quatre derniers Neil Young.

À tenter, pour qui n'a pas froid aux oreilles. Pour les autres, Psychedelic Pill est une ordonnance davantage appropriée.
popsi_netn
7
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Créée

le 15 févr. 2014

Modifiée

le 15 févr. 2014

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popsi_netn

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