Écouter Beautiful Rewind, c’est presque une expérience tactile. Chaque beat, chaque sample semble avoir une texture propre, une rugosité ou une douceur qui appelle un autre sens que l’ouïe. À travers ses choix de production volontairement imparfaits — distorsions légères, coupures abruptes, boucles imparfaites — Four Tet fait du son un matériau brut, presque organique. Il ne cherche pas à lisser, mais à faire sentir. L’auditeur n’est pas simplement en train d’écouter un morceau, il touche le son, il s’y frotte, il s’y heurte parfois.
Cela crée un rapport très particulier à l’album : on ne le consomme pas passivement, on le vit. Chaque écoute devient une exploration, presque une cartographie du relief sonore. Cette dimension sensuelle, incarnée dans des morceaux comme “Parallel Jalebi” ou “Aerial”, évoque la manière dont certains producteurs de dub ou de musique concrète abordent leur art : non pas comme une suite d’harmonies, mais comme un agencement de textures et de sensations. Ce que propose Beautiful Rewind, c’est une immersion : un monde sonore à arpenter, plus qu’un simple disque à évaluer.