Daisies of the Galaxy
7.5
Daisies of the Galaxy

Album de EELS (2000)

On se souvient très bien de Beautiful freak (1996), disque avec lequel on découvrait aux commandes de Eels un genre de Randy Newman dont la musique aurait fait du bodybuilding. On se souvient aussi, deux ans plus tard, d'Electro-shock blues, album endolori qui montrait le jeune E alité, chroniqueur pas glop du suicide de sa sœur et du cancer de sa mère. Autant dire qu'on attendait la troisième livraison de Eels un tube d'antidépresseurs à la main. A tort. Daisies of the galaxy débute en fanfare. Une fanfare qui joue une marche funèbre mais qui avance, précédant l'auditeur vers la lumière d'une collection de chansons effectivement jolies. Moins fier à bras que Beautiful freak, moins lugubre et exténué qu'Electro-shock blues, Daisies of the galaxy est un disque d'expérience et de retour à la vie. Il y est question de plaies qui se referment, d'idées qui se transforment en mémoire. Attention : notre vieux jeune E n'est pas encore tout à fait prêt pour la mégateuf. C'est juste qu'il s'occupe aujourd'hui un peu moins des arrangements avec ses morts et un peu plus de ceux de ses chansons. E mêle folk-rock jazzy, country-pop à violons, post-grunge cotonneux - des styles qui ont toujours porté un voile de regrets - et les parsème de petits arrangements rigolos (cuivres, claviers, rythmes). Avec l'euphorie prudente de ceux qui réintègrent le monde des hommes après une longue absence, c'est aussi le plaisir de jouer qui apparaît. A cause de ses orchestrations à la fois pulpeuses et râpeuses et de sa voix d'alpiniste asthmatique, E évoque parfois le Beck de Mutations. Et quand son chant trouve le réconfort dans l'étreinte d'une tendre soul aux yeux bleus et mouillés, c'est Jude qu'E rappelle. En somme, E a retrouvé sa place : parmi les anges de Los Angeles. (Inrocks)


Comme un malheur n'arrive jamais seul, Mark Oliver Everett alias E, le leader binoclard de Eels a perdu sa maman au cours de l'enregistrement de Daisies Of The Galaxy, titre gravement ironique s'il en est. Déjà, avant l'album précédent, le très sombre Electro-Shock Blues, le chanteur californien avait déploré le suicide de sa soeur et appris le cancer en phase terminale de sa mère. Dans ces conditions, pas étonnant de trouver des titres aussi funestes que Grace Kelly Blues, It's A Motherfucker ou Mr. E's Beautiful Blues, le premier single qui annonce la couleur introspective d'un disque rempli de complaintes autobiographiques. Malgré ce destin morbide, les nouvelles chansons de E sont moins désolantes qu'on pouvait le craindre. Toujours aussi tordues et élégantes, certaines sont même étrangement groovy et accrochent carrément l'oreille (I Like Birds, Tiger In My Tank et, encore, Mr. E's Beautiful Blues). Entre rock intimiste et hip hop de chambre, ce disque ne respire évidemment pas la joie de vivre, mais aspire à mettre du baume au coeur à son auteur et ses auditeurs. (Magic)
bisca
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le 27 févr. 2022

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