Les oreilles alliées de la brunette à lunettes croisée au concert et la bouche confiante du bel indie-ténébreux emballé au bar ne sauraient mentir : ce sont les conseils de ces camarades et prescriptions sous le manteau qui ont façonné le succès programmé de Clap Your Hands Say Yeah. Pas la hype, mais un bouche à oreille à l'ancienne, au mérite ; à l'image du groupe, jusqu'au-boutiste du do it yourself ayant réussi, à force de blogs et de MP3, à vendre quelques palettes de son disque avant même de poser le moindre paraphe au bas d'un contrat. Bowie, Talking Heads, New Order et à peu près tous ceux que vous voudrez : Clap Your Hands Say Yeah, premier album des New-Yorkais, est irisé de références nobles. Mais loin du ronronnement atone de l'armée des moines copistes, ces encyclopédistes-ci sont dopés par l'adrénaline de sauteurs à l'élastique, bouillonnant d'un sang à la chimie imprévisible et habités d'un indomptable vice ? la voix haut perchée et élastique d'Alec Ounsworth est un virus vigoureusement euphorisant. Diablement mélodique, leur rock est de type Velcro, et plutôt puissant ; les circonvolutions de l'épatant Heavy Metal, notamment, collent à la tête comme le sparadrap aux doigts du capitaine Haddock. D'une grande malignité, cascadeurs furibards, ces morceaux dérapent dans leur propre énergie et s'illuminent d'une ferveur pas entendue depuis, au hasard, The Arcade Fire - écouter le beau et bottant Let the Cool Goddess Rust away, puis mourir heureux. Ils font chialer les neurones aussi naturellement qu'ils remuent les couennes, se sentent tout autant à l'aise dans l'intimité confortable d'un sofa que dans les sueurs acides du dance-floor. Vous pourrez ainsi, selon vos humeurs, vous émouvoir du mur du son sensible de In This Home on Ice ou vous démettre les membres au rythme du très drôle The Skin of My Yellow Country Teeth. Le torse est fier, la tête haute, le sourire optimiste et conquérant : la bouche disait vrai, l'oreille acquiesce, et le phénomène ne fait que débuter. (Inrocks)


Sous vos applaudissements", répétait à l'envi Jacques Martin en recevant ses invités dans la ferveur du dimanche après-midi. C'est (peut-être) pour rendre hommage au présentateur du défunt Petit Rapporteur que le chanteur Alec Ounsworth et ses amis se sont baptisés du nom de Clap Your Hands Say Yeah. Quoi qu'il en soit, beaucoup moins discutable (que cette accroche) est la hype qui a accueilli leur album, déjà disponible en import depuis quelques semaines, telle la foudre envers le quidam innocent ayant frappé sans crier gare ce groupe qui n'en demandait sûrement pas tant. Une attention médiatique que la simple écoute des titres The Skin Of My Yellow Country Teeth et Heavy Metal (figurant bizarrement en face B du 45 tours Is This Love?) suffit à légitimer amplement. L'un débute par un synthé furtif, vite soutenu par une batterie jouée à toute berzingue et quelques notes cristallines, l'autre par une guitare incisive doublée d'une basse vrombissante, et les deux ont en commun ces mélodies effrénées, ces refrains échevelés et explosifs qui les rendent très vite indispensables et en font des tubes addictifs. Si Franz Ferdinand s'est donné pour objectif de faire danser les filles, CYHSY se charge de les emballer fougueusement dans un élan d'une fraîcheur imparable. Et si l'attraction n'est pas toujours aussi cinglante (l'inabouti Let The Cool Goddess Rust Away en ouverture), il se dégage de ce premier essai un enthousiasme débridé, une joie de jouer évidente, une excitation intense qui désigne les cinq New-Yorkais comme les héritiers directs et azimutés des Feelies. Un sentiment d'urgence permanente accru par cette voix nasillarde improbable, affolée, démente. Celle d'un fou chantant qui avale les syllabes comme s'il avait trop forcé sur la boisson. Une boisson pétillante qui désinhiberait le plus coincé des hommes. Du champagne, par exemple... Ou alors, pour reprendre les paroles d'autres fieffés soiffards (ayant eux aussi connu les affres du buzz à la sortie de leur premier Lp) qui décrivent idéalement l'effet procuré par ce disque : "Give me gin & tonic, I'm feeling supersonic" . (Magic)

Voilà donc enfin le mouton à cinq pattes de ce début d'année, la perle rare autour de laquelle les gorges se sont échauffées à qui mieux mieux ces derniers mois. Comme The Arcade Fire en 2005, Clap Your Hands Say Yeah est symptomatique d'une nouvelle manière de découvir la musique. Avant même que la presse ait eu le temps de se pencher sur le berceau du groupe, la rumeur s'était en effet déjà propagée comme une traînée de poudre sur le net par le biais des webzines et autres blogs. En résumé, Clap Your Hand Say Yeah, c'est, depuis plusieurs semaines, le buzz du moment, et c'est donc avec curiosité qu'on se penche sur le premier opus du quintet. Après une entrée en matière désarçonnante (un premier morceau en forme de gospel débraillé), on retrouve une pop énergique, fraîche, entraînante, de facture assez classique. Quelques morceaux sortent nettement du lot (The Skin Of My Yellow Country Teeth en particulier), mais l'ensemble séduit sans vraiment enthousiasmer. On comprend pourtant facilement ce qui a pu provoquer un tel engouement : on retrouve en effet ici, une façon volontiers brouillonne d'exécuter les chansons, un faux amateurisme accompagné d'une réelle candeur et d'une foi inébranlable en la musique, autant de caractéristiques qui avaient par exemple fait le succès de Belle and Sebastian. Hélas, trois fois hélas, au milieu d'un tableau honorable, subsiste un écueil de taille : la voix d'Alec Ounsworth peut rappeler par ses accents nasillards celle d'un Billy Corgan encore prépubère, en pleine mue ; ses déraillements à répétition, sa justesse plus qu'approximative, évoquent parfois l'organe de J.Mascis. Bref, Ounsworth chante comme le fils caché d'un ménage à quatre entre les deux précités, Win Butler et David Byrne, et c'est souvent gênant. Ses braillements vont même jusqu'à saccager totalement le final pourtant entraînant de Upon This Tidal Wave Of Young Blood. Que retenir de cette première sensation de 2006 ? Même si la teneur de cette chronique semble indiquer le contraire et surtout, si l'ampleur du brouhaha médiatique autour de Clap Your Hands Say Yeah n'incite pas à l'indulgence, soyons francs : ce premier album est un bon disque. Vraiment. On espère simplement que l'année nous réserve des surprises d'une tout autre tenue. Alors, tous avec moi : tapez dans vos mains, dites... mouais. (indiepoprock)


Ce qui frappe en premier, c’est le nom du groupe. Le rock n’a jamais été vraiment amateur de noms farfelus. Forcément, un groupe comme Clap Your Hands Say Yeah attire l’attention. N’est-ce pas formidable quand derrière ce patronyme se cache un groupe époustouflant qui offre un premier album remarquable ? Cet éponyme est une marmite pleine d’ingrédients que le groupe en vrai druide mélange comme une recette secrète. Les effets sont immédiats et durables. Une vraie surprise qui prend au cou et qui ne nous lâche plus, qui nous suce le sang jusqu’à être vidé. Ces douze éclaboussures sont éprouvantes, parce que tellement fortes, riches, captivantes. La voix bigarrée et impénitente de Alec Ounsworth, réminiscence de Daid Byrne, est un appel à l’envoûtement, à l’entêtement, aux coups de tête dans le mur. Véritablement, ces Américains fustigent une musique hors norme, aussi bien dans ce qu’elle est, que dans ce qu’elle dégage. Tous les instruments semblent troubles, comme si l’absorption d’une trop grande dose d’alcool avait rendu notre ouïe louche. Ce cirque artistique de mélange des genres et de discordance fragrante donne un aspect rare à ces morceaux. Les frénésies inintelligibles du chanteur (“Gimme Some Salt”) accouplées avec cette basse caverneuse (“Heavy Metal”) et cet harmonica pénétrant (“Details of War”) donne des débauchages soniques de la trempe du pharamineux “The Skin Of My Yellow Country Teeth”, “Let The Cool Goddess Rust Away” ou encore du possédé “Upon This Tidal Wave Of Young Blood”. Clap Your Hands Say Yeah pourrait faire penser à un salad bowl des Talking Heads, de Arcade Fire et de Neutral Milk Hotel, mais c’est tellement plus. Cette chimère est trop pervertie. CYHSY est sex, drug, rock’n’roll ; c’est un groupe qui tourmente, c’est le genre de rock qui dépucelle les veines et les oreilles. Pas pur pour un riff, ce groupe américain distille une dope musicale ahurissante. Entre le chaos, la décadence et l’illumination, CYHSY a un avenir tout à fait incertain à long terme, mais on s’en fout pour le moment, mais à un point, tant ce long effort est inhibant, entêtant, fracassé. Un des gros buzz à venir ! Un des meilleurs albums de l’année sans aucun doute ! (liability)
A en croire leur dossier de presse, Clap Your Hands Say Yeah aurait été conçu dans le ventre de la Baleine Bleue. Ses membres auraient flotté jusqu’à la terre ferme. Seuls cinq seraient arrivés vivant: Alec Ounsworth (guitare, voix), Sean Greenhalgh (batterie et percussions), Tyler Sargent (basse et choeurs), Lee Sargent et Robbie Guertin (guitare, clavier et choeurs). Admettons… Mais force est de reconnaître en écoutant le morceau d’ouverture que si cette histoire ne paraît pas tout à fait authentique, ces cinq naufragés, eux, y croient certainement! “Clap Your Hand!” est un morceau foutraque au possible comme on n’en avait plus entendu depuis le “Yellow Submarine” des Beatles. Une ritournelle entêtante sur laquelle un Monsieur Loyal vraisemblablement sous acides (et ce non-stop depuis l’âge de 5 ans) débite une litanie toute particulière, accompagné par un groupe parti en vrille comme ça n’est pas permis. En fait, on les imaginerait finalement assez bien chanter ça en sortant de la bouche d’une baleine bleue échouée sur le sable du prochain Paris Plage (allez, on croise les doigts). Quelques minutes donc pour réaliser qu’on est sur le point de se prendre une claque comme on aimerait s’en prendre plus souvent. Sauf que dès le second morceau, Ounsworth et Cie tirent une balle dans la tête de la baleine, abandonnent leur déguisement de saltimbanques et, attention Mesdames et Messieurs, revêtent leurs costumes de hérauts du rock indé.

“Let The Cool Goddes Rust Away” est un virage à 180° comme on n’a plus l’habitude dans voir au sein d’une carrière, et encore moins au sein d’un album, notamment lorsqu’il s’agit du premier. Quelques notes suffisent à donner le ton. Clap Your Hands Say Yeah condense le meilleur de Modest Mouse (”Over And Over”), de Neutral Milk Hotel, des Talking Heads (”Is This Love?”) et rappelle par certains aspects le REM des années 80 (”The Skin Of My Yellow Country Skin”). La maîtrise dont font preuve ces cinq musiciens américains est impressionnante. Au moins autant que leur capacité à se réapproprier ces sonorités, à les ingurgiter et à en retirer un son bien à eux. Mais la force de CYHSY (prix de l’anagramme le plus imprononçable de ces dernières années) réside dans la voix de Alec Ounsworth. Traînante et nonchalante sur “Over and Over” (un peu comme s’il essayait de chanter en zappant les voyelles… consonne… neuf lettres… pas mieux), flottante sur le bouleversant “Details Of The War”, elle sait aussi se parer d’un sens de l’urgence déroutant quand le tempo l’impose. Une maîtrise et une diversité qui devraient faire pâlir plus d’un chanteur monocorde adepte du pathos facile et de l’émotion qui passe dans un regard de bovin.L’album finit, on se surprend à frapper dans ses mains en hurlant “YEAH”! Les enfants de la Baleine Bleue nous avaient prévenu. (mowno)

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le 27 févr. 2022

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