C'est un bonheur qu'on attendait plus : derrière l'argument discutable d'un nouveau "concept" comme Neil nous en pond désormais un à chaque album - cette fois, s'inscrire dans la noble tradition perpétuant la geste "folk" de l'Amérique du Nord - c'est l'éternel Crazy Horse qui renaît... Rythmique simplement pachydermique, voix approximatives, guitares sursaturées qui tricotent ses accords et ses solos tellement prévisibles qu'ils sont comme le sang qui irriguent nos veines, Crazy Horse est tout simplement - et ici, c'est divinement évident - un groupe aussi élémentaire, essentiel même que... disons les Rolling Stones des 70's l'étaient. Il faut entendre la mise en place bringuebalante et pourtant bouleversante de "O Susannah" pour toucher du doigt la magie incroyable que Neil et ses hommes déploient, avec cette assurance sereine et paradoxalement maladroite que peu d'artistes savent atteindre en toute une vie. Depuis "Everybody Knows...", ce son-là, comme un ouragan, comme un torrent, comme un glissement de terrain ininterrompu, me serre le coeur, m'éblouit, de me fait croire à chaque fois de nouveau à la puissance suprême du rock et de la guitare électrique. Difficile de penser que ce sont de sexagénaires qui braillent avec tant d'enthousiasme juvénile sur les trois quart des (excellents) morceaux de "Americana" : cette musique a le goût de la vie, tout simplement.
PS: Cela vaut la peine de noter que "Americana" nous offre en outre au moins trois "grandes" chansons qui, au delà de leur histoire chargée, feront désormais à part entière partie de la songlist parfaite de Neil Young. Saurez-vous deviner lesquelles ?
[Critique écrite en 2012]