Free the Bees
7.1
Free the Bees

Album de The Bees (2004)

Difficile de croire que cet album a été composé après le passage au nouveau franc. Encore plus difficile de croire qu'il a été composé après le passage à l'euro. Cet album, Free the Bees, semble avoir été enregistré il y a trente-cinq ans au fond d'un laboratoire fou, dans une moiteur à la fois lourde et extatique, avec Sky Saxon des Seeds dans le studio, The Chocolate Watchband avachi sur le canapé ? et des drogues pour tout le monde. Cet album, franchement, on aurait envie d'en faire un film. Et dans le film, il y aurait des voitures folles roulant sur des routes de Californie, on y croiserait les Byrds et Tom Wolfe, mais on y apercevrait aussi cette partie cool de la Côte Est qui fait jouer à The Left Banke une divine comédie avant l'heure et accueille les Beatles dans un stade euphorique. Et puis, si l'on ne peut pas en faire un film, alors on le gardera comme album et on le fera écouter à tous les petits Anglais décidant un jour d'apprendre les bons mots en "age" (garage, vintage), tant sa production est emblématique de cette glorieuse époque. Jadis fidèles à leur île de Wight, Paul Butler et Aaron Fletcher se sont cette fois-ci déplacés (dans la joie) aux studios Abbey Road et en ont profité pour s'offrir une formation qui s'apparente davantage à un orchestre dodu et luxurieux qu'à leur ancien petit groupe, responsable, il y a deux ans, du déjà chouette Sunshine Hit Me. Devenus une véritable fanfare psychédélique, The Bees butinent le nectar partout : mélodies pop, rythmes reggae et soul languissante composent le fastueux fouillis de ce prodigieux second album, érigé sur des cascades d'orgues Hammond, de cuivres bouillants et de chœurs chaleureux. En somme, des délicieuses petites piqûres d'abeilles. (Inrocks)


Free The Bees? C'est en effet le slogan que l'on avait envie d'entonner à  l'écoute des premières productions du binôme formé par Paul Butler et Aaron Fletcher, chargées de références dont le nombre et la diversité ne dissimulaient qu'imparfaitement le caractère convenu et engoncé. Comme leurs confrères de The Coral, ces abeilles laborieuses semblaient souffrir des défauts inhérents à  leur enthousiasme primesautier et juvénile et surtout d'un manque criant de bonnes chansons. Problème en grande partie résolu à  l'écoute de ce second album qui, sans atteindre l'altitude de croisière du Magic And Medicine de leurs rivaux, décolle cependant à  plusieurs reprises nettement au-dessus du sol. Les deux premiers titres, These Are The Ghostset le single Wash In The Rain, brassent ainsi à  grands renforts de claviers vintage les sonorités psychédéliques 60's avec une insouciance qui n'exclut plus la maîtrise. Une fantaisie tourbillonnante qu'on retrouve également sur quelques-uns des derniers titres, One Glass Of Water notamment. Comment ne pas regretter alors que le ventre mou de l'album ressemble à  s'y méprendre à  la bedaine saturée de graisse d'un vieux roadie des Stones, ventripotent et velu ? Comment pardonner à  The Bees ces boogies au cul de ces instrumentaux complaisants quand on les voit, quelques minutes plus tard, capables de folâtrer à  nouveau dans les verts pâturages de la campagne anglaise ? Simplement en se disant qu'après tout, ce groupe qui possède déjà  de l'énergie à  revendre et quelques mélodies flamboyantes pourrait bien découvrir la constance dans l'effort à  l'occasion de son prochain album. (Magic)
En 2002 paraissait un gentil petit album intitulé “Sunshine Hit Me”. Le groupe en question était les Bees, le tandem des rigolos Paul Butler et Aaron Fletcher, de sympathiques paysans de l’île de Wight. Un disque éclaté évoquant les farces de comiques troupiers parfois pénibles de leurs amis les bêtas du Beta Band. Deux ans plus tard, tout le monde avait oublié cet agréable interlude musical, parfum évaporé d’une époque où les groupes anglais, la britpop éteinte et le néo-rock and roll pas encore totalement allumé ne savaient pas faire grand-chose d’autre que remplir leurs disques d’un maximum de genres possibles, du calypso au jazz en passant par le psychédélisme et le folk. Arrive 2004 et un nouvel album... Dès les premières secondes, c’est un tourbillon, un ouragan. Les Bees, qui sont passés d’un duo à un groupe au look toujours aussi désolant, ont resserré tous les boulons, jeté les bagages superflus et désossé la carlingue, en poussant tous en chœur le même cri : Arrière toute ! Défilent alors orgues Hammond, Wurlitzer, cuivres, piano bastringue, solos de guitare en octaves et un son de batterie à la Shel Talmy totalement grandiose. Et tandis que se libèrent de vieux parfums capiteux (les premiers singles du Floyd, les Beatles, les Beach Boys, les Small Faces de la fin), le client déploie ses oreilles, renversé par tant de richesses. De mémoire d’homme on n’avait pas entendu un groupe sonner aussi frais dans un pareil attirail d’antiquaire depuis les La’s. Mais les La’s étaient unidimensionnels quand les Bees virevoltent et papillonnent d’un titre à l’autre. “Chicken Payback” sonne comme du Allen Toussaint, soul funky tout en reverb majestueuse. “I Love You” pratique la ballade délicate à la Brian Wilson, “One Glass Of Water” rivalise avec le Syd Barrett de “See Emily Play”, voire le meilleur des Move ou des Soft Boys. Et puis, il y a ce son. Ce bruit sale et imparfait, cette chaleur organique, cette explosion de couleurs tellement vraies... L’impression rare que cet album est fait main. Les Bees, donc, ne font pas du neuf...? La sempiternelle question, le souci des anxieux récurrents ! Les obsédés de la génération spontanée peuvent reconsidérer la situation : les Strokes font-ils du neuf ? Et les White Stripes, et les Liars, et Franz Ferdinand ? Et Steeve avec deux e, le Kurt Cobain français de “La Nouvelle Star” avec son toit de chaume qui lui couvre la face jusqu’au groin ? Quel sorte de naïf faut-il être pour penser sérieusement qu’on puisse faire du neuf avec moins de dix accords plus de cinquante ans d’affilée ? A une époque où tout a été inventé, une seule question est sensée : les Bees font-ils de bonnes chansons...? Le constat, là, est terrifiant, implacable : hormis un instrumental reggae jazzy à la sauce Hammond, “Free The Bees” ne compte pas un mauvais morceau ! Pire, tous sont des pépites ! Qui parle encore de rétro ? De réactionnaires ? Qui peut bien en avoir quelque chose à foutre ? Les Bees ne ressemblent pas à ces nombreuses références dont l’héritage pesant peut être difficile pour les épaules trop fragiles (voir Oasis). Ils en évoquent l’essence, l’esprit. C’est la différence entre ces pécores de l’île de Wight et, au hasard, le pauvre Lenny Kravitz (qui est mignon en femme, d’ailleurs) : “Free The Bees” ne recycle pas. C’est une belle plante qui a poussé sur un bon terreau, du saucisson fabriqué 100 % pur porc, et nous avons tous très faim. (Rock n folk)
Ca butine sec chez the Bees, qui livrent avec "Free the Bees", un disque des plus mielleux (ah, ah). Ca butine où? Du côté des années 60 principalement. Chez les Who par exemple, chez les Kinks aussi. Morceaux lourdingues, et influences plus ou moins assumées, voilà à quoi on pourrait résumer ce disque, si on ne s'en tenait qu'à l'essentiel. On peut quand même parler d'une poignée de morceaux plaisants, pleins de bon sens. Comme "Wash in the rain" ou l'entraînant "Horsemen", voire le boogiesque "Chicken Payback", sortis du juke-box, qui parviennent à relever un disque bien pâlichon. Les meilleurs font penser au Beta Band ("Go Karts" notamment). Malheureusement, ça ne dure qu'un temps, tant the Bees continuent à s'appuyer sur quelques tours de passe-passe douteux. L'ensemble est trop cousu de fil blanc pour vraiment faire mouche. L'essaim n'est pas transformé !(Popnews)
2002, l'année du premier opus des Bees : 'Sunshine Hit Me' qui sera rapidement oublié ; injustement ? Et alors. Paul Butler et Aaron Fletcher qui étaient seuls aux commandes de cette première tentative renforcent la formation de quatre instrumentistes pour nous soumettre "Free The Bees". Allez savoir, les abeilles sont certainement cloîtrées au bagne sur l'île de Wight. A-t-on pour autant affaire à un manifeste ? Tout tend à nous en convaincre. Mais quelles sont les revendications de ce groupuscule pacifiste ? Rien de moins qu'une renaissance des sixties. Encore des réac ? Et même si. Qu'importe la cabriole est remarquable. Alors, les Bees, où est-ce qu'on va ? C'est sans doute l'intérêt de ce disque : « No Particular Place To Go » disait Chuck Berry en 1964.

Le duckwalker ne doit pas être très loin puisque "Free The Bees" proclame sa fascination pour l'âge d'or du Rock, les années 60. On retrouve le long de ces douze pistes l'empreinte des Beatles pour les mélodies, des Beach Boys pour les chœurs et du merveilleux son analogique pour parfaire les contours. Paul Butler qui est à l'origine du groupe s'applique au mixage ainsi qu'à la production qui se veut indomptable. Oui, ça bouscule, c'est chaud et plein de couleurs, un véritable feu d'artifice qui donne envie d'être amoureux. Le disque est magnifié par un songwriting qui révèle un ensemble riche et cohérent. Seule ombre au tableau, un instrumental : 'The Russian' qui finalement ne trouve pas sa place, même en cherchant bien : un joint de trop ? Pas de quoi s'effrayer, ce titre teinté de Reggae n'entache pas la galette. Aucun risque, cette faiblesse est épaulée par onze perles pop-psyché.
La pérégrination est intelligemment introduite par 'These Are The Ghosts’, une chanson planante, qui permet de s'acclimater à l'ambiance globale du disque. Sur la route, on est foudroyé par le riff de 'Horsemen'. Ce titre est construit sur la base d'un couplet hargneux et agressif, soutenu par des guitares qui surgissent sans crier gare et par une voix sur la tangente à la limite de l'extinction et à l'opposé on a un refrain angélique : deux vers rédempteurs. Le solo, lui, est diabolique, on tient le titre Rock spontané et étincelant. Après la tempête vient le slow absolu. 'I Love You' l'incarne avec beaucoup d'élégance, une ballade douce et intemporelle sur laquelle les enfants seraient obligés, dans un monde parfait, de danser jusqu'à épuisement lors de leurs fêtes de 16 à 20h pour aller ensuite se coucher la tête pleine de souvenirs passionnés.Voilà mes trois pièces préférées mais le reste est tout aussi admirable de par la richesse que crée l'harmonie des instruments et l'énergie que dégage le groupe. 'Free The Bees' a été enregistré en trois semaines dans les studios d'Abbey Road, le résultat est surprenant. La suite ? La formation va collaborer avec Gorillaz (groupe fondé par Damon Albarn). Au fait, ça a tout de même l'air de leur tenir à cœur, alors libérez les abeilles.(indiepoprock)


Les très décontractés The Bees ont sorti ici un deuxième album au titre qui sonne comme un appel. Nous devons donc libérer The Bees. Mais de quoi ? On ne sait pas très bien au juste. De l’île de Wight d’où ils sont originaires ? De leurs influences sixties au point qu’ils sont allés enregistrer au légendaire studio d’Abbey Road ? De leur look ne néo-baba-travellers ? Sans doute cela n’est-il qu’une blague compréhensible que par les membres du groupe. Quoiqu’il en soit The Bees nous propose un second disque enchanteur et bien supérieur au premier opus (« Sunshine Hit Me ») qui avait déjà une bonne dose de fraîcheur. Pourtant à l’instar de beaucoup de groupes ces temps-ci, The Bees adopte des penchants sixties un peu trop voyant. Là où chez de nombreuses formations cela devient rapidement lassant, The Bees arrive à donner une dimension bien supérieure à leurs morceaux à ce que peuvent fournir cette foule de plagiaires éhontés. Bien que ce disque a été enregistré à Abbey Road on a plus tendance à penser aux Kinks plutôt qu’aux Beatles en écoutant ce « Free The Bees ». En tout cas le groupe de Paul Butler et de Aaron Fletcher a manifestement tout compris de ce que doit être une mélodie pop. Une pop classique teinté d’un léger psychédélisme qui garde une touche intemporelle à faire pâlir n’importe quel aficionados qui tente de recréer le son de la grande période pop des années 60. D’un certain côté ce n’est pas fait pour nous rassurer vraiment. Est-ce que c’est vraiment cela que l’on veut ? C’est à dire une mouvance nostalgique qui n’arrive pas à se dépêtrer d’un héritage sixties qui commence vraiment à être lourd à porter. Au mieux il arrive ce qu’il arrive avec The Bees : des albums d’une très bonne qualité voire lumineux mais qui ne se démarquent guère par leur originalité. Ne nous voilons pas la face « Free The Bees » est un très bon album, l’un des meilleurs de ce que l’on a entendu ces derniers temps dans ce genre-ci. Cependant, même si on prends beaucoup de plaisir à son écoute, cet album laisse un goût un peu amer. De celui qui laisse à penser que des types aussi talentueux que ceux de The Bees ne donnent pas toute la mesure de leurs capacités et qu’ils sont sans doute dans la mesure de sortir un disque qui soit moins référentiel que celui-ci. En attendant ce probable chef d’œuvre on se contentera de ce « Free The Bees » qui reste malgré tout d’une grande qualité mélodique. Et croyez bien que ce n’est pas donné à tout le monde.(liability)
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le 19 mars 2022

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