Il n’aura fallu que 54 secondes à ce quintet suédois pour faire vibrer la petite fibre de notre âme et nous conquérir. 54 secondes, c’est le temps à partir duquel le chanteur commence sa partie.
Hällas est un groupe qualifié de rock progressif. Ça l’est en effet et dans le bon sens du terme. Ce n’est jamais bavard (suivez mon regard). On en vient à regretter la brièveté des morceaux, un comble pour du prog. Oubliez le format traditionnel couplet-refrain. Ici les chansons enchaînent ponts, interludes, changement de tempo und so weiter. Ça joue bien. On notera les interventions du claviériste qui donnent un petit côté à la John Lord à la chose ainsi que les parties de guitares harmonisées chères à notamment Iron Maiden. C’est progressif aussi par l’emploi de gammes autres que les sempiternelles patates toniques et myxolydien. Le groupe a développé un style propre bien à lui et qui amène à l’album un unité de style de bon aloi. On reconnaîtra par la suite le style Hällas dès les premières secondes d’un morceau. Ça ose aussi par moments des extravagances maîtrisées. On aura ainsi par exemple un morceau flirtant avec le kitsch-disco-synthwave que les musiciens incorporent à leur propre sauce dans leur marmite de magiciens-musiciens Le groupe qualifie son style d’« Adventurer rock ». Hällas est le nom du personnage principal de ce concept album (on vous dit que c’est du prog !), un genre de chevalier évoluant dans un univers fantastique. La pochette de l’album servira à bon escient de point de départ à toutes les rêveries nées de son écoute. La musique est aussi à cette image, épique, élégiaque et tout simplement belle.
Nous ne savons pour vous mais pour nous, ce qui fait qu’un groupe se démarque des autres c’est bien souvent le chant. La voix est sûrement le premier des instruments de musique. Certains avancent même l’hypothèse que le langage humain est apparue par le chant et l’imitation du chant des oiseaux… Dans la musique populaire actuelle, en ces temps d’âges sombres, la voix est ce qui reste de plus humain (on ne parlera pas ici d’autotune et d’autres diableries). Par la même, c’est la voix qui est la plus à même de nous toucher le plus directement, de façon viscérale, c’est-à-dire en passant par les tripes. Le chanteur d’Hällas à cette voix là, ce timbre si particulier, un peu voilé, un peu enfantin ou elfique, peu commune mais belle, une voix qui frise l’éraillement quand il la force, une voix qu’il maîtrise à la perfection dans tous les registres qu’il aborde sur cette galette. Cette voix est pour nous la cerise sur un gâteau déjà très ragoûtant. C’est qui transforme un bon album en un très bon album.
Si nous devions bémoliser un peu notre dithyrambe, nous dirions que le morceau concluant l’album est peut-être de trop mais nous ferions la fine bouche et telle n’est pas notre volonté.
Nous trépignons comme des enfants à l’idée de découvrir les prochaines aventures du chevalier Hällas.