Kiki Rockwell tisse un univers à la fois théâtral et viscéral, un conte noir livré avec une poésie rageuse et une production volontairement brute. Les morceaux les plus marquants, comme “Left for Dead”, “You Wrote the Role for Me” ou “Composure”, brillent par une narration incarnée et une tension émotionnelle maîtrisée. Les textures sonores y sont souvent minimales, mais ciselées, laissant toute la place à la voix — parfois implorante, parfois tranchante. C’est là que l’album touche à quelque chose de singulier : une forme de tragédie intime jouée sur une scène de fortune, entre les ombres d’une forêt intérieure.
Mais cette intensité ne tient pas toute la durée du disque. Certains titres (“You’re a Coward and I Know”, “Taxman”, “Highwaywoman”) laissent une impression plus terne ou anecdotique. L’écriture y reste honnête, mais moins percutante, moins habitée.
Au final, Bleeding Out in a Forest est un album cohérent, singulier, dont les sommets méritent vraiment l’écoute, même si l’ensemble reste encore en quête d’équilibre.