Après avoir, pendant des années, sorti des disques de folk électronique, aux ordinateurs bucoliques (de Seefeel aux Boards Of Canada), il était logique qu'un jour, le label Warp abandonne sa carapace informatique pour révéler le bois nu : ça s'appelle le dégel, le dégivrage. Avec des artistes comme John Callaghan, le label avait déjà mis au diapason son catalogue et sa passion pour une acoustique anglaise, de Nick Drake à Vashti Bunyan. On le sentait : chez Warp, l'obédience strictement électronique et souvent instrumentale n'a jamais été un dogme, plus le fruit d'un environnement, d'une époque qui voulait que sa musique la ferme. Nick Talbot, homme seul de Gravenhurst, a visiblement lui aussi grandi avec ce folk des prairies vertes, avec Bert Jansch ou Fairport Convention.
Ses folk-songs, fragiles et recueillies, portent les morsures de ce soleil pâle. Mais comme il a grandi à Bristol avec des constructeurs de grands espaces comme Flying Saucer Attack ou Third Eye Foundation, son folk est fatalement défroqué, grand ouvert aux dérèglements, aux lancinants silences et poussées d'angoisses, savamment orchestrées par des arrangements lointains, discrets. Ou comment un folk mélancolique, aux faux airs inoffensifs et pastoraux, peut être à la fois la brebis et le loup.(Inrocks)


À l'écoute de Flashlight Seasons, très joli disque de facture archiclassique et (presque) totalement acoustique, il est indubitable que les habituels visiteurs de la maison Warp vont se demander quelle espèce de mouche exotique est venue piquer les tenanciers d'un label électronique rà©puté comme l'un des plus pointus du globe ? Disette de nouveautés synthétiques ou besoin de s'aérer les neurones, de se ressourcer, et en tant que rat des villes, rendre une petite visite aux rats des champs ? Le diptère en question, auteur-compositeur-interprète et multiinstrumentiste, se nomme Nick Talbot, alias Gravenhurst, évolue en solitaire et préfère composer dans le douillet confort de sa chambre et sur un bon vieux quatre-pistes, plutôt que d'avoir à  confronter son ego à  celui d'autres musiciens en session d'enregistrement. "Il est beaucoup plus facile de tuer son groupe en studio que de l'améliorer" est la leçon qu'il aura tirée de son expérience avortée au sein de Assembly Communications, projet sonique d'une tout autre nature (genre My Bloody Valentine). Si la tentation d'évoquer Nick Drake au sujet de Flashlight Seasonsest grande, elle est pourtant inopportune, car la qualité doucement mélancolique de ces tristounettes ballades introspectives a peu de choses en commun avec la véritable désespérance des oeuvres du grand dépressif. Non, Gravenhurst a plus à  voir avec le travail de gens comme Richard Thompson, Bert Jansch, John Renbourn, les albums acoustiques du très sous-estimé Jorma Kaukonen, de John Denver ou Dylan, rappelant ce retour à  la nature prôné pendant les 70's, feux de camp idylliques, têtes dans les étoiles... et stupides manteaux en peau de chèvre retournée compris. (Magic)
POPnews avait en son temps rendu compte du précédent album de Nick Talbot aka Gravenhurst. Un album placé sous les auspices de Nick Drake et de "Pink Moon" dont il était une sorte de copie miniature. Disque plaisant qui ne pouvait toutefois marquer durablement les esprits tant les références au modèle y étaient présentes. Qui plus est, "Internal Travels" n'atteignait évidemment pas le niveau du chef d'œuvre de Nick Drake. On découvre donc sans impatience particulière mais avec une certaine curiosité ce "Flashlight Seasons". On notera d'emblée que cette nouvelle oeuvre, après une première sortie sur Silent Age, le propre label de Nick Talbot, est finalement rééditée par WARP, structure bien plus importante. Faut-il y voir le signe d'une maturation de l'artiste ou bien celui d'une renaissance du folk anglais ? Certainement les deux à la fois et "Flashlight Seasons" semble venir à point pour le confirmer. En effet, cet album est bien supérieur à son prédécesseur. Ici, les instrumentations sont plus riches : un peu d'électronique, de l'orgue, un carillon, de l'harmonica. La guitare, bien que toujours très présente, semble plus lointaine. Elle n'est plus l'élément central qu'elle a pu être sur "Internal Travels". Quelques arpèges simples viennent soutenir des refrains bien troussés. Le chant reste, comme celui de Nick Drake, légèrement voilé. Un écho discret lui donne un surplus de profondeur. Dès "Tunnels", le morceau d'ouverture de l'album, on baigne dans un halo de douceur éthérée qui ne nous quittera pas pendant 43 minutes. Une constance de laquelle on peut extraire des perles telles que "Fog Round The Figurehead" et de jolies ballades comme "Damage II" et "The Ice Tree".

Même si l'on pense parfois à Sophia, Gravenhurst développe ici sa personnalité. Le projet de Nick Talbot prend ainsi une nouvelle ampleur pour nous offrir une pop-folk cotonneuse des plus gracieuse. Un projet en constante évolution puisque Nick Talbot pense déjà à un troisième album aux tonalités bruitistes. On l'attendra avec, cette fois-ci, une réelle curiosité.(Popnews)


Gravenhusrt : voilà un nom que nous avons simplement laissé passer quand « Flashlight Seasons » a été réédité en Juin sur le label électronique Warp. Pias (qui s’occupe de la promo en France) avait pourtant fait pas mal de propositions d’interviews, de concerts, de cds promo. Mais rien de tout cela n’a aboutit sur une écoute attentive de cet artiste. Puis on l’a vu programmé à la Route du rock, on a commencé à en parler et il a fallu s’y pencher. Voir de quoi il s’agissait. Du folk chez Warp ? J’étais, à première vue assez sceptique, et je m’attendais à un disque trop expérimental et barré. Et bien il n’y a rien de tout cela dans la musique de Nick Talbot.  Son folk est d’une imagination débordante et d’une qualité indécente. Qui peut se vanter d’écrire des chansons comme « Hopechapel Hill » ou « Bluebeard ». Très peu. Car la musique de Gravenhurst est d’une beauté trop rare. Ses folk songs n’ont certainement rien à envier à personne. Ouvertes aux modifications incertaines, aux doublements de voix, les assemblages de Nick Talbot semblent aussi fragiles que brillantes. Gravenhusrt se place directement dans l cour des grands, sans passer par la case départ. (liability)
bisca
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le 27 mars 2022

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